Ce matin, je quitte l'hôtel de bonne heure. J'ai la journée pour visiter la capitale Slovène, puisque mon train pour Gospic, en Croatie ne part qu'à 18h30. Je ne mesurerai les conséquences du choix hasardeux de ma destination que bien plus tard dans la nuit.

Ljubljana est une ville modeste et paisible, ou vivent 280 000 habitants. Dans le centre, de nombreux bâtiments baroques datant de la Renaissance, et d'autres, plus récents de style Art nouveau, s'intègrent joliment au milieu de multiples jardins et forêts. La cité est dominée par le Ljubljanski Grad, une ancienne forteresse du XIIe siècle, bâtie au sommet d'un piton rocheux. Malheureusement, la place principale est intégralement fermée pour travaux, mais la promenade le long de la rivière Ljubljanica est superbe.

Je quitte la Slovénie comme j'y suis entrée, en train et de nuit. Ainsi, je franchis ma quatrième frontière et atteint, vers 22h, la seconde capitale de ma journée : Zagreb, deux heures d'arrêt. J'entreprend un tour express de l'hyper-centre. Le vendredi soir, la jeunesse croate est de sortie. Sur les terrasses, les bancs publics, et même sur les pelouses malgré un froid polaire, elle s'amuse en buvant. De grands parcs succèdent à de longues avenues piétonnières, et j'apercois quelques uns des plus beaux édifices de la ville : la cathédrale Saint-Stéphane, le musée Mimara, ou le Théâtre National.

J'arrive à Gospic à 2h45 : la gare est minuscule, comme doit l'être la ville. Je me retrouve seul dans la nuit, faiblement eclairé par un lampadaire minable qui peine à percer le brouillard. Il est hautement improbable de trouver un hôtel dans ce trou, à cette heure, et il fait bien trop froid pour camper. Je n'ai donc plus qu'à marcher, sur la route qui file au sud-est, jusqu'au lever du soleil.
J'ai déja dû marcher environ six heures depuis le matin. Malgré la fatigue et les douleurs, j'égrène les bornes kilométriques et les heures. A la lueur de la pleine lune, je devine, tout autour de moi, de hautes montagnes, et de vastes étendues d'eau. A 6h, lorsque l'aube commence a poindre, j'ai parcouru dix kilomètres et mon sac est constellé de givre. Lentement, au rythme de mes pas, le paysage s'illumine ; il est sublime. Je longe une vaste vallée parsemée de lacs encore sous la brume et les montagnes, majestueuses, sont recouvertes d'épaisses forêts rougies par l'automne. J'apprendrai plus tard que j'arpente le parc national des lacs de Plivitce, classé par l'Unesco : choix judicieux.
A 8h, le jour s'est levé et j'atteint une entrée d'autoroute, où je me poste en attente d'un aimable chauffeur. Miraculeusement, dix minutes plus tard, la première voiture que je vois s'arrête : Carlo, pompier débonnaire d'une quarantaine d'année, a fini son service et rentre à Zadar. Quand je lui raconte ma nuit, il me traite de fou : j'acquiesce. Puis en pénétrant un long tunnel, il m'explique en riant que l'on quitte l'hiver pour l'été. Et en effet, cinq kilomètres et cinq minutes plus loin, le thermomètre est remonté de 10 degres ! La vue sur l'Adriatique, dans laquelle vient mourir le massif karstique en une multitudes d'iles rocheuses, est splendide.
Mon ami me dépose à la gare routière, d'où il me faudra encore une heure de marche pour atteindre, épuisé, l'auberge de jeunesse. Enfin, vers 11h, je m'écroule pour une longue sieste salutaire.
11 commentaires:
Une petite promenade de nuit dans le froid? ça a l'air sympa ton voyage...
J'imagine que la nuit fut aussi longue que l'aube fut magique en découvrant les montagnes au détour du brouillard.
moi, j'ai été voir la plage des cocotiers, par 36°C, belle mer bleu, sable fin blanc. On ira y faire un tour dans quelques mois!
Ca ne serait pas drôle si c'était trop facile... Quant au cocotier, j'attend ça avec impatience !
Une petite pensée pour toi, j'espère que cette nuit tu es bien au chaud!
Des bisous
si ça te dit, j'ai des amis à Split et à Korçula, l'île de Marco Polo. Veux-tu les coordonnées ? Tu vois cette côte adriatique, c'est là que nous nous amusons à la voile. mais quand il fait plus chaud !
Alain
au train ou tu enchaine les kilomètres tu sera bientôt au soleil, et pourra toi aussi nous narguer avec autant de degrés...
Sur que si tu gambades si vite tu seras bientôt de retour, je t'embrasse pourri
Merci Alain, mais je suis deja a Dubrovnik ! J'aurais aime voir Split ainsi que Mostar, mais je dois faire des choix... Meme ce vieux Marco, en son temps, n'a pas tout vu !
Dobardan Kam'rad ! Quelque chose t'attend ailleurs pour filer à cette allure grand sport ?
Alain
Dobar dan, Alain ! L'equation est simple : L'Europe, c'est cher ; plus je vais vite, plus je vais loin...
A cette allure, tu dois déjà être rendu au Yémen !
Bon, ben elles sont où les photos de Dubrovnik.
T'es à la plage ou quoi?
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