Tel est ma devise


Ex loco, accipio, et invenio sapiens : partir, apprendre, et trouver le sage. J’ai utilisé le latin comme un symbole. A l’école, une gentille bonne sœur a voulu me l’enseigner. Un peu bigleuse, elle surveillait très mal ses intérros : je n’ai jamais rien compris, mais j’avais de très bonnes notes… En tout cas, j’ai toujours trouvé ce charabia harmonieux, tant à l’oreille que graphiquement.
Langue de l’Eglise et de ses écrits, il fait aussi référence à notre culture judéo-chrétienne. Imposé aux gaulois impies par le colonisateur romain, c’est également la base du français.

Ex loco, accipio, et invenio sapiens : j’ai écrit cette formule dans le but de la faire graver sur ma peau, pour marquer mon départ, et, si besoin était, pour me remémorer les raisons de mon voyage. Pour d’obscures raisons techniques, le tatouage n’est pas réalisable, mais qu’importe. J’ai suffisamment pesé le sens de ces mots pour ne pas les oublier. De manière non exhaustive, ils expliquent ma démarche.

Partir, c’est d’abord quitter une société que je comprends mal : si peu de valeurs morales, du moins pas les miennes, mais une telle surabondance de biens, de services, de tout, financés par des crédits à la Lune pour mille ans.
J’ai aussi fini par trouver déraisonnable de travailler comme un fou, pour un fou, du matin au soir, juste pour pouvoir régler les factures de mon petit nid douillet et y entasser les derniers gadgets du jour, démodés dès demain.
Je m’échappe, encore une fois, de la routine, irritante impression d‘être comme un hamster dans sa roue.
Enfin, je fuis mes sales habitudes ; avaler goulûment des infos qui tournent en rond ; regarder béatement un écran vide de sens ; mitrailler frénétiquement des boutons pour une médaille de pixels…
Mais partir, c’est surtout aller découvrir ma planète et ses habitants. J’aime mon pays et ses magnifiques régions, mais je l’ai arpenté en tous sens, d’autres horizons m‘appellent. Et puis j’ai sûrement de nombreux amis, ailleurs, il ne me reste qu’à aller les rencontrer...

Apprendre ; la curiosité est vilain défaut, dit-on. C’est pourtant de cette aptitude que je tire ma soif de savoir. Tout m’intéresse. Cela m’empêche probablement d’être expert dans un secteur particulier, mais je possède quelques notions dans de multiples domaines. J’aime à penser que je suis polyvalent, je cultive cette aptitude. J’aborde donc mon périple comme une école, université nomade de la Terre et de l’Homme.
Je regrette souvent de ne connaître la planète, sa géographie, sa géologie, sa faune et sa flore, qu’à travers les livres et les écrans. Enfin, à moi l’immense variété de paysages, les mers et les montagnes, les déserts et les jungles, les bestioles en tout genre !
D’ailleurs, je compte bien poursuivre mon jeu favori : l’observation du spécimen le plus étrange du règne animal : l’Homme. Pendant mes leçons de sociologie et d'ethnologie, je m’efforcerai de partager les modes de vie, de comprendre les cultures. En économie, j’apprendrai les nations, leurs ressources, leur fonctionnement, leurs politiques. J’aurai une attention toute particulière pour l’Histoire, étudierait avec gourmandise les civilisations et leurs vestiges…
Apprendre, c’est comprendre ; j’espère bien trouver quelques réponses aux abondantes questions qui me hantent, et ainsi, en appréhendant mieux mon espèce, mieux me connaître moi-même.

Trouver le sage, tant en moi que dans l’autre. J’en entends quelques uns rigoler ; soit, j’ai été, et suis encore, un garçon légèrement turbulent, mais mon principal moteur et de faire évoluer mon humble personne. Dans tout les domaines, j’essaie constamment de prendre du recul, de ne pas précipiter mon jugement ; je pense qu’en élargissant mes horizons, je pourrai mieux développer ma perspicacité.
Et puis un retour à la simplicité s’impose. Ici, la vie est compliquée, comme je le suis moi-même. Lequel est la cause, lequel est l’effet ? Peu importe. Je vais devoir, sur la route, ne répondre qu’à des besoins primaires : comment avancer, quoi manger, où dormir, comment, en mimant, se faire comprendre d’autrui ? Voilà qui devrait remplir mes journées et, je l’espère, clarifier mes pensées.
Surtout, cette quête pourrai remédier à mon instabilité chronique. J’ai passé ma vie à casser ce que la destinée construisait devant moi. Souvent, j’ai tout plaqué ; par esprit de contradiction, par crainte d’une certaine continuité, qu’elle ne m’empêche de vivre d’autres aventures. J’applique donc l’adage « guérir le mal par le mal ». Si je réussi à boucler mon petit tour, ça devrait me calmer. Un peu.

Pas convaincu par la clarté de mes paroles (ici mes écrits), je me dis qu’il est préférable pour moi de moins penser, et d’agir. Autrement dit, tais-toi et marche...

2 commentaires:

-Owel- a dit…

Alea jacta est...

Jérome a dit…

Et toi, Owel, tu l'as appris ou, le latin ? Dans Asterix ?

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