Avec cette longue nuit de récupération, je ne suis pas en avance sur la place du village. Les véhicules pour Dili déjà partis, je sirote un café dans une gargote, face au marché, en surveillant les allées et venues. Vers 10 h, j’arrête le premier camion de passage et je saute dans la remorque garnie de gens, de sacs de riz, de poules et de cochons. Pendant les trois heures de descente, le chauffeur ne ménage ni son véhicule, ni ses passagers : si on ne veut pas être purement éjecté, mieux vaut solidement s’accrocher. De retour dans la capitale en début d’après-midi, je ne suis pas franchement pressé ; je prends un repas dans une grande cafétéria indonésienne, au milieu d’adolescents dont le collège est juste en face, puis je rentre tranquillement à pied, étonné de n’être pas plus fatigué que ça. Sac au dos, je traverse des quartiers populaires misérables, d’autres vaguement plus bourgeois, où les maisons sont dissimulées derrière de hautes clôtures surmontées de barbelés, avant de parcourir ce qui ressemble au centre-ville, avec son lot de boutiques et de marchands de rue. Je retrouve ensuite le même hôtel que précédemment, le même dortoir, le même patio. J’y passe toute l’après-midi, derrière mon écran, satisfait de cette dernière expédition. Cette fois c’est sûr, ma route s’achève bientôt, pour un certain temps ; je décolle demain pour la Nouvelle-Calédonie. Avant de l’atteindre, il me reste encore trois jours à survoler l’Australie. Sans regrets, je ne verrai donc de ce grand pays que ses aéroports, mais 7 mois et demi de route m’ont usé autant qu’ils ont vidé mon portefeuille : j’ai besoin de goûter à nouveau la vie sédentaire et de remplir les caisses. Mon séjour au Timor-Leste aura été bref, mais suffisant pour appréhender cette jeune nation. Entre sa capitale en plein essor et sa campagne encore très rustique, ses citadins tournés vers le futur et ses paysans encore ancrés dans le passé, j’ai pu fortement ressentir l’énergie d’un magnifique pays où tout est à construire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire