Après une bonne grasse matinée, je me consacre d’abord à l’écriture dans le patio de l’hôtel, puis ne sachant toujours pas où atterrir en Nouvelle-Calédonie, j’envoie plusieurs demandes d’hébergement. Je sors ensuite pratiquer l’une de mes activités favorites : le safari urbain. Il faut savoir qu’après 25 ans d’une violente occupation indonésienne, le peuple est-timorais vote pour son indépendance en 1999. Mais les militaires en place ne l’entendent pas de cette oreille et mettent le territoire à feu et à sang, jusqu’à l’intervention des forces de l’ONU. Aujourd’hui, 10 ans plus tard, tout reste à reconstruire. Ainsi, à Dili, d’une population d’environ 150 000 habitants qui s’accroit de manière exponentielle, les stigmates de ces destructions sont encore bien visibles. En périphérie, des habitations misérables de parpaings bruts et de tôle rouillée s’entassent les unes sur les autres ; et dans le centre, de nombreuses ruines alternent avec des bâtiments officiels flambant neufs, financés notamment grâce aux gisements de pétrole offshore. Idem pour les aménagements : soit ils sont inexistants, soit ils ont été grossièrement réalisés ; plusieurs axes importants sont d’ailleurs en chantier. Dans les rues, il y a ici bien moins de motos et beaucoup plus de voitures, surtout de gros 4x4 ou de vieux taxis jaunes. Politiquement, la nation est membre de l’Asie du Sud-Est, mais sur le plan ethnique, la limite est clairement franchie : les gens sont généralement d’origine polynésienne ou papoue, peau foncée et cheveux frisés, un certain nombre ayant aussi des descendants portugais. La pauvreté est encore criante, mais le sourire et la tranquillité des quidams soulignent qu’ils sont désormais plein d’espoir ; après des décennies de souffrance, la dynamique est positive. Le palais présidentiel, neuf mais modeste, tranche avec l’immense palais du gouverneur, entièrement rénové, d’inspiration portugaise avec sa longue arcade et ses voûtes ; néanmoins, il subsiste peu de témoignages de l’époque coloniale. Surtout, ce qui fait le charme de cette petite cité, c’est avant tout le détroit d’Ombai et ses eaux turquoise. Après le port et ses centaines de containers, en plein centre-ville, j’arpente l’intégralité de l’agréable front de mer, ombragé par de grands arbres, et plus loin, un joli parc fraîchement implanté. Là-bas, tout au bout de la baie, une grande statue du Christ attire mon attention, de même que la plage de sable blanc en contrebas. Mais je marche déjà depuis des heures et la lumière baisse ; j’irai demain. En attendant, je flâne longuement parmi les habitants, plus habitués à la présence d’étrangers que les indonésiens ; quelques-uns seulement me saluent poliment, presque timidement. Et avant de rentrer, je me permets un grand classique : siroter nonchalamment une noix de coco en contemplant le coucher du soleil.
vendredi 26 avril 2013 - 924e jour
Après une bonne grasse matinée, je me consacre d’abord à l’écriture dans le patio de l’hôtel, puis ne sachant toujours pas où atterrir en Nouvelle-Calédonie, j’envoie plusieurs demandes d’hébergement. Je sors ensuite pratiquer l’une de mes activités favorites : le safari urbain. Il faut savoir qu’après 25 ans d’une violente occupation indonésienne, le peuple est-timorais vote pour son indépendance en 1999. Mais les militaires en place ne l’entendent pas de cette oreille et mettent le territoire à feu et à sang, jusqu’à l’intervention des forces de l’ONU. Aujourd’hui, 10 ans plus tard, tout reste à reconstruire. Ainsi, à Dili, d’une population d’environ 150 000 habitants qui s’accroit de manière exponentielle, les stigmates de ces destructions sont encore bien visibles. En périphérie, des habitations misérables de parpaings bruts et de tôle rouillée s’entassent les unes sur les autres ; et dans le centre, de nombreuses ruines alternent avec des bâtiments officiels flambant neufs, financés notamment grâce aux gisements de pétrole offshore. Idem pour les aménagements : soit ils sont inexistants, soit ils ont été grossièrement réalisés ; plusieurs axes importants sont d’ailleurs en chantier. Dans les rues, il y a ici bien moins de motos et beaucoup plus de voitures, surtout de gros 4x4 ou de vieux taxis jaunes. Politiquement, la nation est membre de l’Asie du Sud-Est, mais sur le plan ethnique, la limite est clairement franchie : les gens sont généralement d’origine polynésienne ou papoue, peau foncée et cheveux frisés, un certain nombre ayant aussi des descendants portugais. La pauvreté est encore criante, mais le sourire et la tranquillité des quidams soulignent qu’ils sont désormais plein d’espoir ; après des décennies de souffrance, la dynamique est positive. Le palais présidentiel, neuf mais modeste, tranche avec l’immense palais du gouverneur, entièrement rénové, d’inspiration portugaise avec sa longue arcade et ses voûtes ; néanmoins, il subsiste peu de témoignages de l’époque coloniale. Surtout, ce qui fait le charme de cette petite cité, c’est avant tout le détroit d’Ombai et ses eaux turquoise. Après le port et ses centaines de containers, en plein centre-ville, j’arpente l’intégralité de l’agréable front de mer, ombragé par de grands arbres, et plus loin, un joli parc fraîchement implanté. Là-bas, tout au bout de la baie, une grande statue du Christ attire mon attention, de même que la plage de sable blanc en contrebas. Mais je marche déjà depuis des heures et la lumière baisse ; j’irai demain. En attendant, je flâne longuement parmi les habitants, plus habitués à la présence d’étrangers que les indonésiens ; quelques-uns seulement me saluent poliment, presque timidement. Et avant de rentrer, je me permets un grand classique : siroter nonchalamment une noix de coco en contemplant le coucher du soleil.
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