mercredi 26 septembre 2012 - 712e jour


Aujourd’hui, comme j’ai encore un programme chargé, je décolle de bonne heure. Comme dans toutes métropoles, les gens s’entassent dans les transports en commun. Certaines rames des trains de banlieues que j’emprunte sont rapides et modernes, avec des équipements tout en inox, d’autres seraient plutôt bonnes pour la casse. Mais elles sont toutes pourvues de dizaines de ventilateurs : vu la chaleur, ce n’est pas du confort, mais une question de survie. Au Nord de la ville, j’embarque dans un bateau qui m’emmène vers une pagode bouddhiste, un dôme gigantesque se terminant en une pointe élancée. Toute neuve, mais reproduisant une antique pagode birmane, elle est entièrement couverte de peinture dorée, ce qui lui permet d’être visible de très loin. Je me recueille un moment à l’intérieur, très épuré, propice à la méditation. Ensuite, à quelques kilomètres de là, je m’octroie une belle balade à vélo dans un parc immense, 100 km2 environ. L’épaisse forêt n’a rien d’exceptionnel, mais pédaler ainsi en pleine nature est quand même très agréable. Au milieu du parc, perché sur une colline, j’explore un réseau de temples et de monastères troglodytes, un site majeur du bouddhisme dans la région. Ces nombreuses grottes furent creusées à partir du 2e siècle avant notre ère et restèrent occupées pendant plus de mille ans. La plupart n’étaient que les simples habitations des moines, mais les plus grandes restent finement décorées de grandes colonnes et de magnifiques sculptures, certaines hautes de 5 ou 6 mètres. Je rends mon vélo trois heures plus tard, bien content de la promenade, mais ma prochaine étape est bien moins réjouissante, puisque je compte traverser Dharavi, censé être le plus grand bidonville d’Asie avec plus d’un million d’habitants. Comme ailleurs, il y a là des rues commerçantes bruyantes, des ateliers étriqués en tout genre, ainsi que des ruelles si étroites qu’il y fait noir comme en pleine nuit. Je me demande encore comment les pitoyables bâtisses tiennent debout. Les habitations sont tantôt de grandes barres d’immeubles moisis et rouillés, tantôt de minuscules cabanes de briques, de tôles et de bâches. La densité de population et la promiscuité sont effrayantes tandis que le degré de saleté est abominable. J’en ai vu d’autres, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir la nausée en longeant un large égout à ciel ouvert d’un noir opaque, pourtant bordé de pauvres maisons. Plus loin, alors que j’étais jusque-là passé plutôt inaperçu, des gamins pouilleux me voient et me font de grands signes en riant. Je leur réponds bien-sûr, en forçant un sourire ; mais en tournant la tête, je serre les dents pour retenir des larmes.





 

1 commentaire:

owel a dit…

Trop d'émotions que tu as dû vivre en traversant ce bidonville... Déjà vu ça à Buenos Aires et c'est vrai que c'est très prenant.

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