Après Udaipur la blanche et ses lacs, me voici à Jodhpur,
la ville bleue, construite autour d’une grosse montagne verticale de grès
rouge, elle-même surmontée d’une imposante citadelle. Je reste toute la matinée
sur le toit de ma pension, où j’étudie et lis la presse grâce une bonne
connexion internet. De là, je jouis d’une vue magnifique sur la cité,
improbable empilement de vieilles bâtisses dont la majorité est peinte en bleu,
conformément à la tradition locale. Les teintes vont du bleu roi au pastel, le
ciel azur est très lumineux, et l’ensemble est barré par cette immense falaise
ocre. Après un bon déjeuner, l’appel est trop fort et je grimpe au sommet en
traversant mon quartier, joli mais très touristique. La forteresse abrite une
succession de châteaux élégants, bâtie entre le 15e et le 17e siècle par les
maharajas du Marwar. Outre des salles et des cours intérieures fastueuses, j’y
découvre de belles collections de peintures miniatures, d’instruments de
musique, de costumes, de palanquins (chaises à porteurs) ou autres howdahs (palanquins
pour éléphants). En sortant, je redescends de l’autre côté, à l’Ouest, et le
secteur est nettement plus populaire, plus authentique. Les maisons sont
plus anciennes, moins rénovées ; les ruelles escarpées sont encore plus
étroites ; il n’y a pas d’étrangers et donc pas de rabatteurs. Puis je
débouche sur une rue très fréquentée un poil plus large, mais pas assez pour que
deux rickshaws se croisent. Je remarque des boutiques si réduites que le
commerçant se tient au dehors, et des ateliers dans lesquels les couturiers
travaillent assis en tailleur, le plafond si bas qu’il frôle leur tête. C’est
sale, ça pue, les piétons se bousculent, le vacarme est assourdissant. Ici,
c’est le Moyen-Age, avec les fils électriques et les scooters en plus. C’est
décidé, demain, je viens loger dans le coin.
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