Cette nuit, j’ai eu à faire à mon pire ennemi : le
moustique. Je n’ai quasiment pas fermé l’œil, alors les petits vieux sont très
gentils, mais je dégage dès 7h et je retourne dans cette pension où j’ai diné
hier soir. Je prends le petit déjeuner sur le toit,. Dans la foulée, je pars
visiter le somptueux palais des rois, transformé en musée. Les palais
devrais-je dire, puisque les souverains successifs, depuis des siècles, ont
tous ajouté leur pierre à l’édifice. D’étroits couloirs et escaliers mènent à
de grandioses cours intérieures ou à des salons exquis. Emerveillé, j’en
apprends beaucoup sur l’histoire du royaume du Mewar, vieux de 12 siècles et
sur la culture du Rajasthan. L’un de ces rois était quand même un sacré coquin,
puisque ça chambre est couverte de miroirs, même le sol, et même le plafond.
J’enchaîne avec le temple Jagdish, important lieu de culte hindou du 17e. En
haut des escaliers, à l’ombre de deux gros éléphants de pierre, les sâdhus, des
dévots qui ont renoncé à tout pour se consacrer à leur foi, attendent l’aumône.
De loin, le sanctuaire élancé est plutôt impressionnant, et de près, j’observe
minutieusement les petites sculptures divines qui couvrent ses murs. Plus loin,
je me permets une petite balade sur le lac, histoire d’avoir une nouvelle
perspective sur le palais et la ville, et de voir de plus près cet insolite
palace sur l’eau, désormais un hôtel de luxe. J’avale une assiette de riz dans
une gargote et je file jusqu’à la gare routière, loin dans la nouvelle ville.
Par ici, évidement, c’est sale, bruyant, et surpeuplé. Merci, mais l’expérience
urbaine de Mumbai m’a suffi ; je ne m’attarde pas et retourne dans les
quartiers historiques, où j’ai la chance d’assister à un événement majeur. En
même temps que j’arrivai en Inde débutai le festival de Ganesh, une divinité
hindou primordiale. Dans un premier temps, on le célèbre dans les foyers, mais
depuis quelques jours, la fête se déroule dehors. J’ai déjà vu un peu partout des
représentations de ce dieu à tête d’éléphant trônées sur des autels
provisoires, dans les rues, ou sur des chars, en fait de simples remorques,
accompagnées de puissantes sonos, et suivi par de joyeux fidèles qui dansent.
Mais aujourd’hui, c’est le dernier jour, et je tombe au beau milieu de la
procession qui emmènent lentement les nombreuses statues en carton-pâte se
faire engloutir par les eaux. Les rues sont noires de monde, même si les
fidèles arborent des couleurs exubérantes. La musique, un genre de dance épicée
est joué à plein volume, accentuée par des percussionnistes qui tapent aussi
fort que possible sur de gros tambours. Les gens gesticulent, sautillent,
rient, hurlent, transpirent, et jettent en l’air des poignées de poudre fuchsia.
Je me fraye tant bien que mal un chemin dans cette énorme fiesta en doublant
les chars uns à uns, jusqu’à atteindre une grande porte, une belle arche de
pierre donnant sur le lac. L’ambiance, déjà bouillante, monte encore d’un cran
lorsque l’on jette les idoles dans le lac. La nuit tombe et comme d’habitude,
je marche depuis le matin : j’en ai vu assez, je monte me reposer sur le
toit de mon hôtel, à deux pas. Pourtant les réjouissances ne sont pas
terminées : jusqu’à une heure avancée, un sound system digne d’un teknival
crache une techno rapide teintée de sonorités indiennes à laquelle s’ajoutent
les détonations de pétards géants. A la fin, j’ai même droit à un feu
d’artifice. Tout ça est quand même hallucinant. D’accord, les indiens sont très
fervents, mais ce sont aussi de sacrés fêtards.
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