jeudi 11 octobre 2012 - 727e jour


Après une bonne nuit, je pars vers mon rendez-vous en rickshaw, sans moteur celui-ci, mais à pédales. L’homme n’est plus tout jeune et peine tellement que j’en viens à me demander si je ne devrais pas descendre et pousser. Panu est à l’heure et m’invite pour un petit-déjeuner traditionnel dans un modeste restaurant. Puis, suite à la conversation de la vieille, je lui demande de me conduire chez un barbier, d’où je ressors comme neuf. Je pars alors seul à la découverte de la vieille ville. Je longe d’abord ces grandes avenues encombrées : les vendeurs de tout poil veulent tous bavarder avec moi, en commençant par me demander d’où je viens. J’ai l’habitude, mais là, ça devient presque pénible. Je trouve donc une parade : I’m from Japan. Je m’évade un instant au sommet d’un ancien haut minaret, et j’enchaîne avec le Hawa Mahal, le palais des vents. Sa façade de cinq étages, un savant mélange d’architecture moghol et rajput, ornée par des centaines de fenêtres et balcons finement dentelés, est superbe. De là-haut, j’observe les surprenantes constructions de l’observatoire Jantar Mantar, que je visite dans la foulée. Le roi Jai Singh II, fondateur de Jaipur, un érudit passionné d’astronomie le fit bâtir en 1727. Aujourd’hui classé au patrimoine mondial, il s’avère passionnant. Avec le casque de l’audio-guide sur les oreilles, je circule entre ces constructions originales ; compas, astrolabes, sextants, et autres cadrans solaires. Le plus grand, pointant droit vers l’étoile polaire et mesurant quand même 27 mètres de haut, permet une précision de l’ordre de la demi-seconde. Après un break à l’hôtel, je retourne en ville dans la soirée pour retrouver Panu et Vicky. Cette fois j’arrive à régler les pizzas, avant que nous ne retournions festoyer dans le même établissement qu’hier. Correctement habillé cette fois, j’y fais meilleure figure. Vicky, ce beau parleur, en vient alors à me faire une proposition troublante : la société familiale a atteint le plafond d’exportation mais elle doit honorer ses commandes. Il me décrit très précisément comment contourner les douanes en envoyant à mon nom un colis de bijoux à Paris qu’il me faudrait réceptionner là-bas et remettre à un contact, moyennant une substantielle rémunération, billets d’avion aller-retour compris. La ficèle est grosse, mais si bien énoncée que j’y crois presque quelques minutes. Parti me réfugier aux toilettes, je revois défiler les deux derniers jours, et je comprends que tout était combiné pour gagner ma confiance depuis le début. Ces deux-là sont quand même très forts. Je m’en veux d’avoir été naïf, mais je n’ai rien lâché non plus. En revenant à table, je déclare que j’ai besoin de la nuit pour décider. En attendant, j’ai beaucoup moins de scrupules à grossir la note en attendant que mes talentueux escrocs daignent me raccompagner. Bien évidemment, au rendez-vous de demain, ils m’attendront en vain.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

I'm from Japan ?? Big smile from Paris

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