Sur le toit bien-sûr, à la fraîche, Je prends un petit
déjeuner complet, thé au lait, salade de fruit et chapatis (des galettes). Ma
pension est très agréable et le personnel vraiment charmant, au-delà des
affaires. En plus, je suis le seul client, ils sont aux petits soins rien que
pour moi et toujours prêt à papoter. En suivant, je parcours les ruelles
d’Udaipur, cette cité de conte de fée, jusqu’à une autre station de
bus ; Cette fois c’est la bonne, je pars demain matin à 5h30, mais il va
falloir se lever. Je continue jusqu’au magnifique jardin royal où les
princesses d’antan venaient batifoler. Il y a là toutes sortes d’essences
tropicales, un grand bassin et de nombreuses fontaines. C’est bien joli mais
j’ai des fourmis dans les jambes. Au loin, vers le nord, je vise un temple au
sommet d’une grande colline. Je traverse donc des banlieues résidentielles
assez chics, puis au pied de la dite colline, j’avale une noix de coco et j’attaque
la pente sur un chemin bien raide, heureusement ombragé. Au sommet, au milieu
d’une terrasse bâchée, le temple est très modeste mais empreint d’une grande
sérénité ; et la brise légère ne gâche rien. Un vieux sâdhu, à moitié
drapé d’un tissu safran, tapote doucement sa percussion ; quelques-uns
prient, d’autres font la sieste ; des femmes dans leur saris colorés
chuchotent, de même qu’un couple d’adolescents ; tandis que je profite de
la vue, les deux lacs à l’Est, la grande ville à l’Ouest et les montagnes
douces au fond. Après un moment, j’évalue vaguement les distances, je distingue
à peine le palais. Je suis chaud, je rentre en faisant le tour du lac de
l’autre côté. Sur des kilomètres, La route déserte longe le relief à la
végétation assez sèche ; au bord de l’eau, quelques pécheurs me
saluent ; au-dessus, le soleil cogne, sans l’ombre d’une ombre, sauf
derrière cette guinguette bancale où je prends un thé. Puis en fin
d’après-midi, j’arrive sur l’autre rive de la vieille ville, tout aussi
charmante. A l’extrémité Sud, je bois un coup au dernier ghat, assis les pieds
dans l’eau, face au palais. Les ghats, présents partout en Inde, sont des quais
aménagés en escalier où les gens se lavent, entre autres, depuis
toujours ; beaucoup moins aujourd’hui. A l’hôtel, ce bon Punam, le jeune
manager, me précise que j’ai plié au moins 25km ; tranquillement. Dans la
soirée, je descends de mon perchoir pour assister à un spectacle folklorique dont
j’ai entendu du bien. J’entre dans une splendide demeure princière
soigneusement rénovée ; dans une petite cour intérieure, sous un bel arbre,
le public est assis dans l’obscurité. Dans un coin, il y a trois musiciens excellents
: l’un, tape sur une percu, un autre secoue des cymbales, le dernier chante de
cette voix si particulière, en jouant d’un clavier équipé d’un soufflet.
J’écoute depuis longtemps ce genre de musique, mais l’entendre dans ce contexte
magique, sans vraiment m’y attendre, ça me bouleverse. Et puis des danseuses
font leurs apparitions, gracieuses et
virevoltantes, vêtues de costumes flamboyants. Le rythme accélère tandis
que les spectacles se succèdent, marionnettiste, acrobates, danse encore.
Sublime. Je me remets de mes émotions sur le même ghat que tout à l’heure, en
contemplant cette fois la ville illuminée et en dégustant une pâtisserie et un
jus de fruit. Chaque jour qui passe, je me dis que j’ai une chance incroyable
de vivre tout ça. Et régulièrement, comme ici, le niveau monte encore : la
magie opère, je rigole dans ma barbe, je dois me pincer pour y croire. Voilà,
j’ai passé deux jours fabuleux à Udaipur ; on enchaine.
3 commentaires:
desole de te deranger au paradis, mais il faut que tu regardes tes emails.
Naturelle nous parle encore de tonton Jérôme......la biz
Un gros bisous épicé de l'autre côté de l'océan pour Natty.
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