Comme
hier, je prépare le petit-déjeuner pour moi et Fabio, qui part à
l'école. Je sors peu après car moi aussi, j'ai une journée
d'études bien chargée, et ma classe est cette magnifique cité
d'art et d'histoire. Je me rends donc sur la vaste place centrale , à
l'animation très relative : de là, j'ai plusieurs sites
d'importance à visiter. Je commence par la magistrale église
Notre-Dame des Carmes, conçue par le célèbre Aleijadinho (1730 -
1814), « le petit estropié », l'un des plus grands artistes
classiques du pays. Fils d'un charpentier portugais et d'une esclave
africaine, atteint d'une maladie invalidante, cet autodidacte
produisit une quantité impressionnante de sculptures, ciseau et
maillet attachés aux moignons. La majestueuse façade est très
originale et l'intérieur flamboyant. Puis je passe un long moment
dans l'imposant musée « la Inconfidencia ». Dans cette ancien
centre du pouvoir colonial, l'âge d'or de la ville est admirablement
raconté, et notamment celle du mouvement révolutionnaire né
ici-même et mené par le dentiste et poète Tiradentes. Ce dernier,
qui finit pendu haut et court sur la place, est désormais glorifié
en tant que héros national. De l'autre côté de la place où trône
sa statue, le palais des gouverneurs abrite maintenant l'Ecole des
Mines, réputée dans tout le pays. C'est une leçon de sciences que
je prends dans ses murs, en admirant une très large collection de
minerais ou encore des salles consacrées à l'énergie ou à
l'industrie.
Pour
la peine, je déjeune ensuite dans un très bon restaurant
traditionnel : on paye un forfait pour accéder à un grand buffet de
marmites en fer. J'arrive ensuite face à un autre chef-d'oeuvre
d'Aleijadinho, l'église Saint-François d'Assise, qui arbore une
façade fascinante jouant avec les perspectives, ainsi que de
nombreuses statues de pierre à l'expression troublante. Puis
j'élargis mon périmètre en grimpant et dévalant les ruelles
abruptes, cernées par de jolies maisons pittoresques qui s'empilent
les unes contre les autres en épousant le relief. Au gré de ma
promenade, je vois encore deux belles églises, dont une toute en
courbe à l'intérieur très sobre, bâtie par et pour les esclaves.
En fin d'après-midi, je commence à fatiguer quand je remonte
jusqu'au quartier de Fabio. Je le retrouve chez lui et nous
ressortons aussi sec. L'usage, pour les étudiants de la ville, est
d'habiter les « républiques », des maisons propriétés de
l'université où ils s'entassent à dix ou vingt. Mon jeune ami
m'emmène donc dans celle où il a habité un temps. Nous un passons
un bon moment avec ces amis, assis par terre ou sur les marches
autour de la cuisine étriquée, en fumant de l'herbe et en buvant du
jus de cajou. En sortant, Fabio m'explique qu'une fille a posé des
questions avec insistance à mon sujet et qu'elle semblait très
intéressée. Je stoppe net, en me disant que je devrais y retourner
sur le champ, mais je me ravise car je ne la trouve pas à mon goût.
Fabio prend ensuite l'initiative de nous emmener dans un bon
restaurant. Soit la facture que je règle est un peu salée mais cet
énorme lasagne au brocolis était délicieux. Plus tard à la
maison, je constate sur internet que personne ne peut me recevoir à
Rio. C'est bien dommage pour ma toute dernière étape, surtout
qu'elle est réputée très chère. Je conclue la soirée en
consultant Googlemaps, pour évaluer les distances de mon expédition
de demain, en pleine nature pour changer.
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