De
bonne heure, le réveil qui hurle me fait bondir mais Fabio ne bouge
pas un orteil. J'en profite pour taxer son ordinateur un moment avant
de le réveiller en musique. Nous prenons le petit-déj' ensemble
avant qu'il ne sorte pour aller en cours, je fais d'ailleurs de même
un peu plus tard. J'avais programmé mes visites du jour avec soin,
en suivant un ordre logique, mais le lundi presque tout est fermé.
Je me console vite en admirant le décor, toutes ces maisons blanches
coquettes qui encadrent des rues tant sinueuses que pentues, ce qui
donne souvent un très bel angle de vue sur cette cité de 70 000
âmes. Je visite quand même le musée des oratoires, qui sont de
petits autels d'ornement très ouvragés, une tradition importé par
les portugais. Je flâne encore sur la Grand Place et dans les
venelles alentour, certaines extrêmement raide piquent les mollets.
Plus
loin, je m'arrête à la légendaire Mina del Rei. Soit, on en a
extrait de faramineuses quantités d'or, mais c'est surtout celle
d'un ancien roi tribal africain, qui put racheter sa liberté, puis
la mine devant moi. L'histoire raconte même qu'avec tout son or, il
finit même par affranchir sa tribu entière. En parlant un peu
français, Un métis sympa me guide à l'intérieur. Il m'explique
que son arrière-grand-père était esclave ici : les conditions de
travail étaient abominables et beaucoup se tuèrent à la tâche
dans ces galeries. En avalant un godet de cachaça, le rhum local, il
me précise que de nombreux préjugés persistent au Brésil
vis-à-vis des noirs, et il n'est pas le premier à m'en parler.
De
là, je zigzague jusqu'à l'auguste Palais de la Monnaie, qui a
vraiment fière allure grâce à une restauration admirable. Dans ces
murs épais, on a coulé des lingots et des pièces à n'en plus
finir pendant un siècle. J'examine notamment le grand four et le
quartier des esclaves, plutôt des geôles sordides. A l'arrière du
bâtiment, un joli parc longe une ravine mais la grille est fermée.
Qu'à cela ne tienne, je grimpe pour faire le tour et m'infiltre à
l'intérieur alors que la gardienne a le dos tournée. J'ai le parc
pour moi tout seul et la promenade me conduit tout en bas de la
ville, dans un quartier encore charmant et encore dominé par une de
ces superbes églises baroques. En faisant un long détour, je
retourne vers la maison à l'opposée.
Je
fais quelques courses et rentre comme chez moi ; pour grignoter un
morceau, faire mes exercices, me raser, faire la vaisselle. Je suis
toujours seul à 20 h quand je me mets à écrire. Mon hôte rentre
finalement. Je suis très à l'aise chez ce gentil garçon, mais lui
est un peu gêné alors je lui dit de faire comme chez lui. En
dévorant la pizza et la glace au chocolat que j'ai ramené, nous
continuons nos échanges passionnants, en évoquant nos familles et
nos avenirs incertains. Dans sa chambre à l'étage ensuite, nous
discutons jusqu'à tard dans la nuit de sujets plus légers ; légers
comme les volutes de fumée.
1 commentaire:
Très belle ville... là je me baladerais avec plaisir.
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