Médina by night

Dans les nuages de l'Algérie, entre Tunis et Casablanca, je laisse le vent de la liberté souffler sur mes précédents pas ; les 33 millions de marocains vivant dans une monarchie parlementaire stable et appréciée, j'y retrouve une certaine quiétude. L'histoire du Royaume, quelque soit la dynastie gouvernante, est marquée par le commerce des ressources d'Afrique de l'Ouest et du Sahara vers l'Europe, avec laquelle elle a aujourd'hui des liens étroits. Malgré d'importantes disparités, le pays se modernise rapidement grâce à une croissance régulière. De plus, il bénéficie d'une géographie très diversifiée : Méditerranée, Atlantique, massifs de l'Atlas et du Rif, plaines fertiles et fleuves importants, Sahara et oasis. Je ressens une forte attirance pour ce pays et ses peuples, arabe et berbère, et leurs cultures d'une richesse et d'une complexité passionnantes.
Comme ma halte à Dakar risque d'être plus courte que prévue, je traverse le Maroc très vite, trop vite. Je traverse néanmoins trois villes qui sont un bel éventail de la société marocaine et de son histoire millénaire.


A Rabat, capitale administrative du Royaume et presque deux millions d'habitants, j'attends deux jours le visa de l'ambassade mauritanienne : assez pour en faire le tour, accompagné de Clément, cycliste français de 28 ans qui pédale plein Sud. La ville portuaire, résidence officielle du Roi Hassan II, est très européenne, soignée, et moderne. L'architecture du centre-ville, hérité du colonialisme français et espagnol, ses larges avenues, son métro flambant neuf, sa végétation omniprésente ; autant de caractéristiques qui rappellent une ville d'Europe du Sud. Même si la médina, datant du XVIIIe siècle, transpire l'identité arabe, ses bâtisseurs et rénovateurs ont oublié les qualités de l'artisanat traditionnel ; elle reste d'un intérêt relatif. Clément et moi dinons quand même dans ses rues, et prétextons une soirée fraîche pour aller se réchauffer au hammam. Là, un petit gros au teint très mat et à la barbe blanche m'astique sans ménagement.
Entre quelques monuments, tel l'imposante tour Hassan, minaret almohade du XIIe siècle, ou le fastueux mausolée de Mohammed V, précédent souverain, nous découvrons, cachée derrière d'imposants remparts, le charme et la tranquillité de la Casbah des Oudaïas. Comme un village dans la ville, elle est perchée depuis quatre cents ans sur une petite falaise entre l'Atlantique et le fleuve Bou Regreb. Ses ruelles pavées et escarpées serpentent entre de petites demeures blanchies à la chaux, dont la base est peinte d'un joli bleu vif. Plus de bruit de moteur, même les gens parlent doucement.


Un peu à regret, je ne passe qu'une nuit et un jour dans l'immense médina de Fès, l'une des plus étendues et authentiques du monde arabe. La ville impériale, centre culturel et religieux du pays, est encerclée par les montagnes du Moyen-Atlas. 150 000 fassis vivent à l'intérieur des remparts de la cité médiévale ; elle est protégée par l'Unesco et en a bien besoin.
Le soir, à peine passé Bab Bou Djeloud, monumentale porte ouvragée, je suis un jeune homme accueillant et sportif, qui fonce regarder un match de foot. Dans ce gigantesque labyrinthe, une ligne droite ne dépassant jamais dix mètres, on navigue à vue. Après deux kilomètres et mille virages, je suis complétement désorienté, et le mot est faible. Une salle de jeux est aménagée au sous-sol du bar ; l'éclairage est minimal et la fumée épaisse. On parvient néanmoins à distinguer, à la télé, un mauvais match, tandis qu'au babyfoot, l'équipe de France domine largement le Maroc. A la sortie, mon guide m'abandonne, et, l'esprit joueur, je tente de retrouver mon point de départ. La tête dans le brouillard, sous la lumière jaune de lampadaires clairsemés, il me faut près de deux heures pour atteindre mon auberge. Comme elle est complète, je négocie de dormir sur les canapés de la terrasse, à la fraîche et sous les étoiles.
Puis, le jour, j'avale les kilomètres. J'observe, sur les hauteurs, le travail ancestral des tanneurs, j'arpente d'interminables souks ; teinturiers, charpentiers, henné... Comme nous sommes vendredi, jour de la Grande Prière, la majorité des boutiques sont fermées, les piétons circulent aisément. L'endroit perd surement un peu de son caractère, mais je n'y vois ni un avantage ni un inconvénient : je suis là ce jour, point. Je trouve également le temps de découvrir la médersa (école coranique) Bou Inania, magnifique aperçu d'architecture mérénide. En hauteur, le bois de cèdre, puis en dessous, les stucs immaculés, sont sculptés de lettres et de feuilles d'une finesse stupéfiante. Le temps d'avaler, sur une terrasse, un gros tajine, et j'embarque dans le bus de nuit qui rallie Marrakech.


La ville, dont les murs sont intégralement rose, parfois teinté de beige, d'orange ou d'ocre, est bordée par les hauts sommets enneigés du Haut-Atlas. C'est aussi une destination privilégiée des touristes de tous horizons depuis deux ou trois décennies. Mais le développement urbain semble maîtrisé. Près du centre, des quartiers entiers de bureaux ou grands hôtels sont sortis de terre : longues avenues agrémentées de fontaines, de rosiers et de palmiers, jardins luxuriants et bâtiments alliant tradition et modernité ; rose évidemment.


J'ai besoin d'une journée entière pour appréhender, et encore, la fabuleuse place Djemaâ el-Fna, au coeur de la médina. Elle est classée au patrimoine "immatériel" de l'humanité et l'expression prend ici tout son sens. Elle est gigantesque est ses contours ne sont pas clairement définis. Des zouks divers et encombrés, grandes rues ou étroites ruelles, en partent dans toutes les directions. Autour, devant les cafés et les restaurants, des étals proposent fleurs et plantes, jus de fruits frais, épices, remèdes miracles, et autres souvenirs-gadgets. Au milieu, des musiciens traditionnels, avec percussions et instruments à cordes ou à vent bricolés, égayent le vacarme ambiant. Des porteurs d'eau, aux tenues bariolées et chapeaux à franges, attirent le chaland à l'aide de leurs cymbales, tandis que de petits groupes de badauds entourent charmeurs de serpents, dresseurs de singes, acrobates, diseuses de bonne aventure... Les touristes, ébahis, déambulent parmi les vendeurs malins, les scooters, les calèches, les mules. Même si l'afflux d'étrangers, avec leur épais portefeuille, a perverti les règles du commerce, l'endroit a su conserver l'essentiel de son caractère millénaire. Je sillonne un long moment cette pagaille irréelle ; accentuée par la fatigue et la fumée, dissimulée derrière mes lunettes noires, l'émotion me submerge.
La nuit venue, en quelques heures, la place s'est transformée : des étals ont disparu, remplacés par des cuisines ambulantes et des centaines de tables de banquet. Une armée de serveurs et cuisiniers nourrissent la foule. Derrière, des groupes de musiciens, plus complets cette fois, font remuer leur public sur des rythmes gnaouas hypnotiques, tandis que des danseuses orientales, en djellaba ou jogging, envoûtent le leur. Des comédiens amusent, des conteurs captivent... Ce soir-encore, je suis abasourdi.

Logé dans un hôtel bon marché au milieu de la médina, j'alterne pendant deux jours entre zouks et marchés bruyants, colorés et surpeuplés, et quartiers moins touristiques et plus populaires. Aussi, je me réfugie souvent au calme, à l'intérieur de bijoux d'architecture mauresque, aussi splendides que paisibles : le Palais de la Bahia, le Musée de Marrakech, la médersa Ali ben Youssef.






Puis je laisse la route dessiner devant moi un nouveau virage. Je retrouve Gwal, aimable breton de mon âge, rencontré quelques jours plus tôt à Rabat, et qui descend à Bamako au volant d'un fourgon Mercedes. Le garçon, au parcours sinueux, est un vrai nomade. Depuis des années, il descend des camions et diverses marchandises vers Bamako ou ailleurs ; jamais plus de trois mois au même endroit. L'idée de traverser le Sahara au volant d'un camion, en compagnie d'un routard expérimenté, m'est forcément séduisante : je décide de l'accompagner jusqu'à Nouakchott. En attendant que le camion soit repeint et une moto réparée, je passe quelques jours avec lui dans le quartier populaire de M'hamid. Nous logeons chez une famille qu'il côtoie depuis longtemps et dont la situation n'est pas des meilleurs.
Depuis peu, Rachida, 38 ans, doit se débrouiller seule pour loger et nourrir ses deux enfants. Anas, 22 ans, est un grand gaillard fervent musulman, féru d'informatique et polyglotte. Quant à sa petite soeur de quinze ans, Ahlam, elle est aussi mignonne que gentille. Comme elle est en vacances, elle va travailler, le soir, avec sa mère, histoire de grappiller quelques dirhams. L'appartement, provisoire, est rudimentaire. Sans fenêtre, il n'est pourvu ni de cuisine, ni de salle de bain, mais le salon où dorment les hommes est très confortable. Mais Rachida est forte et courageuse, et elle se débrouille pour cuisiner de bons petits plats ; je l'aide d'ailleurs à préparer le couscous. Quant à l'hygiène, le hammam voisin permet de se laver dans les meilleures conditions.
Nous partageons encore un peu du quotidien de cette famille si attachante : courses avec la maman, foot avec le fils, leçon d'arabe avec la fille... Tandis qu'une belle complicité s'installe entre Gwal et moi, nous attendons, dans les startings-blocks, d'attaquer la longue route du Sahara Occidental.

Le sable et le feu




Je découvre l'hospitalité tunisienne avant même de poser le pied dans le pays. A l'aéroport du Caire, en salle d'embarquement, de jeunes gens turbulents mettent un peu d'ambiance. Presque aussitôt après avoir engagé la conversation, l'un d'eux me propose de passer la nuit chez lui. Mondher, qui vient de travailler quelques semaines en Egypte, habite une belle maison avec ses parents, sa soeur et son frère, au Kram, un quartier paisible de la banlieue Nord de Tunis. Je reste trois jours avec eux, le temps de fraterniser, de déguster quelques délicieux plats traditionnels préparés par la maman, et, bien sûr, de parcourir la ville et ses alentours.

Après le chaos du Caire, la capitale de la Tunisie me semble n'être qu'un village. Héritière de Carthage, Tunis ne recèle plus rien de l'antique cité fondée par les phéniciens au IXe siècle avant J.C. Jaloux de sa splendeur, les romains la détruisent au IIe siècle avant J.C. Ce sont les vestiges de la ville rebâtie par Jules César que l'on trouve éparpillés dans les quartiers chics de la banlieue Nord.
Après la domination des Vandales, puis des Byzantins, les arabes s'emparent de ses terres fertiles en 698, et y développent leur culture.











Le village mauresque de Sidi Bou Saïd, posé sur une colline comme un balcon sur la mer, en est une superbe illustration. De même, la médina, au coeur de la ville, a conservé son atmosphère médiévale, entre souks bondés et dédale de ruelles tranquilles. Le jeu des volumes est accentué par la blancheur éclatante des murs, tandis que les portes, fenêtres ou moucharabiehs, proposent toute la gamme des bleus : ciel, azur, électrique, marine...









Quant aux ottomans, après trois siècles d'occupation, ils finissent par ruiner le pays et le céder à la France. Ses architectes, inspirés par le baron Haussman, construisent, sur d'anciens marais, de nouveaux quartiers. Ils composent aujourd'hui le centre-ville. De remarquables bâtiments Empire, là encore blancs ornés de bleus, longent de larges avenues bordées d'arbres. Les citadins devisent joyeusement à la terrasse des cafés, buvant le thé et fumant la chicha.
Mais l'histoire s'écrit aussi au présent, et j'en suis involontairement le témoin. Depuis quelques semaines, des troubles secouent certaines villes du centre de pays, pauvre et rural. Les manifestants évoquent le chômage, la vie chère, la censure, la corruption, et les profits indécents du président Ben Ali et de sa belle famille, qui dominent les principaux secteurs de l'économie. Mon nouvel ami m'aide à comprendre les difficultés du peuple tunisien. Mondher, outre sa générosité et son esprit fin et ouvert, est cultivé. Diplômé en électronique, il parle également quatre langues, mais ses chances de trouver un emploi sont nuls. Sans aucune aide sociale, et donc sans le sou, il est obligé de demeurer chez ses parents, et en conséquence dans l'impossibilité de se marier. Sans avenir, son cas est semblable à celui de de nombreux tunisiens. Et encore, son père, cadre aujourd'hui en retraite, bénéficie d'une belle situation.
Tandis que je passe une journée et une nuit chez Khouloud, jeune caméraman et étudiante en audiovisuel, dans le centre de Tunis, une première manifestation d'envergure se déroule à cent mètres à peine de l'appartement. Des dizaines de personnes sont arrêtées, et vu la politique autoritaire en place, ils pourraient ne ressortir que dans de longues années.
C'est dans ce climat houleux que je pars, via un bus, à Tozeur, oasis au Sud-Ouest du Pays. Mon objectif est de revenir vers la capitale en effectuant quelques haltes dans des endroits que j'estime intéressant. Lorsque j'y arrive, même si la tension est palpable, il y règne encore un calme relatif. Tozeur est une une petite ville aux portes du désert, entourée d'une vaste palmeraie. Important centre culturel et commercial au Moyen-Age, elle a conservé une magnifique médina. Ici, point de blanc, les bâtisses sont construites en briques d'argile couleur sable, laissant apparaître des motifs géométriques en relief. Le labyrinthe de ses ruelles, dominé par la Grande Mosquée et son minaret hexagonal, débouche sur quelques très belles demeures. Je me rends ensuite à Nefta, ville la plus à l'Ouest de la Tunisie. De là, je pars en solitaire pour une promenade fantastique. Je traverse d'abord, pendant une heure, une palmeraie luxuriante, qui s'interrompt brutalement pour laisser place au désert. Très vite, les quelques buissons épineux et cactus se raréfient pour disparaître totalement. Après encore une heure, me voilà en plein Sahara. L'impression de solitude absolue, au milieu d'un silence mystique, est fascinante.














De retour à Tozeur, un conducteur de calèche, Monouer, me propose de passer la nuit dans le désert, sous la tente de nomades. Encore envoûté par ma ballade, je saisi l'occasion. Après un long chemin agité, nous atteignons le campement en fin journée. Le mode de vie de ces gens n'a guère changé depuis des siècles. les murs de la hutte sont constitués de feuilles de palmes, et au centre trône la tente, qui sert de chambre à coucher. A proximité, l'étable contient un beau cheval noir, quelques oies, poules, et agneaux. Je contemple longuement le coucher du soleil, puis, à la tombée de la nuit, Mohamed arrive avec son troupeau de moutons. Puisque la température chute brusquement, nous nous réfugions à l'intérieur, auprès du feu. Mabrouka prépare le couscous, tandis que j'essaie de comprendre ces messieurs qui discutent des événements autour d'un thé. Affamé, je dévore le savoureux diner, puis, comme je n'ai que peu dormi la nuit dernière, bercé par les palabres en arabes, je m'écroule de très bonne heure, enfoui sous des kilos de couvertures.
Après un copieux petit déjeuner de galettes préparées sous mes yeux, je quitte mes hôtes, encore mal réveillé, comme dans un songe. Mais le retour dans la petite ville est brutal. Perplexe, je constate les stigmates de violentes émeutes. Pendant que je passais la nuit en toute quiétude, les habitants mettaient la ville à sac. Les banques sont détruites, de nombreuses vitrines brisées, les magasins pillés, les bâtiments officiels brûlés. Sur la route, des carcasses de voitures sont encore fumantes, tandis que la gare routière est dévastée. Je saute pourtant dans un bus en direction de Kairouan, la ville sainte. Mais une centaine de kilomètres plus loin, comme des barrages nous empêchent de continuer, le chauffeur fait demi-tour. De retour à Tozeur, je tombe en pleine insurrection. Déconcerté, j'erre un moment au milieu de la population. Les gens ne me sont pas hostiles ; au contraire, de nombreuses personnes plaisantent avec moi ou me proposent de l'aide. J'arrive à un important carrefour : la foule est très dense, et, quelques mètres plus loin, un feu immense barre la route. Je décide de repartir dans l'autre sens quand des coups de feu retentissent ; tout le monde se met à courir, et, par instinct, je fais de même. Mais les policiers ne chargent pas, et je sais que tant que je ne les vois pas, je suis à l'abri des balles. J'apprends plus tard que quelques victimes sont à déplorer. Je fini par trouver refuge chez une française de cinquante ans et un tunisien, vingt ans de moins, qui ont loué une maison à l'écart du centre. Je reste deux jours avec eux, puisque le lendemain, mon bus, encore, rebrousse chemin. Ces deux-là m'offre une hospitalité précieuse, mais leur compagnie m'est pénible. Madame à la certitude des gens stupides, elle mélange tout, et ne pense qu'à son confort. Quand à monsieur, c'est le seul tunisien que je rencontre à encore soutenir le président assassin...
Evidemment, j'abandonne l'idée d'explorer le centre du pays, et j'espère, de Tunis, attraper un avion pour le Maroc ; hors de question de passer par l'Algérie, en proie à des événements encore plus violents.
Au troisième essai, enfin, mon bus atteint Ben Arous, dans la banlieue Sud de Tunis, Mais aujourd'hui, dans la capitale, c'est la révolution. Le discours d'apaisement de Ben Ali n'a pas suffit à calmer le peuple. Réfugié dans un commerce, je découvre, à la télévision, que les artères principales sont envahies de milliers de manifestants, et que la police tire dans le tas. Je finis par rejoindre, en taxi, Mondher et sa famille. Sur la route, j'observe, de loin, de hautes colonnes de fumées qui noircissent le ciel de la métropole. Ce jour est historique : Ben Ali, après vingt-trois ans de dictature, est en fuite. Mais quelques bandits, ainsi que des milices à la solde du président déchu, profitent de l'incertitude pour terroriser la population. C'est dans ce climat que je m'enfuis vers l'aéroport. Après vingt-quatre heures sur place, entre attente, espoir et déception, j'abandonne et retourne chez les Ben Khalfallah, si accueillants. Avec Mondher, je fais le tour du quartier, où la population assure sa propre sécurité. A chaque carrefour, des barrages de fortune stoppent les voitures. Les habitants, de dix à soixante ans, stoppent et fouillent chaque voiture. Ils sont armés de pierres, de bâtons, de barres de fer, de couteaux, de hachoirs ; j'ai même aperçu une épée !
Comme les tunisiens contrôlent leurs quartiers, et que l'armée accule les derniers policiers qui soutiennent encore Ben Ali, j'ose espérer que les violences vont décliner dans les prochains jours. Bien entendu, le processus vers la démocratie sera long et difficile. Mais voilà une semaine, je suis entré dans une dictature, et je vais bientôt quitter un pays libre.