Petra, vermeille merveille

Après avoir quitté mes amis de Gaziantep, je retrouve, à Ankara, la gentille Gaya et son accueillante famille. Comme je constate que les billets d'avion pour la Jordanie sont nettement plus cher au départ de la Capitale que d'Istanbul, je repars, deux jours plus tard, vers l'énorme métropole. L'idée de revenir sur mes pas me déplaît quelque peu, surtout que je traverse une nouvelle fois la Turquie, cette fois dans les airs, en seulement une heure, juste le temps de contempler le coucher de soleil au dessus des nuages. Il m'aura fallu dix-huit heures de bus pour faire le chemin inverse...

Je réside deux nuits a Amman la Blanche, capitale de la Jordanie, qui, en l'occurence, est plutôt grise. Pendant une journée entière, j'explore les rues sales et agitées du vieux centre. les quartiers populaires, principalement habités par des refugiés palestiniens, sont en piteux état. Je visite l'antique citadelle, successivement occupée par plusieurs civilisations mais qui n'est plus qu'un champ de ruine, ainsi que l'impressionnant théâtre romain. Plus loin, j'admire la somptueuse mosquée du Roi Abdallah 1er, l'une des plus remarquable du Moyen-Orient. La majorité des femmes sont voilées ; les autres, comme que la plupart des hommes sont habillées à l'occidental. Dans ce pays allié des Etats-Unis, le mode de vie américain a envahi les rues. En périphérie, la ville supporte un développement exponentiel : les faubourgs résidentiels sont impeccables et cossus, tandis que dans les quartiers d'affaires s'élèvent d'audacieux buildings.


Puis je rallie l'un des points d'orgue de mon périple, la mythique Petra. Nichée dans une large vallée, au coeur d'un vaste massif montagneux, l'antique cité développée par les nabatéens dès le VIe siècle avant J.C., atteint son apogée au debut de notre ère. Puis elle continue de prospérer grâce à sa position stratégique, au carrefour de plusieurs routes commerciales, sous la domination romaine, puis byzantine. Sa splendeur s'achève au milieu du IVe siècle après J.C., suite à un violent séisme qui détruira la ville.
Pour atteindre la cité, le visiteur doit emprunter le même chemin que les caravanes d'antan. Le Siq, un étroit canyon de près de deux kilomètres, fait monter le suspens. Il serpente entre deux falaises hautes de deux cents mètres, parfois espacées de seulement deux mètres. Déjà, les formes et les couleurs de la roche sont stupéfiantes. Et soudain, la lumière jaillit : en quelques pas, je suis au pied de l'éblouissante et monumentale Khazneh. Je reste une éternité devant ce trésor rouge, ébahi, dont je rêve depuis mon enfance, lorsque j'aprenais à lire avec Tintin, cet imposteur (confer l'album Coke en Stock !). La façade, trente mètres de large et quarante de hauteur, est resplendissante, malgré ses deux mille ans.

L'allée débouche ensuite sur la vallée où vivaient 25 000 personnes, cent générations plus tôt. Evidemment, on ne peut qu'imaginer l'effervescence qui y régnait, puisqu'il ne subsiste plus, immobiles et silencieux, que les vestiges taillés dans la roche. Richement décorés, on admire des temples monumentaux, des tombes colossales, un théâtre romain vertigineux. Les habitations troglodytes encore visibles sont bien plus sommaires.

L'héritage du passé n'est pas le seul attrait du lieu, puisque là encore, la nature a fait preuve d'une grande créativité. L'érosion a sculté de mystérieuses formes dans la roche, tandis que de magnifiques arabesques sont dessinées par une improbable palette de couleurs, surtout rouge et rose, mais aussi blanc, jaune, orange, violet, parfois, bleu ou encore noir...

L'experience est egalement sportive, puisque, au pas de course, j'escalade puis dévale, via d'interminables escaliers, les montagnes environnantes. Au sommet, on y observe divers sanctuaires, des citernes, et surtout le majestueux Deir. Au-dessus de celui-ci, je gravis encore un pic rocheux, le point culminant du massif, d'où la vue est époustouflante. A l'ouest, les montagnes noires tombent à pic dans le désert blanc. Plus loin, on aperçoit le Jourdain et, au-delà, les terres d'Israël ; si près, si loin...


Je termine mon séjour jordanien par une halte à Aqaba, unique ville portuaire et cité balnéaire du Royaume. Je suis accueilli par Amer, étudiant en cinéma et excellent guitariste. D'origine palestinienne, comme les deux tiers des habitants du pays, il m'explique que ses parents ont dû fuir leur terre lors de l'exode de 1967. Son opinion, forcément partisane mais néanmoins réaliste, sur les enjeux et l'histoire du Moyen-Orient est pour moi un éclairage précieux. Plus tard, nous oublierons ces considérations politiques en passant une belle soirée avec quelques uns de ses amis. Enfin, avant de ralier l'Egypte, Je profite de la chaleur pour goûter les eaux tiédes et cristallines de la Mer Rouge, tandis qu'au même moment, mon pays a revêtu un épais manteau blanc...

6 commentaires:

le jura a dit…

continue ta route si belle et fais nous rever comme tu le fais si bien , on te suis avec bonheur , baisers de la famille .

Brice a dit…

T'es tout petit devant le temple de Tintin. il avait l'air beaucoup plus gros dans les BD.

Trêve de plaisanterie, tu me fais halluciner. Super photos, récit incroyable d'un mec stupéfiant...

claude et jac a dit…

ouah, le temple , super photos ,bisous, continues on te suis

Rodster a dit…

Impressionnant, ce temple est gigantesque, je me souviens d'une soirée a castet , évoquant ce lieu comme un site incontournable pour un globe trotter. Ceci marque une étape significative de ton voyage. Chapeau l'artiste !!!

Olivia a dit…

ah! ah! tu as minuscule sur cette photo!
Hâte de lire ce que tu as fait et vu depuis une semaine! d'ailleurs, tu es où maintenant?
Pleins de bisous
xoxo

Anonyme a dit…

J'ai bien aprécié les derniers évènements de cette superproduction.
Comme titre pour l'épisode je propose:
Chérie j'ai rétréci Jay

Enregistrer un commentaire