mercredi 31 juillet 2013 - 1020e jour
Une fois l’inondation passée et le 4x4 réparé, je retourne sabrer la jungle, régulièrement seul, et fréquemment sous la pluie. Après deux mois à couper, arracher, tronçonner, ratisser, cette activité purement physique m’use, mais je relève le défi, autant pour moi que pour Philippe, autant pour mon voyage que pour le sien. Et puis il faut bien avouer qu’en travaillant 3 jours par semaine, je gagne déjà l’équivalent d’un salaire correct, sans avoir à me soucier du transport. Finalement, un jour humide de plus vers la fin du mois, alors que je joue du sabre sur le terrain avec mon ami-patron venu à la rescousse, nous finissons par franchir le bois en contrebas pour enfin atteindre la rivière qui coule en contrebas. J’en suis venu à bout, on va pouvoir passer à autre chose. Aussitôt, je réactive les contacts en sommeil, dans le but de dénicher des chantiers de menuiserie, mon vrai métier, en équipe avec Philippe, pour lui renvoyer l’ascenseur, voire seul puisqu’il a la gentillesse de me prêter ses outils si nécessaire. J’obtiens rapidement des touches prometteuses ; à suivre.
Récemment, j’ai aussi revu une vieille amie, dont j’ai été très, très proche voilà bientôt 10 ans, et soudain plus du tout. Depuis le début de mon voyage, j’attendais de la rejoindre ici. Mais trop occupée par sa vie nouméenne, ou peu concernée, elle ne s’est aperçue de mon arrivée sur le Caillou que 3 mois plus tard. J’ai bien compris n’être plus pour elle qu’un souvenir poussiéreux, mais malgré le temps qui efface, nous avons instantanément retrouvé la même complicité hors du commun ; pendant une toute petite, une très belle après-midi.
Comme si le temps n’était pas assez pluvieux, ce mois de
juillet commence par un véritable déluge, phénomène exceptionnel en cette
saison : pendant 3 jours, le ciel déverse des trombes d’eau sans
discontinuer. Forcément, dans la vallée de Koé comme ailleurs, la rivière en vient
à sortir de son lit. Heureusement, Phil et Violette m’offre de dormir au sec
dans leur roulotte, et au camping, le niveau de la Dumbéa stoppe à deux pas de
ma tente. Mais mon pauvre Philippe n’a pas cette chance : ce matin-là, son
réveil ne sonne pas et pour cause, l’appareil flotte dans 10 cm d’eau, comme le
reste de ses affaires. Le retour du soleil, même éphémère, permet de sécher un
peu nos effets, mais bloqués par l’inondation, il nous faut encore attendre la
décrue pour sortir de notre trou.
Pendant ce temps-là, au camp, ce bon Christophe nous a
quittés. Tant pour son enthousiasme que pour ses talents de cuisinier, la perte
est non négligeable, mais elle est compensée par l’arrivée d’un nouveau
camarade. Thierry, la quarantaine, est un personnage affable et bavard, en
transition comme tout le monde ici. Et comme les autres, il y un parcours sinueux
et peu commun : ancien marin au long cours, encore artisan du bâtiment la
semaine dernière, et désormais informaticien.
C’est alors que Philippe, avec qui je vis et travaille
depuis mon arrivée, m’emmène changer d’air pour le week-end. Nous retournons à
Bourail, plus haut sur la côte Ouest, le versant caldoche, pour évaluer un
prochain chantier de rénovation. Une fois l’expertise effectuée, nous troquons
nos casquettes d’ouvriers contre celle de touristes. Mon ami est possiblement
le meilleur guide de Calédonie, lui qui fut professionnel pendant plusieurs
années et qui arpente le pays au pas de course depuis des décennies. En nous
enfonçant dans la Chaîne, nous rendons visite à un vieux kanak de sa connaissance,
dans la tribu. Dans le village de Gohapin, dissimulé sous une épaisse
végétation, je découvre l’hospitalité locale, loin des histoires alarmantes que
racontent de nombreux blancs. De l’habitat traditionnel, il ne subsiste plus
guère que la case du chef, et les gens se déplacent eux aussi en 4x4. Mais les
maisonnettes de bois ou de tôles éparpillés dans la nature n’ont plus rien à
voir avec les villas de la bourgeoise Nouméa. En comparant le mode de vie ou le
décor, la ressemblance avec certains coins d’Afrique est frappante. Plus haut
encore, nous débouchons ensuite dans une large vallée encaissée, habitée par
une seule personne : Reine, la patronne d’un gîte niché dans un écrin de
verdure. Après l’immanquable randonnée matinale dans la nature, nous profitons
du lagon autour de la presqu’île de Pindai, puis alors que nous entamons la
route du retour, le Land Rover subit sa première avarie en 20 ans : roulement
cassé. Mais Philippe est têtu et tient à dormir au camp. Logiquement, 200 km à
30 à l’heure, c’est un peu longuet, sans parler de l’épisode policier.
Une fois l’inondation passée et le 4x4 réparé, je retourne sabrer la jungle, régulièrement seul, et fréquemment sous la pluie. Après deux mois à couper, arracher, tronçonner, ratisser, cette activité purement physique m’use, mais je relève le défi, autant pour moi que pour Philippe, autant pour mon voyage que pour le sien. Et puis il faut bien avouer qu’en travaillant 3 jours par semaine, je gagne déjà l’équivalent d’un salaire correct, sans avoir à me soucier du transport. Finalement, un jour humide de plus vers la fin du mois, alors que je joue du sabre sur le terrain avec mon ami-patron venu à la rescousse, nous finissons par franchir le bois en contrebas pour enfin atteindre la rivière qui coule en contrebas. J’en suis venu à bout, on va pouvoir passer à autre chose. Aussitôt, je réactive les contacts en sommeil, dans le but de dénicher des chantiers de menuiserie, mon vrai métier, en équipe avec Philippe, pour lui renvoyer l’ascenseur, voire seul puisqu’il a la gentillesse de me prêter ses outils si nécessaire. J’obtiens rapidement des touches prometteuses ; à suivre.
Parfois, lors de mes nombreux temps libres, je rends visite
aux rares personnes que je connais, comme mon voisin et copain, Phil. Un soir,
il me convoque de toute urgence. Lui qui se démène comme un fou dans son
camion-snack depuis un an pour un trop maigre résultat, vient de sortir de
l’impasse en jetant l’éponge. Ce matin-là, il a signé un simple contrat de
cuisinier, avec des horaires normaux et un bon salaire ; c’est pour lui
une grande libération, qu’il tient à partager avec moi. Dans la joie et l’allégresse,
la nuit s’éternise ; j’ai rarement vu quelqu’un d’aussi heureux. Quelques
jours plus tard, il a l’excellente idée de m’inviter à une partie de pêche, sur
le bateau d’un copain lourdement équipé. C’est surtout pour moi
l’occasion d’enfin naviguer sur le fabuleux lagon calédonien, son bleu unique, ses dauphins, ses baleines. Alors que je
rêvasse devant l’un de ses minuscules îlots, Phil remonte un gros thazard
argenté d’un bon mètre de long, qui finira dans nos assiettes au diner.
Récemment, j’ai aussi revu une vieille amie, dont j’ai été très, très proche voilà bientôt 10 ans, et soudain plus du tout. Depuis le début de mon voyage, j’attendais de la rejoindre ici. Mais trop occupée par sa vie nouméenne, ou peu concernée, elle ne s’est aperçue de mon arrivée sur le Caillou que 3 mois plus tard. J’ai bien compris n’être plus pour elle qu’un souvenir poussiéreux, mais malgré le temps qui efface, nous avons instantanément retrouvé la même complicité hors du commun ; pendant une toute petite, une très belle après-midi.
Surtout, au fond de ma brousse, sous le préau du camping, je
me permets le luxe rare de ne rien faire des jours entiers, de recharger les
batteries au maximum pour relâcher l’énergie quand viendra l’heure de reprendre
la route. La route, j’y réfléchi d’ailleurs beaucoup : pour finir en
beauté, j’ai décidé de sillonner l’intégralité des pays sud-américains, ils ne
sont que 13 après tout. Et puisque me voilà
en Océanie, le continent-eau, je me verrai bien voguer vers 2 ou 3
nations insulaires, pourquoi pas les
Fidji ou la Nouvelle-Zélande, avant de survoler le gigantesque Pacifique ;
à préciser.
Mais avant de me tourner en détail vers la suite de mon
périple, j’ai pu clôturer le chapitre précédent, en terminant le dossier
comptabilité. Ce jeudi 11 juillet, je fête le 1000e jour de mon odyssée. 1000 lunes,
c’était l’estimation de départ : alors soit, je suis en retard, comme d’habitude,
mais je suis quand même très satisfait d’avoir tenu jusque-là. Au point où j’en
suis, peu m’importe le temps, je commence à distinguer le retour chez mes
parents, à Romorantin. A la louche, je pense pouvoir emprunter la rue de la
Gaucherie, ma rue, d’ici un an. En outre, c’était prévu, j’ai éparpillé l’intégralité
de mes économies. Le calcul est simple : j’aurais dépensé 26 euros par
jour pendant ces formidables 34 mois, dont 17 en Afrique, 8 en Asie et 11
à l’arrêt ; C’est supérieur à la barrière de 20 euros que je me fixe
quotidiennement, mais ça reste raisonnable sachant que je reste souvent sous
les 15, et que j’investis parfois dans un billet d’avion à 500, un safari à 200,
un visa à 50. Pendant tout ce temps, j’ai parcouru la bagatelle de 86 617 km,
à la rue près, j’insiste, et surtout 59 197 sur la Terre ou les mers, en
soustrayant 12 trajets dans les airs. Bien sûr ce chiffre ahurissant ne tient compte
ni des distances parcourues à pied pour gravir une montagne ou traverser une
jungle, ni des aller-retour dans les villes ; surement quelques milliers
de plus et 5 paires de baskets. Et pendant que je traversai 47 frontières et 7
fois l’équateur, à bord de tous les modes de transport possibles et en dormant
dans tous les lits imaginables, en emmagasinant des milliers de photos et en écrivant
un bon millier de pages, je perdais 4kg, déjà repris.
Même si paradoxalement, j’ai parfois un peu de mal à garder les
pieds sur terre, je ne garde pas moins l’objectif final en ligne de mire, et j’entretiens
une motivation intacte. Et même si je vis le plus simplement possible, dans un
pays très cher à la météo maussade, tout va très bien sous le tropique du
Capricorne.
2 commentaires:
il est beau ce pays !!!!!! ya t il des encore des poules sauvages ?????
Merci de nous faire rêver. bonne route. jm
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