la téranga du sénégalais blanc

Depuis Marrakech, je ne suis plus le pilote de mon voyage. En décidant de laisser Gwal, mon ami breton, me conduire jusqu'à Nouakchott, je lui confie également l'initiative. Lorsque nos chemins se séparent, mon attention s'est relâchée, je subis légèrement les évènements. Et après l'atmosphère lunaire de la Mauritanie, l'effervescence sénégalaise me déconcerte vivement. C'est dans cet état d'esprit que j'atteins Dakar et que je retrouve, enfin, un visage familier. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que mon cher ami Yo, fidèle compagnon de mon époque bordelaise, n'a pas prévu de me laisser souffler. La téranga, hospitalité en wolof, n'est pas un vain mot.


Après avoir passé toute son enfance dans la capitale sénégalaise, il est arrivé en France à quinze ans. Mon ami est donc doté de la double culture, caractéristique qui me captive. Lassé de l'agitation et du mode de vie occidentaux, il préfère revenir à ses racines. En attendant de nouveaux projets, il vit chez ses parents, Christine et Patrick, qui habitent, dans un quartier résidentiel, une jolie maison attenante au restaurant africain qu'ils possèdent. Mais Yo, pour des raisons administratives, doit retourner en France quelques temps. Comme nous n'avons qu'une semaine à passer ensemble, il n'y a pas de temps à perdre.


Contrairement à mes habitudes, Yo se mêle peu à la population locale, ne se promène pas dans la rue, n'utilise pas les transports en commun. Qu'à cela ne tienne, j'explorerai la ville plus tard, à ma façon. En attendant, c'est en scooter et à cent à l'heure qu'il me fait découvrir la tumultueuse métropole, s'arrêtant souvent pour me raconter quelque anecdote. J'ai déjà entendu mille fois ces histoires, mais aujourd'hui, impression grisante, je les écoute au milieu du décor. Chaque jour ou presque, après le petit-déjeuner de midi, nous allons nous distraire sur les plages où, gamin, il passait le plus clair de son temps. La plage du lieu de prière, notamment, est un endroit paradisiaque. La petite crique est encadrée de hautes falaises de roche noire et agrémentée de végétation tropicale et de sable blanc. Sous l'humble paillote bricolée, tenue par des locaux que Yo connait depuis toujours, le temps passe paisiblement. On y écoute du reggae en sirotant une bière fraîche, et les palabres interminables sont immanquablement ponctuées d'éclats de rire. On y partage également, sur une planche de surf, un poisson grillé à peine sorti de l'eau. Plus bas vers les vagues, des sportifs se démènent : lutte sénégalaise, course à pied en tournant en rond, musculation sur les rochers. Quant à moi, je pratique plutôt les raquettes, le foot ou la nage, tandis que Yo me montre ses talents de bodyboarder. Et au pied de la falaise, quelques chanteurs et percussionnistes rythment le tout au son des djembés. Evidemment, je ne me gêne pas pour me joindre à eux et taper le cuir. A un moment, au large, un banc de dizaines de dauphins faisant des bonds hors de l'eau interrompt les activités de chacun. Tandis que tout le monde admire ce spectacle rarissime, je me jette à l'eau et nage vers eux, dans l'espoir d'en attirer un ou deux. Bien sûr, je rêve, mais au point où j'en suis de vivre des expériences exceptionnelles, je me dis que tout est possible. Saisir les opportunités est une chose, les provoquer en est une autre.


Yo me présente également quelques uns de ces amis, pour la plupart issus de bonnes familles, et de diverses origines. A part pratiquer le bodyboard et flâner sur la plage, les activités favorites de mon complice restent courir les filles et faire la fête. Et cela tombe bien, la vie nocturne dakaroise est réputée dans toute l'Afrique. Le soir, les sénégalais laissent s'exprimer l'esprit de la danse qui coule dans leurs veines. Accompagnés de quelques copains, nous assistons par exemple à un concert endiablé ; sur scène, d'envoûtants chanteurs se succèdent sur le rythme frénétique de nombreuses percussions, la salle est en transe. Nous visitons aussi plusieurs boîtes de nuit. Certaines, copiant plus ou moins le style européen, sont assez ennuyeuses. D'autres, plus locales, sont plus sombres et l'ambiance y est survoltée. Souvent, alors que la chaleur monte proportionnellement à la descente du rhum, de charmantes jeunes femmes, aux tenues aussi légères que leurs moeurs, nous tombent dessus, presque au sens propre. Vu l'heure et l'état, il est bien difficile de refuser leurs avances... Dakar, c'est chaud !

3 commentaires:

Unknown a dit…

Super le Sénégal Jérome, profite bien et bien sûr n'oublie pas les photos des jolis paysages et des jolies femmes... Continue, Robert

le Jura a dit…

Tu me fait peur Jérome , jamais tu ne pourras revivre en France après tout ce que tu vis ! Fais quand mème attention à ta santé avec un rytme pareil ,le coeur va en prendre un coup . On pense bien à toi .On t'aime Bises du Jura

Brice a dit…

Eh ben voilà ! encore en train de taquiner la gazelle une bière à la main les pieds en éventails.
Bravo, hein, Biloute!

Dire qu'il y en a qui sont contents de retrouver les premiers rayons de soleil du printemps...

Trêve de plaisanterie, je partage les craintes que tu n'en reviendras jamais. Hé! N'oublies pas qu'il reste 287 pays à visiter!

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