atterrissage en douceur




Samedi 22 février 2014 – 1225e jour


Lorsque je terminai la traversée de l’Asie, à court d’argent et d’énergie, je renonçai à visiter l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais alors que je séjournais en Nouvelle-Calédonie, je prenais peu à peu conscience de l’Océanie, et il m’apparut de plus en plus évident que je ne pouvais pas manquer d’explorer, en partie au moins, le Continent Eau. Et quand il fut clair dans mon esprit que je passerai finalement chez les kiwis, je pris un malin plaisir à me concocter un programme démentiel : 7 semaines pour le grand 8.



En survolant le Grand Pacifique, tandis que je passe au Sud du tropique du Capricorne pour la seconde fois seulement, je révise mes leçons. Les deux grandes îles qui composent La Nouvelle-Zélande en font un pays vaste, un peu plus que la Grande Bretagne. Plusieurs facteurs géographiques participent à son caractère unique, tant au niveau de sa topographie très montagneuse que de sa flore hautement endémique : son isolement, puisque l’Australie, son plus proche voisin, est à 2000 km ; son activité volcanique perpétuelle, du fait de sa position sur la ceinture de feu ; et la proximité de l’Antarctique, puisque seule la pointe Sud du continent américain en est plus proche, ce qui implique un climat plus moins tempéré en fonction de la latitude.
C’est aussi l’une des dernières terres à avoir été découverte, puisque ce n’est qu’autour du 13e siècle que des polynésiens naviguèrent jusqu’ici pour fonder la culture maorie. Quant aux européens, britanniques surtout, ils ne s’établirent qu’au milieu du 19e, pour exploiter le bois et développer l’élevage à grande échelle, la colonisation s’amplifiant fortement lors de la ruée vers l’or. L’acquisition et la spoliation des terres conduisirent inévitablement à de violents conflits, qui se conclurent par une diminution drastique de la population indigène.
De nos jours, même si la culture maorie connait une certaine recrudescence, les mœurs anglo-saxonnes se sont définitivement imposées, adoptées par les indigènes eux-mêmes, qui ne représentent guère plus de 8% des 4,5 millions d’habitants. En outre, la nation affiche une démocratie exemplaire, régulièrement classé parmi les plus performante ; 3e pour l’indice de développement humain notamment. C’est d’ailleurs la première fois que je vais explorer une nation occidentale depuis que j’ai quitté l’Europe. Aussi, l’économie est florissante, ce qui implique des tarifs élevés ; je vais donc devoir me serrer la ceinture, préférant dormir sous ma tente ou en dortoir, voyageant en stop plutôt qu’en bus. Il y a également un large panel d’activités disponibles, mais je vais surtout pratiquer mon exercice favori, la marche, dans quelques-uns des nombreux parcs nationaux où j’ai sélectionné une multitude de randonnées mondialement réputées ; ça promet.



Ainsi, j’atterris dans la capitale, Wellington, tout en bas de l’Ile Nord, sachant que je vais d’abord faire le tour de l’Ile Sud. J’y suis accueilli par Malika, une jolie métisse anglo-marocaine, à qui j’ai demandé le gîte sur internet. Elle partage son appartement avec Amanda, une brésilienne aux cheveux rouges et tout de noir vêtue, venue en vacances et jamais repartie, ainsi qu’avec Jason, un maori bodybuildé, par ailleurs banquier et gay ; le mythe du guerrier cannibale en prend un coup. On ne s’ennuie pas avec cette joyeuse équipe, qui représente pas moins de quatre continents, d’autant qu’ils reçoivent constamment de nombreux hôtes. Pendant les 4 jours que je passe avec eux, ils hébergent encore un autre français et une allemande.
Quant à Malika, je dois bien avouer que cette fille a un charme fou. C’est une voyageuse insatiable, qui à 27 ans, a déjà parcouru presque autant de pays que moi. Employé de banque elle aussi, elle travaille pendant un an environ, en économisant la moitié de son salaire, pour ensuite partir explorer une région du monde pendant plusieurs mois. Et même si la pauvre vient juste de subir une opération abdominale, ça ne l’empêche pas de déborder d’énergie. Après une petite heure avec elle, je déchiffre une personne espiègle, perspicace, très indépendante et ouverte d’esprit ; j’ai l’impression de la connaître depuis des années. Plus tard, enfin seuls, nous passons une bonne partie de la nuit à nous raconter nos vies mouvementés. Puisqu’elle est convalescente, je sais que je n’ai pas grand-chose à attendre, mais j’ai quand même droit à un doux baiser.



Flirter, c’est bien gentil, mais j’ai une cité à découvrir. A deux pas, je commence par grimper sur le mont Victoria qui domine la ville, où j’appréhende la topographie des lieux. Tout autour, sur les flancs des montagnes coiffées de forêts de conifères, s’étalent les quartiers résidentiels constitués de jolies maisons victoriennes. En bas, le centre-ville étriqué occupe la seule partie plate des environs, qui longe les rives de la vaste baie de Lambton Harbour. Je suis d’ailleurs le front de mer sur la très chic Oriental Parade et ses superbes demeures, jusqu’au centre, parfaitement organisé, propre, fleuri, et même relativement calme.







Wellington, avec ses 240 000 habitants, s’avère très cosmopolite et vivante, comme en témoigne une quantité impressionnante de cafés et restaurants en tout genre. Les gens sont jeunes et beaux, visiblement en pleine forme, et habillés à la dernière mode ; du moins je suppose. D’ailleurs, je remonte l’alternative Cuba Street, une longue rue piétonne, pour faire un peu de shopping : je négocie un pantalon, sachant que je n’en ai plus porté depuis des mois et qu’il fait un peu frisquet pour se balader en short. Je me rends ensuite dans les bureaux de l’ambassade de France où je dois obtenir un nouveau passeport ; déjà le troisième. Puis je parcours le quartier des affaires, qui se dresse devant le port. De ce côté, de hautes tours modernes côtoient des bâtiments plus anciens, classiques, art-déco, voire carrément baroques. Je grimpe ensuite une autre colline en empruntant le funiculaire, pour redescendre par le merveilleux jardin botanique ; toutes ces plantes sont nouvelles pour moi.



Et si cette ville dégage cette atmosphère particulière, si agréable, elle le doit en grande partie à ses quais : même si on y a conservé les constructions d’époque, habillement réhabilitées, ceux-ci ont subis de lourdes transformations et arborent aujourd’hui de larges promenades, avec des parc, des passerelles, des jeux, où les gens viennent se détendre ou faire du sport.
Et puis je ne manque pas de visiter le musée Te Papa, logé dans un bâtiment massif à l’architecture audacieuse. L’endroit est captivant, novateur et original, mais beaucoup trop grand à mon avis, avec pas moins de 6 niveaux. Entre la préhistoire ou la tectonique des plaques, la faune et la flore, la culture maorie et l’histoire de la colonisation, et même l’art contemporain, je sors de là après des heures l’esprit complétement embrouillé. Heureusement que je vais étudier tout ça sur le terrain.



Enfin, avant de partir à l’aventure dans l’Ile Sud, je passe une dernière soirée en compagnie de ma chère Malika. Une fois notre soif de voyage assouvie, nous imaginons nous installer sur une île déserte, coupée du monde ; nous adopterions un enfant de chaque continent, elle s’occuperait du jardin tandis qui j’irais pêcher. Bien sûr, cette belle conversation n’est qu’une plaisanterie ; quoique.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

yo bon anif!!!!!!!!!!!!!!!!! c cool de voir que tou vas pour le mieux!!!biz fil

Jérome a dit…

merci mon pote ! Comment ca va la calédo ?
bises a la famille

Anonyme a dit…

"Flirter, c’est bien gentil, mais j’ai une cité à découvrir." Héhé! Bon anniv' à la bourre mec. Bises. Owel

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