samedi 1er novembre 2014 - 1477e jour


Dans la nuit, un des chiens recommence à hurler : cette fois je me lève de suite pour lui dire de se taire. En allant me recoucher, j'entends un diesel qui démarre : je sais depuis la nuit dernière que c'est celui de 4h30 et que le conducteur va faire chauffer le moteur pendant dix minutes. Puisque je suis réveillé et que mes affaires sont prêtes, autant partir maintenant. Je finis ma nuit à bord pour ne me réveiller qu'à Santarem, avant d'être déposé à la gare routière. Celle-ci est minable d'ailleurs, et je manque de m'étouffer quand on m'annonce le prix du billet pour Maraba : 260 reales pour deux jours, sachant que cette ville n'est qu'à mi-chemin de Brasilia. Bon, je n'ai pas trop le choix alors vendu. Comme le départ n'est qu'à 14h, je laisse mes bagages et vais faire un tour. Je traverse longuement les quartiers pauvres, modestes bicoques et chemins boueux, puis arpente le centre-ville pendant deux bonnes heures avant de passer un moment dans le même cybercafé qu'avant-hier. Je mange une grosse assiette au marché avant de retourner vers le terminal en bus de ville.



Le véhicule dans lequel je vais passer de longues heures est un hybride, entre le van et le grand car, pour vingt-cinq passagers environ. Je ne sais pas grand chose du trajet qui m'attend, seulement que la chaussée est en très mauvais état et que des bandits de grand chemins tendent parfois des embuscades aux véhicules. Je prends des mesures en sortant mon faux portefeuille rempli de bonnes copies de mes papiers, et je me prépare à planquer les vrais sous mon siège. D'emblée, je constate que je suis tombé sur un sacré pilote. Le bitume est très bon pendant une heure ou deux et il appuie sur le champignon. Puis l'asphalte s'interrompt, des militaires étant en train de continuer les travaux. En effet, la piste en terre, une saignée rouge qui coupe en pleine jungle, est défoncée, mais ça n'empêche pas le pilote de continuer à foncer comme un dingue. C'est peut-être une mesure de précaution mais on est drôlement secoué, sans compter que la climatisation est scandaleusement forte. Il fait 35 degrés dehors et dedans, on se les gèle. Les autres aussi ont froid mais personne ne dit rien. En m'interrogeant, je sors mon cheich et m'enveloppe dans mon hamac.



A part ça, le paysage est triste puisque de part et d'autre de la route, on a éradiqué la forêt pour faire des pâturages. D'ailleurs la région est plongée dans un épais brouillard : c'est la saison sèche, celle des incendies, puisque les fermiers mettent le feu pour gagner toujours plus de terre. C'est le développement paraît-il. Plusieurs fois, nous faisons de courtes haltes dans des villages de western, aux bâtiments éparpillés et couverts de poussière ocre. Même pendant la nuit, le chauffeur continue son rallye et je n'ose imaginer sa conduite quand, pendant les pluies, cette piste n'est plus que boue. Mais c'est surtout le froid le plus gros problème, et je suis ravi de voir qu'on change de véhicule et de chauffeur après la pause pour dîner. Soit on est toujours aussi secoué, mais il fait un peu meilleur. Je m'endors pour me réveiller à 2h du matin, quand on stoppe pour la nuit à Altamira ; déjà douze heures de route. Sur le trottoir, on m'arrête quand je m'éloigne pour me dégourdir les jambes : trop dangereux me dit-on. Bon d'accord, je m'allonge sagement sur une banquette de l'agence pour finir ma nuit.
 


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