Au-delà du Bosphore, l'Asie


En provenance d'Athènes, après un interminable trajet nocturne dans un confortable bus, le long de la Mer Egée, j'atteins Istanbul à l'aube. Ici, l'échelle est démesurée. De larges autoroutes se croisent et se rejoignent, passant au-dessus et en dessous les unes des autres, tandis que de multiples bretelles dispersent un trafic déjà dense en tous sens. Au loin, j'aperçois un complexe de livraison : comme des jouets dans un garage d'enfant, les camions sont alignés par dizaines dans de petits hangars aux enseignes bariolées, alignés sur quatre étages pendant des centaines de mètres. Puis on arrive à l'énorme gare routière : au milieu de la cohue, j'ai besoin de longues minutes pour retrouver mon souffle et mes esprits. Je fini par dénicher la navette qui dessert le centre-ville, et, puisque je n'ai pas de plan et que je comprend encore assez mal le turc, je descend du mini-bus au hasard, sur une large avenue. La circulation des véhicules et des piétons est hystérique. Après une exploration épique de la jungle urbaine durant quelques heures, je parviens, soulagé, à trouver le quartier de Sultanameth, le coeur de la vieille ville, ainsi que mon auberge. Je partage mon dortoir avec un canadien, des néo-zélandais, des anglais, un brésilien, un espagnol, des français ; il y a même un turc...

La mégapole, entre 15 et 20 millions d'habitants répartis sur 400km2, est une cité vieille de presque 3000 ans. Ancienne Byzance des Grecs, elle fut conquise par Alexandre le Grand, puis devint Constantinople, capitale de l'Empire Romain d'Orient ; elle ne devient Istanbul qu'au XXe siècle, lors de la chute de l'Empire Ottoman. Elle est un carrefour des civilisations, tant sur le plan culturel que géographique. A cheval sur deux continents, elle est bordée par la Mer Noire et la Mer de Marmara. Depuis toujours, c'est l'Orient contre l'Occident.C'est aujourd'hui une formidable combinaison de modernité et de traditions, un fantastique enchevêtrement de ruelles entrecoupées de gros boulevards, où s'activent des marchands de toutes sortes et des passants de tous horizons. Les jolies maisons traditionnelles, avec encorbellement de bois, disparaissent sous le béton de l'urbanisation sauvage, en même temps que la pauvreté du present dévore la richesse du passé.
Pendant trois jours, j'arpente ses rues frénétiques, à la recherche de monuments rescapés, et tentant de m'adapter a cette atmosphère enivrante.














Je visite Sainte-Sophie, ancienne église monumentale bâtie au VIe siècle, devenue mosquée, puis musée. Ses pierres et ses mosaïques racontent la riche histoire de la Turquie. En face, la sublime mosquée bleue dégage une profonde sérénité, tandis que les palais, Topkapi et Dolmabahce, que j'admire à distance, dévoile le faste disparu des sultans. Le fameux Grand Bazar est hallucinant : intégralement couvert, il renferme des centaines d'échoppes en tout genre dans un incroyable dédale de ruelles voutées et illuminées ; la foule s'entasse dans ses rues, qui sont chacune dédiées à une activité : épices, fruits, tapis, bijoux, vêtements... Tout ce qui ce vend ce trouve ici.

Je ne manque pas de traverser le détroit du Bosphore à bord d'un de ces bateaux, les "vapur", que les Stambouliotes utilisent quotidiennement. Quand je débarque sur l'autre rive, je marche en Asie. Après une longue ballade le long des quais, je reviens, en dix minutes, en Europe. Du matin au soir, j'arpente de nombreux quartiers aux atmosphères variées. Parfois, de sommaires cabanes de bois et de tôles s'agglutinent au pied d'immenses grattes-ciel futuristes ; ailleurs, ce sont des faubourgs résidentiels calmes aux rues si abruptes qu'on croirait que les immeubles, propres et colorés, penchent. Plus loin encore, un magnifique parc débouche sur une interminable rue commerçante aux facades Art Nouveau ; nous sommes dimanche mais elle est pourtant noire de monde. Puis j'atteins l'antique Tour de Galata, qui domine une très ancienne partie de la ville. Je franchis enfin l'estuaire de la Corne d'Or, le long duquel se massent de nombreux pêcheurs.

Lorsque je quitte, à bord d'un bus, l'envoutante Istanbul, je franchis à nouveau le détroit du Bosphore, cette fois sur un long pont suspendu. Derrière moi, l'Europe. Si mes plans improbables se déroulent comme je l'espère, je n'y reviendrai pas de si tôt...

2 commentaires:

alain a dit…

merhaba arkadac,
Ca y est, te voilà enfin arrivé en Asie à dos de chameau ! Tu vas où à présent ? Par l'intérieur ou par la côté ? Tu es ici dans la cour de jeux que nous aimons beaucoup.
Salaam

Brice a dit…

مرحبا بكم في الشرق. السلام يكون معكم.

Salam Aleikoum. Ahlan wa sahlan.

Que la paix soit avec vous. Bienvenu en orient.

Et fais gaffe à tes fesses.

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