Une petite femme et un grand homme

Depuis mon passage en Grèce, désireux de rencontrer des locaux plus à même de m'expliquer leur pays et afin de réduire mes dépenses, j'envoie, à chaque destination présente sur ma feuille de route, plusieurs demandes d'hébergement via le site internet couchsurfing.com. Belle initiative du réseau qui n'a rien de virtuel, puisqu'elle permet aux voyageurs d'établir un contact avec d'accueillantes personnes du monde entier, mettant à disposition un canapé ou un lit. A Ankara, j'ai rendez-vous avec une jeune turque prénommée Gaya, la première à avoir répondu favorablement à ma requête.

Je la retrouve donc à l'heure et à l'endroit prevu, dans le centre de la capitale administrative de la Turquie. Gaya, 24 ans, étudie avec légèreté la littérature française. Elle vit dans un vaste et confortable appartement, en compagnie de sa mère et de ses deux frères : Kerem, 18 ans, et Deniz, 12 ans. Le papa, qui travaille a Istanbul, n'est que rarement présent. Ils m'accueillent comme un prince et me font vite me sentir comme l'un d'entre eux. Etant sur la route depuis plus d'un mois et ayant pris un méchant coup de froid, la chaleur d'un foyer m'est fort réconfortante. Cette étonnante hospitalité me permet, d'un point de vue général, de rehausser mon appréciation de l'espèce humaine, et, plus particulièrement, les chances de réussite de mon entreprise.Malgré nos différences culturelles, Gaya et moi nous trouvons de nombreux points communs : la soif de liberté est universelle. Je découvre une personne curieuse, attentionnée, futée, rigolote. Elle est aussi charmante, ce qui n'enlève rien à ses multiples qualités... Cependant, en tant qu'ambassadeur de la courtoisie française, je garde respectueusement mes distances. Et tandis qu'elle oublie ses cours pour me servir de guide, une belle complicité s'installe.

Après l'hystérique Istanbul, Ankara ressemble plus à une humble ville de province qu'à une capitale. Résolument moderne, elle subit un développement accéléré après que Mustafa Kemal Atatürk, le père de la nation, la désigne capitale du nouvel état en 1923. Elle passe ainsi, en quelques décennies, d'une bourgade de 30 000 habitants à une métropole de près de 4 millions d'âmes. J'en profite pour étudier l'incroyable destin de cet homme auquel les turques vouent un véritable culte. A la fin de la Première Guerre Mondiale, l'Empire Ottoman, allié des allemands, est envahi par les Alliés. Atatürk, militaire à la carrière exemplaire, refuse de voir son pays démembré par le Traité de Sèvres. Il se révolte donc contre le pouvoir du Sultan en créant un second pouvoir politique, puis organise la résistance contre les occupants. Sous son commandement, les forces turques vont se défaire des armées françaises, anglaises, arméniennes et grecques. Puis tel un dictateur démocrate, il impose, avec ténacite et autorité, la République, ainsi que de multiples réformes radicales ; il inscrit la laïcité dans la Constitution, donne le droit de vote aux femmes, remplace l'alphabet arabe par l'alphabet latin, et mène d'une main de fer une révolution sociale. Si on voulait faire un raccourci simpliste avec l'histoire de France, on pourrait le comparer en même temps à de Gaulle, Napoléon, Ferry et Robespierre... Néanmoins, je n'oublie pas que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs, et qu'elle comporte des parties plus sombres et facilement occultées, tel les questions arméniennes et kurdes.

Amusante anecdote : tandis que Gaya se ballade avec des fleurs que son petit frère doit remettre à la statue d'Atatürk, en l'honneur de l'anniversaire de sa mort, j'achète, pour remercier l'affable maman, une boîte des fameux baklavas, délicieux feuilletés à la pistache. En Turquie, si un couple se promène avec ces deux éléments, cela signifie immanquablement que le jeune homme va demander la main de la demoiselle à son père. Et dans les rues animées d'ankara, on ne manque pas de nous le faire remarquer...
Apres seulement deux jours passés auprès de l'attachante Gaya, nos adieux sont touchants. Dans le bus qui voit nos chemins se séparer, les yeux humides, elle m'embrasse chaleureusement. Dorénavant, j'ai une amie a Ankara.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

H

Anonyme a dit…

Décidement t'as chaussé le bottes de 7 lieux, quel beau parcours depuis un mois, merci de nous faire rêver avec tes anecdotes et magnifiques photos. c'est ton retour en Turquie, nostalgie.
Frank
biz

FAMILLE DU JURA a dit…

BONJOUR DU JURA ET UN GRAND MERCI POUR CE MERVEILLEUX VOYAGE NOUS PENSONS TRES FORT A TOI ET BONNE ROUTE TA MARRAINE

Rodster a dit…

Salut mon pote, petit coucou de ton ancienne adresse, la neige est au rendez-vous, début de saison le Weekend prochain je t'attends a gourette!! Biz prends bien soin de toi et ne discutes pas avec des inconnus, on ne sait jamais. Bonne continuation mec!

Brice a dit…

Ouai, ouai, ambassadeur de la courtoisie à la Française...Tu peux faire l'innocent, fais pas comme si nous ne te connaissions pas.

Et elle t'embrasse chaleureusement en plus. D'un seul coup, on passe de pas une seule présence féminine dans ton voyage à une petite qui pleure quand tu t'en vas.

Le doute s'est immiscer en moi...Bon, au moins, elle aura un bon souvenir de la France

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