L'Adriatique, citadelles et côte sauvage

Heureux de trouver un climat plus clément, je séjourne trois jours à l'auberge de jeunesse de Zadar. Entre ballades et rêveries, je passe de longues heures sur les quais, face à l'ile de Ugljan. La ville, qui compte plus de 70 000 habitants, est une importante destination de villégiature pour de nombreux croates et européens. Ancienne colonie romaine, elle passa ensuite sous diverses dominations : byzantine, vénitienne, autrichienne... Mais l'ancienne forteresse, bâtie sur une presqu'ile, a conservé peu de traces de son histoire tourmentée, puisqu'elle subit de nombreux bombardements lors de la Seconde Guerre Mondiale. Il y subsiste tout de même quelques vestiges romains ainsi qu'une église byzantine du IXe siècle.

Puis, via un bus de nuit, je traverse la Dalmatie et me rends directement à Dubrovnik. J'ai décidé, après moult hésitations, de faire l'impasse sur Split, dont je n'aperçois que les lumières, et sur Mostar, en Bosnie-Herzégovine. D'ailleurs, je passe seulement vingt minutes dans ce pays, via le port enclavé de Neum.

J'explore Dubrovnik sous la pluie. La citadelle est comme posée sur l'eau ; ses remparts sont impressionnants. La ville fut, pendant plus de quatre siècles, la capitale de l'Etat de Raguse, concurrent direct de Venise. Son indépendance prit fin avec l'arrivée des troupes françaises au début du XIXe siècle.
Aujourd'hui, la ville est superbe et semble comme neuve, puisque l'Unesco a financé sa reconstruction suite au bombardements des armées serbes et monténégrines, en 1991 et 1992. A l'auberge, la réceptionniste me raconte qu'à l'époque, les habitants furent privés d'eau et d'électricité pendant trois mois, et que, chaque jour, les bombes pleuvaient. Je reste silencieux lorsqu'elle me demande si je peux l'imaginer...

Le soir, je rencontre Aurélie et Philippe, jeune couple francais parcourant l'Europe en train : la finalité de leur périple est de rencontrer le Père Noel en Laponie, pour les fêtes de fin d'année. Nous passons une belle soirée en compagnie d'autres francophones et, le lendemain, nous nous rendons ensemble, en bus, à Kotor. Lorsque que l'on atteint le Monténégro, le soleil brille à nouveau. La route, de plus en plus sinueuse, file entre des montagnes vertigineuses et la côte ciselée. Puis nous parvenons enfin à la baie de Kotor, terminus et summum du voyage.

En quête d'un hôtel, on est accosté par un vieux bonhomme joufflu et affable ; il ne connait qu'un mot d'anglais : room ! Il nous fait entrer chez lui : la chambre, remplie par trois lits, est un peu sommaire, c'est donc parfait. Il m'écrit le prix sur un papier, 20, que je corrige aussitôt : 15. Son rire retentissant marque son accord. Malgré la barrière de la langue, nous restons un long moment avec lui : on écrit, on mime, on montre des photos. Hugo s'avère très accueillant. Pourtant, quand on évoque Dubrovnik, il nous raconte qu'il s'est battu là-bas. Et je comprend que cette homme si gentil était parmi ceux qui ont tant terrifié la jolie réceptionniste d'hier...

La cité de Kotor, classée au Patrimoine Mondial, est peu étendue, mais plein de charme et très vivante. Mais le plus surprenant, ce sont surtout ses incroyables remparts, qui grimpent au dessus de la ville sur une montagne très escarpée. La récompense, pour avoir escaladé quelques centaines de marches, est une vue fantastique sur la baie.




Le lendemain, je quitte mes premiers compagnons de route : ils prennent la direction de la Hongrie, au nord, tandis que je file vers l'est. Ivan, plombier de 37 ans, m'embarque. Il aime son pays et sa beauté sauvage. J'évoque une fois de plus les récentes guerres d'indépendance ; lui non plus n'y comprend pas grand chose, il a des amis dant tous les états voisins. Enfin, le soir, il me dépose dans le centre de la modeste capitale du Montenegro, Podgorica. Dès demain, je compte rejoindre l'Albanie.

5 commentaires:

Xav a dit…

Ca fait plaisir de te voir sur ces photos de voyages. J'ai failli croire que tu étais en réalité toujours chez tes parents et que tu nous trouvais de jolies photos sur le net. ;-D

Brice a dit…

C'est bÔooo!

Est-ce que la bière est bonne au moins?

Olivia a dit…

Waouh! tu en prends pleins les yeux hein?
xav a raison, c'est cool de te voir sur les photos! des bisous ; )

Jérome a dit…

Xav, tu m'as grillé... En effet, je suis encore à la maison ! Le vieux sur la photo, c'est mon voisin Gérard, et le reste, c'est du photoshop !

Rodster a dit…

Sacre gerard il est partout celui la "geraaard" !! Bonne route mec la rando de nuit : énorme a plus

Enregistrer un commentaire