mercredi 2 décembre 2014 - 1509e jour


Après quatre jours à Paris, j'ai déjà pris des habitudes mollassonnes. Il va pourtant falloir conclure, boucler la boucle et rentrer à Romorantin. Je partirai demain matin et je tiens à retourner à mon point de départ de la même façon que je l'ai quitté il y a quatre ans : en stop. En attendant, comme nombre de mes compatriotes, je me complais dans le confort, au chaud, seul. Comme le matin n'existe pas, la journée passe vite ; même si je parviens à rédiger quelques pages dans ce cahier, j'ai grand peine à me concentrer. Le soir venu, je me motive pour descendre faire quelques courses. Je n'aurai donc rien vu ou presque de la capitale, à part les sous-terrains du métro, alors je fais plusieurs fois le tour de ce grand carrefour minutieusement aménagé. Tout est parfaitement net, bâtiments, rues et trottoirs, et admirablement équipé, éclairage, mobilier urbain design, bus et tramway qui se croisent. Cet environnement m'aurait paru normal il y a cinq ans, mais aujourd'hui j'ai bien conscience du privilège d'être français. Pour les parisiens, la contrepartie d'habiter dans l'une des plus belles villes du Monde, outre les prix exorbitants, c'est de vivre une vie de fou si loin de la nature, filer à un rythme syncopé dans un système oppressant. Dans la supérette du quartier, j'ai de sérieux doutes quant à ma capacité à me réintégrer dans cette société de surconsommation. Je remonte quand même avec du vin rouge et une bonne baguette ; bonjour les clichés. Et puis ma vieille copine rentre de son travail et me raconte sa journée, qui m'apparaît d'une grande banalité. Néanmoins, Olivia conserve encore un peu de sa candeur, celle qui m'avait tant séduite quand elle avait 22 ou 23 ans. J'ai donc plaisir à dîner une dernière fois avec ma belle ingénue, que j'interroge sur nos amis communs ; ça ne va pas fort du côté de Nantes, il va falloir que j'aille là-bas pour voir si je ne peux pas arranger les choses. Mademoiselle va se coucher et je range déjà mes affaires. En mettant chaque chose à sa place, par automatisme, j'ai du mal à croire que c'est la dernière fois que je boucle mon vieux sac.


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