Après
quatre jours à Paris, j'ai déjà pris des habitudes mollassonnes.
Il va pourtant falloir conclure, boucler la boucle et rentrer à
Romorantin. Je partirai demain matin et je tiens à retourner à mon
point de départ de la même façon que je l'ai quitté il y a quatre
ans : en stop. En attendant, comme nombre de mes compatriotes, je me
complais dans le confort, au chaud, seul. Comme le matin n'existe
pas, la journée passe vite ; même si je parviens à rédiger
quelques pages dans ce cahier, j'ai grand peine à me concentrer. Le
soir venu, je me motive pour descendre faire quelques courses. Je
n'aurai donc rien vu ou presque de la capitale, à part les
sous-terrains du métro, alors je fais plusieurs fois le tour de ce
grand carrefour minutieusement aménagé. Tout est parfaitement net,
bâtiments, rues et trottoirs, et admirablement équipé, éclairage,
mobilier urbain design, bus et tramway qui se croisent. Cet
environnement m'aurait paru normal il y a cinq ans, mais aujourd'hui
j'ai bien conscience du privilège d'être français. Pour les
parisiens, la contrepartie d'habiter dans l'une des plus belles
villes du Monde, outre les prix exorbitants, c'est de vivre une vie
de fou si loin de la nature, filer à un rythme syncopé dans un
système oppressant. Dans la supérette du quartier, j'ai de sérieux
doutes quant à ma capacité à me réintégrer dans cette société
de surconsommation. Je remonte quand même avec du vin rouge et une
bonne baguette ; bonjour les clichés. Et puis ma vieille copine
rentre de son travail et me raconte sa journée, qui m'apparaît
d'une grande banalité. Néanmoins, Olivia conserve encore un peu de
sa candeur, celle qui m'avait tant séduite quand elle avait 22 ou 23
ans. J'ai donc plaisir à dîner une dernière fois avec ma belle
ingénue, que j'interroge sur nos amis communs ; ça ne va pas fort
du côté de Nantes, il va falloir que j'aille là-bas pour voir si
je ne peux pas arranger les choses. Mademoiselle va se coucher et je
range déjà mes affaires. En mettant chaque chose à sa place, par
automatisme, j'ai du mal à croire que c'est la dernière fois que je
boucle mon vieux sac.
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