vendredi 28 novembre 2014 - 1504e jour


Réveillé au beau milieu de la nuit sur mon canapé étriqué, j'ai eu grand peine à me rendormir à cause de pensées qui n'en finissaient pas de fuser dans mon esprit. Je me réveille finalement tard, vers 10 h, tandis qu'un gars est attablé dans le salon. Le colocataire mexicain de Maria m'offre gentiment un café, nous bavardons poliment puis Hermès retourne à ses travaux. En silence, j'écris un peu derrière lui avant de me motiver à sortir. Il fait toujours aussi froid dehors, surtout en short, et j'ai rapidement les pieds mouillés à cause de la pluie fine qui traverse facilement mes vieilles godasses.

Rompu à l'exercice, je commence par me rendre Plaza Mayor, entrevue hier. Rénovée en 1690, elle reste l'un des symboles historiques de Madrid. Majestueuse, elle est entourée de bâtiments semblables, trois étages de teinte ocre surmontés de plusieurs tours gothiques. Je tourne un moment sous ses grandes arcades de pierre, à l'abri, afin de choisir par laquelle des six portes je vais sortir. Je continue en me perdant au hasard des vieilles ruelles ponctuées de nombreuses petites places typiquement espagnoles, vraiment charmantes avec toutes ces vénérables demeures et ces arbres aux couleurs de l'automne ; tiens, il y avait longtemps que je n'avais pas vu de platanes. Plus loin, j'atteins les jardins très soignés de la Plaza de Oriente, qui fait face à l'immense cathédrale néoclassique , du 20e siècle, et au colossal et somptueux Palacio Real, qui fut bâtit au 18e pour concurrencer Versailles. Je poursuis jusqu'aux fontaines de la très vaste Plaza de Espana, qui ouvre sur la grandiose Gran Via, l'artère principale du centre-ville. Très large, elle est encadrée d'édifices monumentaux du début du 20e, impressionnant mélange d'architecture Renaissance, Haussmannienne et surtout Art déco. C'est sûr, Madrid est une ville superbe, très bourgeoise aussi, même si la crise touche durement le pays. Pourtant, j'y déambule comme un automate, porté par l'habitude et mes jambes de feu, mais en fait je n'y suis pas vraiment ; j'ai déjà la tête ailleurs. Au fond, je m'en fiche de Madrid, je suis sur la réserve depuis un moment et je dois terminer le voyage.








Je déjeune dans une grande brasserie où pendent des dizaines de beaux jambons, puis j'entre dans une boutique élégante pour enfin acheter un pantalon. Je zigzague encore dans de longue rues piétonnes en me serrant sous les porches des grands magasins, puis je rentre au chaud dans l'un des plus fameux musée du Monde, le Prado. Cet immense édifice du début du 19e abrite les collections pléthoriques des rois, amassés depuis des siècles. Il est si grand et si riche que j'y reste trois bonnes heures à admirer des toiles des plus grands maîtres d'Europe, dont Botticelli, Raphaël, Caravage, Bosch, Brueghel, Rembrandt, el Greco et j'en passe, ainsi que de nombreux chefs d'oeuvre des espagnols Velasquez et Goya. J'y prends donc une monumentale leçon d'art classique, à tel point que j'en ressors sonné. Epuisé aussi puisqu'à 19 h, j'ai marché pendant près de huit heures. Alors je retourne vers le quartier de Maria, que je finis par retrouver dans la rue. Je l'attend dehors pendant qu'elle va nager à la piscine puis nous allons au supermarché, où j'insiste, comme toujours, pour payer l'addition. A la maison, je l'aide à tartiner quelques tapas et à ouvrir les bouteilles, puis son petit ami se pointe. Lui aussi travaille dans le cinéma et m'a l'air d'être un bon garçon. Tout deux forment un couple charmant et font l'effort de parler anglais. Puisque j'ai acheté un billet d'avion pour Paris, décollage demain, je fête avec eux mon dernier jour hors de mes frontières. La soirée s'écoule paisiblement, très agréable, alors qu'ils me questionnent sur mon interminable route : pas de problème, j'ai suffisamment d'anecdotes pour ne pas me répéter pendant des jours et des jours.


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