jeudi 4 octobre 2012 - 720e jour

De bon matin, je retourne dans les jardins du fort, où j’ai durement négocié la veille une activité trop tentante : une succession de tyroliennes que l’on descend à toute vitesse accroché à une poulie ; le matériel et le staff sont anglais, la sécurité est appropriée. Ainsi, pendant un bon moment, je me prends pour Spiderman, fendant l’air au-dessus de la ville. L’épisode est très fun, mais me coûte quand même 1000 roupies (15 euros) : pour me rattraper, pas de resto aujourd’hui, je mangerai dans la rue, et pas de blondes non plus, je fumerai les clopes locales, une simple feuille de tabac enroulée sur elle-même. En sortant de là, je m’égare en cherchant un monument. Devant un modeste temple, le gardien m’ouvre des grilles pour que jette un œil aux statues des divinités. C’est bien gentil mais ce n’est pas ce que je cherche. Ne parlant pas anglais, il me propose alors des petites boulettes sombres que je prends d’abord pour du shit. Par gestes, il précise que c’est un excitant qu’il faut croquer. Septique, je l’invite à essayer d’abord : comme il s’exécute, je me laisse tenter. Le goût très amer me fait grimacer avant d’anesthésier ma bouche, et peu après, je constate l’efficacité du produit. Déjà, la poussée d’adrénaline sur mon fil m’avait mis la patate, mais là, je vole. De la terrasse du mausolée en marbre blanc où reposent quelques-uns des 39 rois du Marwar (la dynastie court depuis 8 siècles), je distingue à l’horizon, à l’autre bout de l’agglomération, l’élégante silhouette d’un grand palais, mon prochain objectif. A marche rapide, je traverse des quartiers résidentiels propres et tranquilles, des places plus sales et agitées, des avenues bondées, et enfin un plateau aride de rocailles et de buissons. Après deux bonnes heures sous un soleil de plomb, j’arrive à l’entrée du dit-palais, vaste construction néo-classique en pierre taillée du début du 20e siècle, qui sert de résidence au maharaja actuel ainsi que d’hôtel de luxe. Vu ma dégaine, je me fais poliment refouler, mais je me rattrape un visitant une aile reconvertie en musée. J’entreprends alors de retourner vers le fort immense en coupant tout droit à travers un parc, une école et un stade, quitte à escalader les murs. De retour dans la vieille ville, côté Est, j’explore ce grand marché très animé autour de la haute Tour de l’Horloge. Je reste courtois, mais le manège des commerçants me fatigue. Je récupère donc mon sac et me faufile jusqu’à ma nouvelle pension, à l’Ouest, que j’atteints à la nuit tombée. Je ne sais pas combien de kilomètres j’ai parcouru aujourd’hui, mais du matin au soir, par 40 degrés à l’ombre, j’ai quand même englouti sept litres d’eau.







 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire