vendredi 28 septembre 2012 - 714e jour


Le réseau ferroviaire est très développé en Inde, et je suis heureux d’enfin circuler en train, ce qui ne m’était plus arrivé depuis la Turquie. J’aime être sur la route, avancer, même si les conditions sont parfois difficiles. Mais là, voyager allongé, seul sur une grande banquette, c’est du bonheur. J’ajouterai que je préfère même être couché dans un vieux train indien qu’assis dans un TGV, surtout que je parcours près de 1000 km pour la somme ridicule de quatre euros. Après l’état du Maharashtra, dont Mumbai est la capitale, ce trajet vers le Nord me voit traverser tout le Gujarat. Au matin, je constate que le paysage a changé : la campagne est encore verte mais bien moins humide, et la végétation beaucoup plus éparse : les arbres sont plus rares et plus courts, beaucoup sont des épineux, des genres d’acacias notamment. Les rizières ont également disparues, remplacées par des champs de céréales qui défilent sans discontinuer. Après ce long trajet sans histoire, je débarque dans la vieille ville d’Udaipur, la cité blanche, première étape de mon périple au Rajahstan, la terre des rois. Le changement est radical ; en parcourant ses ruelles pavées, je suis ébahi par son charme oriental. D’anciennes bâtisses étroites mais hautes, très rapprochées les unes des autres sans aucune logique apparente, couvertes d’un enduit blanc donc, dessinent un labyrinthe de petites rues et de ruelles minuscules. Pendant une seconde, je me dis qu’on c’est ici inspiré des médinas arabes, mais je me rappelle que l’histoire indienne est vieille de 5000 ans, alors que l’Islam n’est apparu qu’au 7e siècle. C’est donc peut-être l’inverse. Pour autant, le style architectural diffère : même si certains bâtiments sont très abimés et d’autres, récents, plutôt vilains, les plus beaux arborent des arcades et des voûtes au rez-de-chaussée, d’élégants balcons clos aux fenêtres des étages et des tourelles ciselées sur le toit. Surtout, Udaipur est encerclée à l’horizon de petites montagnes verdoyantes, et surtout bâtie autour de deux grands lacs. Sur les rives se dressent de splendides demeures bourgeoises de plusieurs siècles, les pieds dans l’eau, ou encore de merveilleux palais, ceux des fameux maharajas. Certains sont même construits au milieu de l’eau, semblant flotter comme des paquebots. Quant aux habitants, ils sont excessivement polis et radieux ; très commerçants pourrai-je dire, puisque l’endroit est touristique, mais pas seulement. Je m’étonne d’ailleurs que quelques-uns parlent un bon français sans jamais avoir mis les pieds dans mon pays, me proposant des babioles ou de l’herbe ; mais je n’achète jamais de souvenirs. Je dine sur le toit d’un restaurant, jouissant d’une vue somptueuse sur de magnifiques bâtisses se reflétant dans les eaux paisibles du lac. Je retourne enfin dans ma pension, une vieille masure qui tourne autour d’une cour intérieure, assez semblable à un riad marocain, tenue par un couple de vieillard. Je me couche tôt car je sais que demain m’attend une longue et belle journée, assurément.

 

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