Le réseau ferroviaire est très développé en Inde, et je
suis heureux d’enfin circuler en train, ce qui ne m’était plus arrivé depuis la
Turquie. J’aime être sur la route, avancer, même si les conditions sont parfois
difficiles. Mais là, voyager allongé, seul sur une grande banquette, c’est du
bonheur. J’ajouterai que je préfère même être couché dans un vieux train indien
qu’assis dans un TGV, surtout que je parcours près de 1000 km pour la somme
ridicule de quatre euros. Après l’état du Maharashtra, dont Mumbai est la
capitale, ce trajet vers le Nord me voit traverser tout le Gujarat. Au matin,
je constate que le paysage a changé : la campagne est encore verte mais
bien moins humide, et la végétation beaucoup plus éparse : les arbres sont
plus rares et plus courts, beaucoup sont des épineux, des genres d’acacias
notamment. Les rizières ont également disparues, remplacées par des champs de
céréales qui défilent sans discontinuer. Après ce long trajet sans histoire, je
débarque dans la vieille ville d’Udaipur, la cité blanche, première étape de
mon périple au Rajahstan, la terre des rois. Le changement est radical ; en
parcourant ses ruelles pavées, je suis ébahi par son charme oriental.
D’anciennes bâtisses étroites mais hautes, très rapprochées les unes des autres
sans aucune logique apparente, couvertes d’un enduit blanc donc, dessinent un
labyrinthe de petites rues et de ruelles minuscules. Pendant une seconde, je me
dis qu’on c’est ici inspiré des médinas arabes, mais je me rappelle que
l’histoire indienne est vieille de 5000 ans, alors que l’Islam n’est apparu
qu’au 7e siècle. C’est donc peut-être l’inverse. Pour autant, le style
architectural diffère : même si certains bâtiments sont très abimés et
d’autres, récents, plutôt vilains, les plus beaux arborent des arcades et des
voûtes au rez-de-chaussée, d’élégants balcons clos aux fenêtres des étages et
des tourelles ciselées sur le toit. Surtout, Udaipur est encerclée à l’horizon
de petites montagnes verdoyantes, et surtout bâtie autour de deux grands lacs.
Sur les rives se dressent de splendides demeures bourgeoises de plusieurs
siècles, les pieds dans l’eau, ou encore de merveilleux palais, ceux des fameux
maharajas. Certains sont même construits au milieu de l’eau, semblant flotter
comme des paquebots. Quant aux habitants, ils sont excessivement polis et
radieux ; très commerçants pourrai-je dire, puisque l’endroit est touristique,
mais pas seulement. Je m’étonne d’ailleurs que quelques-uns parlent un bon
français sans jamais avoir mis les pieds dans mon pays, me proposant des
babioles ou de l’herbe ; mais je n’achète jamais de souvenirs. Je dine sur
le toit d’un restaurant, jouissant d’une vue somptueuse sur de magnifiques
bâtisses se reflétant dans les eaux paisibles du lac. Je retourne enfin dans ma
pension, une vieille masure qui tourne autour d’une cour intérieure, assez
semblable à un riad marocain, tenue par un couple de vieillard. Je me couche
tôt car je sais que demain m’attend une longue et belle journée, assurément.
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