lundi 8 octobre 2012 - 724e jour


De bon matin, je constate une fois de plus que les indiens ne sont pas des lève-tôt ; même à 8h passées, je prends plaisir à me balader dans les rues quasi désertes d’Ajmer. J’attends l’ouverture d’un des palais d’Akbar, célèbre empereur moghol qui régna au 16e siècle sur la majeure partie du Nord de l’Inde et qui fit tant de misères aux maharajas de la région. Je passe le temps en compagnie d’un gentil garçon qui insiste pour me payer le thé, puis une fois les portes du musée ouvertes, j’apprends que celui-ci est fermé chaque lundi. Tant pis, je marche jusqu’à la gare routière et j’embarque pour Pushkar, à une dizaine de kilomètres seulement. Toute petite, encerclée de montagnes pelées, elle est aussi une ville sainte, mais pour les hindous cette fois. Il y a bien une rue assez fréquentée, bordée de multiples échoppes d’artisanat, de restaurants et d’hôtels, mais les autres, poussiéreuses, sont agréablement calmes. Outre un modeste temple, l’un des rares en Inde à être consacré à Brahma, l’un des dieux de la sainte trinité, les croyant y viennent en pèlerinage pour son lac sacré. De grande taille comparé aux dimensions de la cité, il est intégralement entouré de ghats, ces escaliers qui permettent de s’y baigner, ainsi que de monastères. C’est d’ailleurs l’heure pour les moines drapés d’orange d’y faire l’auguste trempette. Pieds nus sur les pierres brûlantes, j’en fais le tour complet avant d’être pris en main par un fidèle sans que j’aie vraiment mon mot à dire. Il trace sur mon front la marque rouge, il me fait répéter les prières, et moyennant un petit billet, il me confie des fleurs et des poudres colorées que je verse solennellement dans l’eau. Bien sûr, je ne crois pas à ce cinéma, mais puisqu’il s’agit de protéger ma famille, je m’exécute de bonne grâce. Un peu plus tard, comme une évidence, je gravis la plus haute montagne des environs, assez raide, toujours surmontée d’un temple. Une fois là-haut, je préfère repartir de l’autre côté, mais sans escalier, la descente au milieu des rochers et des épineux s’apparente plus à de l’escalade. Avec toutes les précautions nécessaires, il me faut un bon moment pour atteindre l’étroite vallée en contrebas. La végétation, des acacias chétifs, est rare, et le sol n’est plus que du sable ; le désert n’est pas loin. La promenade est un peu longue mais plaisante, il y avait trop longtemps que je ne m’étais pas balader en pleine nature. Du haut d’une dune, je contemple le soleil rougeoyant glisser derrière le relief, avant de regagner mes pénates dans l’obscurité.


 

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