jeudi 6 novembre 2014 - 1482e jour



Encore conduit par Ciro jusqu'au pied de son ministère, je poursuis avec méthode mon exploration de cette extraordinaire cité. Sur l'esplanade où se trouve la cathédrale, j'entre dans le dôme blanc, cosmique, du musée national ; pas grand chose à voir à l'intérieur, si ce n'est une modeste exposition de design polonais. En face, je parcours les salles silencieuses de la bibliothèque, dotée d'une façade quadrillée ; toujours en béton, et toujours blanc, comme la plupart des constructions. Il est à noter que lors de l'inauguration de 1960, seuls les principaux édifices étaient terminés. Certains, dessinés à l'époque par Niemeyer, ne furent ajoutés que des décennies plus tard. D'autres encore, bâtis très récemment, furent conçus par ce visionnaire alors qu'il était centenaire (mort en 2012). Je traverse ensuite « l'axe monumental », ce qui prend cinq bonnes minutes, pour m'approcher du théâtre, une sorte de gros trapèze ; pas une grande réussite à mon avis, surtout que le gardien me refuse l'entrée. Me voilà maintenant en plein coeur de la ville, là où les axes principaux se croisent en passant les uns au dessus des autres. Je m'assoie dix minutes pour grignoter au niveau de la station centrale, verticale puisqu'elle dessert tous les étages jusqu'au métro en sous-sol. Il y a foule par ici et elle est nettement plus bigarrée, plus populaire, que dans la zone des officiels que je viens d'achever.







De l'autre côté de cette ligne de démarcation s'élèvent de nombreux buildings de trente ou quarante étages, plus récents et plus banals ; certains rutilants, aux vitres bleutées, d'autres qui datent un peu, décrépis. Au coin, il y a un gigantesque centre commercial à la façade entièrement recouverte de pubs d'au moins 30 m de haut. Je m'y faufile un moment, amusé par le manège de tous ces gens. La plupart sont visiblement aisés, sachant que le niveau de vie de Brasilia est l'un des plus élevé du pays ; normal avec tous ces fonctionnaires et diplomates. Par contre, comme me l'a expliqué Ciro, les pauvres remplissent les banlieues lointaines et la politique des transports publics, volontairement mauvaise à son avis, limite leur présence dans le centre. Je quitte ensuite « l'Eixo Monumental » par une large avenue : de chaque côté, il y a toujours beaucoup d'espaces verts. Je reste perplexe devant l'église Dom Bosco, un gros cube de béton austère. Mais à l'intérieur, c'est une véritable féerie : entre des arches fines, les parois sont entièrement vitrées de petits carreaux bleus, déclinés en douze nuances. Cela donne une superbe lumière tamisée, effectivement propice à la méditation ; Je traverse ensuite des faubourgs résidentiels, toujours strictement agencés : de longues lignes de petites maisons mitoyennes se succèdent, et entre elles alternent une rue avec les places de stationnement avec une belle allée arborée. Brasilia est une utopie qu'on a bel et bien réalisée, et elle fonctionne.





Je marche ensuite longuement dans un grand parc qui me rappelle, avec de petits arbres éparpillés sur une pelouse clairsemée, que la région des plateaux est sèche, surtout la saison fraîche qui est très aride. Loin à l'Est, je finis par revenir sur l'axe central, aux abords bien moins développés de ce côté. Il reste encore de la place même si quelques bâtiments contemporains se dressent déjà. J'observe le mémorial du président fondateur, et entre dans un beau musée circulaire consacré aux indigènes. Et puis je reviens sur mes pas sous un soleil de plomb, en passant devant le centre de convention, immense et futuriste, ou encore le stade Garrincha encore plus impressionnant, tout juste construit pour la coupe du monde. Enfin, je conclue ma balade en montant dans la tour de télécommunication. Je profite de la vue depuis la mezzanine à 25 m de haut, mais malheureusement l'ascenseur qui va plus haut est en panne. Voilà, je marche depuis 6 ou 7 h, j'ai dû plier 25 km et j'ai vu tout ce que je voulais voir de cette ville fascinante.





Bien fatigué quand même, je rentre à l'appartement vers 16 h, qui est toujours très calme puisque les occupants, lorsqu'ils sont là, restent enfermés dans leur chambre. Ciro rentre, plus joyeux qu'hier, et nous reprenons nos conversations. Nous parlons cette fois de nos vies, de nos familles, de nos voyages. Nous évoquons aussi l'homosexualité puisque même s'il le cache bien, j'ai deviné qu'il était gay. Je lui raconte qu'il n'ai pas le premier à m'héberger, après l'excellent Deniz en Turquie, ou d'autres en Thaïlande, en Indonésie ou en Nouvelle-Zélande. Et sur ce, il m'emmène boire un verre de l'autre côté de la ville, dans une zone luxueuse au bord du lac, où des bars et des restaurants chics sont entourés de jardins soignés. De retour dans sa chambre avec une pizza, nous prolongeons tardivement nos bavardages.




1 commentaire:

Cara a dit…

Cette ville a l'air fascinante ! Pas sûre que c'est ce que j'aimerais le mieux visiter, mais le fait qu'elle ait été planifiée de A à Z est vraiment étonnant.

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