lundi 3 novembre 2014 - 1479e jour


De bon matin, je me mets en quête de mon bus : celui qui va directement pour Brasilia coûte une fortune et il ne part qu'à 10h. Je me laisse donc convaincre pour un autre à destination de Goiania, à 200 km de mon objectif, pour un prix plus raisonnable. Après deux bonnes heures d'attente, je m'installe dans le fauteuil confortable d'un grand bus à étage assez récent ; je vais y rester 23 h. Avec près de 2000 km d'un coup repartis sur quatre jours, mon dernier grand trajet sera donc le plus long de tous, et l'un des plus pénible ; mais j'encaisse sans sourciller, sachant que chaque kilomètre parcouru me rapproche un peu plus de la maison. Boucler la boucle, enfin. D'ailleurs, depuis quatre ans, j'ai toujours voulu ne penser qu'au présent mais dorénavant, le passé me revient de plus en plus souvent en tête, des flashs désirés ou non de cette fabuleuse épopée. Et aussi, de plus en plus fréquemment, des questions sur le futur résonnent dans ma caboche ; le futur proche surtout, sachant que je vais devoir démarrer une nouvelle vie en partant de zéro. Pas d'inquiétude néanmoins, je suis serein, j'ai bientôt accompli mon rêve insensé et ca, ca n'a pas de prix. C'est un peu comme si j'allais renaître, mais avec une expérience prodigieuse, doublée de l'immense satisfaction de connaître le Monde.



Pendant que je me perds dans mes pensées, le Monde, il continue de défiler sous mes yeux, encore et toujours. Quand les pâturages ne s'étendent pas à perte de vue, la forêt change, s'éclaircit à mesure que nous montons sur le grand plateau brésilien, pour devenir une savane arborée fournie. Quant à la route, elle s'améliore d'heure en heure tandis que nous effectuons des arrêts réguliers dans des villes anonymes. Pour le déjeuner, comme mon corps tourne au ralenti, je me contente d'avaler des biscuits. C'est tout l'état du Tocantins que nous traversons aujourd'hui, et nous finissons dans l'immense salle de restaurant d'une non moins immense station-service. Je finis par m'endormir tant bien que mal en cherchant en vain la bonne position sur mes deux sièges, emmitouflé dans mon sweat et mon hamac pour contrer la température frigorifique de rigueur.

 

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