mardi 18 novembre 2014 - 1494e jour


Avant de raconter cette belle journée, je dois préciser que j'ai eu une excellent conversation hier soir, avec ma copine belge et un charmant monsieur de soixante ans environ qui partage mon dortoir. Comme il nous offre un verre de vin, nous nous asseyons avec lui. Il nous apprend qu'il est un vrai carioca, qui est né et a vécu toute sa vie à Rio avant de partir à la campagne pour faire du fromage. Son anglais est approximatif mais qu'importe, ce type est brillant. D'une voix posé et plein d'humilité, il nous parle de ses voyages, plus jeune, de ses filles, ainsi que de l'évolution de Rio et du Brésil. La discussion se prolonge jusqu'à 1h du matin et, fan de musique comme tous les brésiliens, il me donne plein de tuyaux sur les lieux où en écouter ; je n'attendais que ça.

Levé tard donc, je prends tout mon temps pour déjeuner en feuilletant un National Geographic ; et puis comme le virement de mes toutes dernières économies est effectif, j'achète mon billet d'avion pour Madrid, pour 500 euros : départ dans une semaine, le 26. Vers midi enfin, je décolle, et je poursuis mon exploration de Rio en remontant depuis le Sud. Les yeux grands ouverts, je patrouille longuement dans le secteur de Botafogo, situé entre les plages au Sud et le centre au Nord, et engoncé entre plusieurs pics granitiques, dont le vertigineux Corovado surmonté du Christ 700 m plus haut. Ce quartier ressemble à ceux que j'ai déjà vu, tout en étant un peu moins luxueux. Il y a de grandes avenues, des rues plus étroites et de vastes places, toutes très arborées et assez animées. Quelques vieilles bâtisses classiques se retrouvent cernées entre des grappes d'immeubles immenses. Sur les hauteurs, une favela aux bicoques bariolées voisine avec un quartier résidentiel de villas très distinguées. Gauche, droite, droite, gauche, j'entre ensuite dans un très vaste cimetière où des centaines de statues d'anges veillent sur les sépultures gothiques. Je prolonge sur un boulevard commerçant puis escalade une colline pour prendre une collation au calme. De là-haut, je peux contrôler tout le chemin que je viens d'accomplir, et de l'autre côté, surgit d'entre les arbres le fameux Pain de Sucre ; c'est décidé, je vais aller le voir de plus près.







Comme toujours, je marche à vive allure, traverse plus lentement une honorable université, et aboutit à une superbe petite crique encadré par deux montagnes. Sur le flanc de l'une d'elles, un sentier s'enfonce dans les bois en direction du Pain de Sucre. La question ne se pose pas, je m'engage joyeusement, sans même chercher à savoir combien coûte le téléphérique qui glisse dans le ciel. Au bout du chemin qui surplombe l'Atlantique, un panneau interdit de continuer sans un guide professionnel : exactement ce qu'il ne faut pas me dire. Je commence à grimper mais rapidement la pente devient impossible : le roc colossal s'élèvent devant moi, incroyablement vertical, à 400 m au dessus de la mer. Planté juste à l'entrée de la Baie de Guanabara, il en est la vigie naturelle. En revenant sur mes pas, je ne peux pas m'empêcher de m'enfoncer dans la jungle en espérant trouver un passage entre les deux pics. La végétation n'est pas si dense et après peut-être 1h30 d'ascension, je bascule en effet sur l'autre versant. La pente est bien trop raide par ici, alors je suis un sentier qui me conduit au sommet du Morro da Urca. Puisque le téléphérique s'arrête ici, il y a une grande plate-forme aménagée, avec plusieurs bars et leurs terrasses panoramiques, très chers évidemment. Je profite un moment de la vue fabuleuse et redescend au pas de course.





De retour à Botafogo, comme j'ai besoin d'un pantalon pour éventuellement sortir ce soir, j'arpente un immense centre commercial ultramoderne de six étages, mais j'en ressors bredouille et retourne à l'hôtel. Là, Sophie, la belge, est disposée à aller voir ce concert dont nous a parlé ce vieux carioca hier. Nous ressortons vers 23h pour aller en plein centre à Lapa, le quartier le plus animé de la ville. Néanmoins, en ce mardi, c'est plutôt calme. Nous sirotons une bière au pied d'un grand aqueduc où joue une fanfare composée d'une bonne quarantaine de musiciens, puis nous flânons dans les rues en bavardant. L'établissement que nous visons est fermé mais nous effectuons plusieurs haltes devant des bars où se produisent des groupes. Nous rentrons finalement vers 1h30 : j'ai dû marcher environ dix heures aujourd'hui, je suis exténué.



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