Tandis
qu’Olivia rattrape son sommeil en retard, j’écris face à l’océan, sur la
terrasse panoramique ; mon nouveau bureau de roi. Sur ce merveilleux
perchoir, la brise marine me souffle l’inspiration. Mon amie me rejoint alors,
déjeunant silencieusement à mes côtés. Nous partons ensuite à la recherche
d’une plage accueillante. De la route longeant la côte, nous en dépassons
quelques-unes bien trop peuplées à mon goût. Plus loin, interpellé par
l’inscription « impossible beach » taguée sur un mur, je pile devant
un minuscule sentier pentu. Un bas d’un escalier tortueux, dissimulée par
d’énormes rochers, nous découvrons alors un petit coin de paradis totalement
désert. Olivia, pas rassurée par les violentes vagues qui s’écrasent au pied de
la falaise, reste barboter au bord, tandis que je lutte avec bonheur contre les
éléments. Nous nous approprions alors une jolie paillotte de bambou inoccupée :
madame fait la sieste tandis que je feuillette en riant un triste journal
français. Et puis la faim finit par nous tirer de cette douce torpeur. Nous
roulons donc à travers la campagne encore sauvage de la péninsule, qui ne le
restera pas longtemps : comme le laisse présager d’immenses travaux de
terrassement, elle sera bientôt défigurée par de gros hôtels. Dans un coin
perdu, nous stoppons devant un restaurant espagnol classieux. Je manque de
m’étouffer devant les tarifs, mais les plats, tellement éloignés de la cuisine
de rue dont j’ai l’habitude, sont réellement délicieux. Surtout, le tableau est
là encore superbe : Olivia profite de la piscine à débordement, suspendue
entre ciel et mer. En fin de journée, à proximité de notre pension, nous visitons
l’important temple d’Uluwatu. Le sanctuaire n’est pas accessible, mais sa
situation est exceptionnelle : à l’extrême Sud de l’île, il est bâti à
l’aplomb d’une énorme falaise, peut-être 300 m de haut ; tout en bas, d’impressionnantes
rouleaux déferlent depuis l’Antarctique. Et tandis que le soleil se couche,
nous assistons à une surprenante représentation du Ramayana. Au milieu de très
nombreux visiteurs, je ne suis pas convaincu par l’authenticité de la
représentation, mais les danseurs de cekak, grimés en dieux et en démons, font
de leur mieux pour amuser la galerie. Surtout, les rythmes entêtants, entonnés
à la bouche par une centaine d’hommes en transe, dégagent une force mystique.
Pour conclure cette magnifique journée, ma vieille amie et moi évoquons
longuement le passé en trinquant. Dans ses bagages, elle a eu l’idée pétillante
d’emporter une bouteille : rien de moins que du champagne.
1 commentaire:
bon au moins, elle ne t as pas ramene du camembert... ha! les francais et leur pinard...
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