De bon matin, comme je n’ai pas l’intention d’infliger
encore à Olivia de tourner dans l’invraisemblable labyrinthe de Denpasar, je la
laisse dormir et je m’y colle seul. Et malgré la répétition, le jeu de piste
reste ardu. Mais cette fois, je ne traîne pas dans le bureau de
l’immigration : quand j’entends que le réseau ne fonctionne toujours pas, je
prends instantanément la décision de mettre les voiles sans mon passeport.
Après tout, c’est de leur faute, on ne pourra pas me le reprocher. Sur le
retour, je rends la moto et reviens à l’hôtel avec deux ojek (taxi moto), qui
nous déposent dans la foulée à la gare routière, en périphérie. Ici, je suis
dans mon élément, et je jette nos sacs dans un vieux minibus au départ. Mais il
est déjà midi et nous sommes les premiers passagers : en avalant une soupe
sous une bâche, j’indique à ma copine qu’il va falloir s’armer de patience. Une
heure plus tard, alors que personne n’est venu remplir le véhicule, le
chauffeur m’offre de nous conduire, rien que nous deux ; comme le prix est
honnête, je cède. C’est donc dans un bémo privé que nous battons la campagne en
direction d’Ubud, une petite ville distante d’une vingtaine de kilomètres dans
les terres. Elle est connue comme étant le coeur artistique de Bali, tandis que
les étrangers friands d’une supposée spiritualité en ont fait une étape prisée.
Notre carrosse nous laisse à l’endroit indiqué, mais l’adresse est complète. Je
déchiffre alors méthodiquement le guide, mais mon choix se situe à l’opposé.
Nous voilà donc partis, sac au dos et plan à la main, sur une jolie petite
route champêtre, en plein soleil. Plus loin, nous bifurquons vers le centre, urbanisé
soit, mais sans commune mesure avec la pagaille de la capitale. Après une
courte pause durant laquelle je taquine quelques singes farceurs sous le regard
inquiet d’Olivia, nous pénétrons dans une jolie petite cours pavée, agrémentée
de moult arbustes à fleurs. Autour, trois ou quatre petits logements
individuels, dans le plus pur style balinais, sont admirablement soignés.
Ainsi, nous posons nos bagages dans une véritable maisonnette de conte de
fée : des murs en briques rouge, ornés de bas-relief exquis taillés dans une
roche grise, des menuiseries raffinées, et l'ensemble prolongé par une jolie terrasse couverte. Divisée par deux, la facture reste raisonnable, et ça me
change nettement de mes taudis habituels. Et pour couronner le tout, nous avons
le droit d’utiliser la piscine de l’établissement voisin, nichée dans un
magnifique jardin tropical. Comblés par tant d’élégance exotique, nous laissons
filer l’après-midi en nous délassant dans l’eau tiède.
1 commentaire:
tu m etonnes que ca ne ressemble pas aux taudis habituels...ca ressemble a du 4etoiles!
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