vendredi 8 mars 2013 - 875e jour

Premier levé, dès 7h, je fonce droit sur le point le plus haut du village, à 100 m à peine. Et la vue qui s’offre à moi est prodigieuse : me voilà planté en haut d’un rempart vertical de 200 m environ, qui encercle une gigantesque caldeira de plus de 10 km de diamètre. Au beau milieu d’une mer de cendre se dressent plusieurs cônes volcaniques de taille moyenne, dont le Batok verdoyant, à la forme régulière et aux pentes fripées, et surtout le Bromo gris anthracite, éclaté sur son flanc Est, laissant échapper d’épaisses volutes blanches. Si ce dernier est si célèbre, il le doit à ce décor exceptionnel et à sa facilité d’accès, mais surtout à son intense activité du siècle dernier. Assoupi depuis 20 ans, il continue néanmoins de fumer sans interruption. A deux pas, j’achète à la boutique un café et une brioche que j’avale devant cet étourdissant spectacle de la nature. Je suis rejoint une heure plus tard par Vincent et Bruno, qui restent eux aussi sans voix. De notre perchoir, nous repérons un itinéraire et sans plus attendre, nous dévalons joyeusement la falaise. En bas, pendant que nous parcourons ce désert noir, le soleil commence à taper ; sous son action, l’eau de pluie accumulée dans le sol s’évapore, et les nuages se forment littéralement sous nos pieds. Après être passé dans un petit temple hindouiste, nous entamons la courte ascension du volcan sacré. Je ne peux pas m’empêcher de cavaler dans les escaliers et au sommet, à 2330 m d’altitude, nous scrutons un moment l’angoissant cratère, un trou béant qui semble sans fond. Sujet au vertige, je ne suis pas rassuré quand nous longeons ensuite la crête, par endroit pas plus large qu’une chaussure. Puis nous descendons par le versant opposé, désormais dans la brume. Les irruptions ne coulent plus de ce côté depuis longtemps et nous nous faufilons sur un étroit sentier envahi de hautes herbes, de buissons et de conifères, avant de traverser à nouveau la mer de cendre jusqu’à village. Avec cette superbe randonnée de 4h environ, je suis dans ma moyenne, mais mes camarades sont fatigués. Après une longue pose dans un restaurant, ils rentrent se reposer tandis que je me consacre à l’écriture une bonne partie de l’après-midi. En effet, hébergé depuis plus d’une semaine, je préfère me consacrer à mes hôtes plutôt qu’à la rédaction de mes aventures, mais le retard s’accumule. Après la pluie et juste avant la fin du jour, Bruno me propose de sillonner le charmant village qui s’étale sur les coteaux. Nous y achetons quelques biscuits et des fruits pour notre expédition de demain, puisque nous prévoyons de grimper en pleine nuit sur le point le plus élevé du rempart. Le lever du soleil, paraît-il, n’est à pas manquer. Après un bon diner, nous nous couchons donc très tôt, dès 21h, dans nos chambres fraîches, humides et poussiéreuses.


















2 commentaires:

Anonyme a dit…

superbes paysages et très jolies photos.
Albin

Cara a dit…

Un vrai paysage lunaire...

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