Cette fois, c’est mon dernier tour de moto dans les environs de Yogya, encombrée à cette heure matinale de milliers d'autres deux roues. Par chance, la mienne tombe en panne d’essence à 100m à peine de mon lieu de rendez-vous. Puisqu’il m’aurait fallu moult changements et un temps fou pour atteindre ma prochaine destination, j’ai réservé la veille un confortable monospace, direct, que je partage avec seulement deux passagers français. Vincent, 23 ans, et Bruno, de vingt ans son ainé, sillonnent le Sud-Ouest asiatique depuis de longues semaines. Ces deux-là sont de joyeux lurons et leur compagnie atténue agréablement la longueur du trajet. Au frais et bien installés, nous somnolons la majeure partie de la matinée. Que nous traversions des patelins ou des campagnes, les abords de la route sont constamment urbanisés, tandis qu’au Sud défile les hauts sommets de la ceinture de feu. Nous repartons après un bon déjeuner en échangeant nos aventures. Mes camarades sont des voyageurs expérimentés, surtout Bruno, qui me rappelle de bons souvenirs en me parlant de l’Afrique de l’Ouest. Ils me content aussi, photos à l’appui, leur séjour au Philippines qu’ils viennent d'achever. Comme le trajet n’en finit pas, je passe sur la banquette arrière pour dormir un peu, puis nous entamons de nuit l’ascension d'un très ancien volcan géant, dont nous atteignons enfin le sommet vers 21h. Après la chaleur de la campagne du bord de mer, je respire l'air frais de la montagne. En effet, au village de Cemoro Lawang, perché à 2000m d’altitude, il fait vraiment frisquet. Avec les températures caniculaires que je supporte depuis des semaines, c’est appréciable, même si je dois quand même sortir mes vêtements d’hiver, enfouis au fond de mon sac depuis l’Himalaya. Dans notre humble guesthouse, nous dinons une soupe lyophilisée de nouilles précuites avant d’aller nous blottir sous de grosses couvertures polaires.
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