jeudi 28 février 2013 - 867e jour


Comme Zulfa habite à 30 km au moins du centre-ville, Kathleen et moi, pour ne pas perdre notre temps et notre chemin, préférons partir avec elle alors qu’elle va au bureau. Le réveil, vers 6h30, est un peu trop matinal à mon goût, mais le petit-déjeuner que nous sert la maman est une belle compensation : un véritable festin nous attend sur la table, du riz bien sûr, mais aussi un tas de beignets et de fruits variés. Nous expérimentons ensuite la vie quotidienne de millions de Jakartanais : d’abord une vingtaine de minutes de scooter dans le trafic, à trois sur la selle, jusqu’au parking de la gare. Le train étant le seul transport en commun hormis le bus, les wagons sont bondés. Mes copines descendent trois quarts d’heure plus tard, tandis que je continue jusqu’au dernier arrêt. Entre les attentes et les changements, le trajet m’aura pris trois bonnes heures. Me voilà au cœur de la vieille ville, Kota. Juste devant la gare art-déco et un gros carrefour, je me pose en haut d’un escalier, muni d’un café, pour tenter de déchiffrer cette invraisemblable pagaille : un trafic monstre engendrant un vacarme et une pollution infernales, des bâtiments délabrés pour la plupart, et une foule compacte qui se bouscule sur des trottoirs encombrés de marchands ambulants et de mendiants. Je m’en extirpe en me faufilant jusqu’à la vaste place Fatahillah, le cœur de l’ancienne Batavia, capitale des Indes néerlandaises fondée au 17e siècle. Puisque fermé à la circulation, l’endroit est paisible, et les grandes bâtisses coloniales, simples mais authentiques, lui donne un cachet remarquable. Je ne manque pas la visite de l’hôtel de ville transformé en musée, et je retourne dans le chaos. Je longe un de ces canaux creusés par les hollandais, devenu une décharge nauséabonde, jusqu’à un vieux pont-levis. De l’autre côté s’étend un quartier d’une misère effarante : des taudis lamentables bricolés les uns sur les autres s’entassent au milieu des ordures et d’égouts infâmes. La densité humaine est énorme et l’insalubrité atteint des sommets ; pourtant, les habitants saluent l’étranger avec un enthousiasme déconcertant. Tout au bout, à l’extrême Nord de la ville, j’atteints le vieux port : des barques fatiguées et quelques vieux bugis, ces gros voiliers en teck, sont amarrés sur les quais tandis qu’au loin croisent d’énormes porte-conteneurs. De retour sur cette jolie place, j’ai une intéressante discussion théologique avec un homme désoeuvré d’une cinquantaine d’année : je l’embauche comme guide pour voir le musée des marionnettes, un brin désuet, un art qui fait partie du patrimoine culturel du pays. Plus tard, sur un grand boulevard irrespirable, je m’aperçois que je déambule depuis 6h au moins. C’est assez, je prends un bus pour me rendre au point de rendez-vous, du côté de la nouvelle ville, nettement plus moderne. Dans un fast-food, je retrouve Kathleen, pas très bavarde, puis Zulfi nous rejoint avec sa bonne humeur habituelle et une de ces amies. A la nuit tombée, nous allons diner sur une de ces petites places, coincée entre deux buildings, ou des dizaines de stands proposent de la cuisine de rue. Nous finissons la soirée en papotant dans un bar international, puis nous rentrons tard, comme la veille, par le dernier train.
 





 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire