lundi 11 mars 2013 - 878e jour


Depensar, la capitale de Bali de plus de 800 000 habitants, est le dernier endroit de l’île où les touristes voudraient passer leurs vacances. Mais je tiens avant tout à me reposer et je refuse d’entamer le moindre trajet. Surtout, comme j’ai deux ou trois missions à accomplir ici, l’extension de mon visa notamment, je me mets en quête d’un nouveau logement mieux placé. Et puisque les taxis et les motos veulent me surtaxer, je continue à pied. Je tourne pendant une heure au moins dans les faubourgs peu avenants de la cité, semblables à tant d’autres en Indonésie. Mais une fois dans le centre je suis agréablement surpris : plus propre et mieux agencé, j’y découvre surtout l’architecture balinaise caractéristique. De nombreux bâtiments, même neufs, perpétue joliment la tradition : des murs de briques orangées dessinant des motifs géométriques, agrémentés d’ornementations de pierre grise délicatement sculptées de motifs floraux. Les menuiseries sont superbes et moult statues viennent appuyer le caractère de l’ensemble. Dotée d’une culture spécifique, l’île est restée une enclave hindouiste dans un pays musulman : c’est une évidence tant les temples sont omniprésents. Et pour couronner le tout, on prépare le Nyepi, le nouvel an lunaire qui débute demain : ce soir, on réveillonne, et la ville est en effervescence. Ainsi, je croise plusieurs processions de gens vêtus de blanc emportant des offrandes, et surtout d’incroyables statues de carton-pâte, représentant de gros monstres plus effrayants les uns que les autres ; ça promet. Mais en attendant, comme tout est fermé pour l’occasion, je suis refoulé par plusieurs hôtels. Après deux bonnes heures de marche sac au dos, je déniche finalement une chambre dans un bel établissement, abordable et à l’écart de l’agitation. Au patio, j’entame mon travail de rédaction, mes écrits étant sérieusement en retard. Lorsque je ressors en début de soirée, c’est le chaos le plus total. On dirait bien que tous les balinais se sont donné rendez-vous : une foule délirante festoie bruyamment en assistant au défilé des ogoh-ogoh, ces démons de pacotilles, soutenus par un armée de porteurs représentant chacune un quartier. La plupart sont suivis d’un chariot emportant d’énormes enceintes et un DJ, et certaines sont accompagnés d’un orchestre traditionnel jouant des rythmes enivrants. L’euphorie me gagne moi aussi alors que je me faufile dans cette invraisemblable cohue. Je n’étais pas spécialement ravi de m’arrêter à Denpasar, mais j’ai décidément beaucoup de chance : découvrir cette cité ce jour précis, dans une telle ambiance, on ne pouvait pas rêver mieux. Soit, le bouddhisme est une religion que j’apprécie, pacifique et tolérante, mais quand il s’agit de faire la fête, les hindous sont imbattables. Je reste stupéfait d’assister, dans une ville pas si grande, à une fiesta pareille.





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