lundi 4 mars 2013 - 871e jour

Pendant cette nuit pénible, j’ai dû me retourner 100 fois sur mes sièges, si bien que je suis heureux de voir poindre les premières lueurs de l’aube sur les rizières qui défilent. Après 10h sur les rails, Kathleen et moi débarquons enfin à Jogyakarta, la ville des arts, réputée la plus belle de Java. Je n’ai pourtant demandé l’hospitalité à personne ici, mais un jeune homme voyant sur mon profil que j’étais dans la capitale m’a proposé de m’héberger, et une invitation ne se refuse pas. Comme ma camarade a également trouvé un hôte, nous somnolons deux heures dans un café en attendant une heure plus acceptable pour appeler nos contacts respectifs. Sutardi, 23 ans, vient me chercher à la gare en moto, et puisque c’est moi qui paye la location, je réclame le guidon. Nous sortons de l’agglomération pour rouler une bonne demi-heure avant de stopper pour manger un morceau. Mon nouvel ami m’explique être étudiant en audiovisuel et habiter avec ses parents, d’humbles paysans, et deux de ses frères. Il m’avoue aussi son homosexualité, qu’il doit pourtant cacher à sa famille et à la plupart de ses amis. Il a bien un petit-ami hollandais, à l’Ouest de Java, mais il refuse d’aller vivre à la ville avec lui. A Bantul, son village, nous roulons dans de magnifiques allées très étroites, envahies d’une végétation luxuriante qui dissimule de petites cahutes. Devant sa maison de briques et de tuiles, simpliste mais récente, il me raconte que la précédente s’est écroulée lors d’un tremblement de terre, en 2006. La famille a dû dormir dehors pendant deux mois, et deux ans plus tard, grâce aux maigres subventions du gouvernement, ils ont finalement pu construire celle-ci. Dans le minuscule jardin se trouve un puits, les latrines et un abri pour quelques chèvres ; l’intérieur, des plus rudimentaires, est composé d’une cuisine noircie par la fumée, d’une salle à manger relativement spacieuse et de trois petites chambres. Sutardi m’offre gentiment son lit, juste des planches posées sur un cadre. Ensuite, impatient de me rafraîchir, je nous conduis à la mer toute proche. Les vagues qui déferlent sur le sable noir sont suffisamment violentes pour que la baignade soit interdite, et même en prenant bien garde de rester au bord, je me fais rudement secouer. Dans la soirée, après une sieste réparatrice, la maman me sert une grosse assiette de riz et de nouilles, agrémentés de trois brindilles vertes ; pour la remercier de son hospitalité, je lui donne un gros billet de 100 000 (8 euros). Puis Sutardi, fasciné par les occidentaux, insiste pour que nous retournions en ville pour nous joindre à un repas d’expatriés. Dans un bon restaurant, au milieu entre autres d’un hollandais, d’une finlandaise, d’un néo-zélandais ou d’une russe, je m’efforce de participer à une conversation qui ne m’intéresse que très moyennement, tandis que mon jeune ami ne dit bizarrement pas un mot.


 
 







 
 

1 commentaire:

Cara a dit…

Séjourner dans un petit village comme celui-ci, c'est de la vraie aventure... et la magie de couchsurfing.

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