mercredi 6 mars 2013 - 873e jour

Je ne suis pas encore parti que Sutardi attend déjà un nouvel invité. Après le copieux petit-déjeuner, qui ressemble beaucoup au diner d’hier, je m’impatiente en révisant mon indonésien. Puisque l’américain n’appelle pas, nous partons enfin vers 10h vers Borobudur, le plus fameux site historique du pays. Mon guide, à l’arrière de la moto, a la bonne idée d’éviter l’itinéraire habituel. Ainsi, nous roulons sur une toute petite route déserte à travers une superbe campagne. La nature plus sauvage des hauteurs l’est tout autant, mais je suis quand même content d’arriver après deux heures de pilotage. Quand on a vu Angkor, le temple de Borobudur, annoncée comme le plus grand monument bouddhiste au monde, se révèle plutôt modeste. Mais pour les archéologues, qui ne savent que peu de choses à propos de la dynastie des Sailandra, les bas-reliefs sculptés dans la pierre volcanique sont une mine d’informations sur la vie d’alors. Bâti vers l’an 800, il était en ruine lorsque les colons le dégagèrent de la cendre. Plusieurs fois restauré depuis, il expose désormais au grand-jour sa forme délicate de stûpa, tandis que vue du ciel, sa base carrée de 123m de côté dessine un mandala. En arpentant les quatre galeries inférieures, les sculptures dévoilent, outre la vie quotidienne, la vie de Bouddha : j’y retrouve des lieux sacrés précédemment visités, comme Lumbini au Népal ou Bénarès en Inde. Quant aux trois dernières terrasses circulaires, qui comportent 72 stûpas ajourés dissimulant des statues du Seigneur, elles offrent une magnifique vue panoramique. Sutardi et moi nous amusons des visiteurs qui prennent des poses à n’en plus finir, avant de conclure la visite par le musée. J’examine particulièrement les conclusions sur le savoir-faire maritime du royaume, qui lui permit de naviguer jusqu’à Madagascar douze siècles plus tôt. A quelques kilomètres, nous voyons aussi un petit temple pyramidale de la même époque, encore couvert d’admirables bas-reliefs et abritant trois grandes statues. Mais je me demande si le gigantesque banian, l’arbre sacré planté dans l’enceinte, n’est pas plus impressionnant. De retour en ville, nous rencontrons dans un bar Stuart, le jeune américain enfin arrivé. C’est un gentil garçon, très simple, mais comme je n’ai pas eu accès à internet depuis longtemps, je profite surtout de la connexion pour expédier les affaires courantes : réponse de mails et mise à jour du blog. Et puisque la présence de deux hôtes ne lui suffit pas, Sutardi insiste pour nous emmener voir d’autres étrangers. J’ai du mal à cerner ce garçon, qui multiplie les rencontres d’occidentaux sans pour autant approfondir les relations. Derrière sa bonne humeur apparente, je décèle un profond mal-être. Finalement rentrés au village, nous prolongeons la nuit tous trois assis sous la lune. Stuart, envieux de mon grand voyage, me presse de lui conter quelques anecdotes.







 

1 commentaire:

Cara a dit…

Quelle végétation ! La photo de la forêt est carrément superbe.

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