Notre
programme du jour affiche la visite de deux temples réputés hors de Denpasar,
l’un au bord de la mer et l’autre dans la campagne. Mais avant de quitter la
capitale, nous devons passer à l’immigration, pour ce que je pensais être une
petite formalité. Pourtant à l’aise pour m’orienter dans toutes les métropoles du
monde, je ne parviens toujours pas à déchiffrer le plan de circulation insensé de
cette ville. Dès que je localise un point de repère, les sens uniques m’envoient
à l’opposé, et après une demi-douzaine de virages obligatoires dans le trafic,
je perds le Nord, et mon calme. Même dans le secteur administratif, la
ressemblance entre les avenues m’embrouillent à tel point que j’ai besoin de
plus d’une heure pour enfin entrer dans ce satané bureau. Là, je m’entends dire
que l’ordinateur est hors-service, panne confirmée une demi-heure plus tard. Je
me retiens difficilement d’insulter le pauvre agent, qui trouve ça drôle, avant
de recouvrer ma résignation africaine. La matinée est déjà fichue ; on
verra demain. Rouler hors de l’agglomération et de son trafic infernal finit de
me détendre, mais la chaleur accable ma pauvre Olivia, dont le teint pâle se
change en rose bonbon. Heureusement, elle retrouve une couleur plus raisonnable
lors d’une pause dans une guinguette. En début d’après-midi, nous atteignons
enfin le fameux temple de Tanah Lot. Une fois passée la traditionnelle porte
ornée de bas-reliefs et de statues, ainsi que l’inévitable allée d’échoppes à souvenirs,
nous réalisons que ce n’est pas le monument en lui-même qui fait la renommée du
site, mais sa superbe situation. En effet, le lieu de culte est relativement modeste,
et comme les autres, on ne peut pas y entrer ; mais il occupe le sommet
d’un gros rocher isolé dans l’océan, battu par les vagues. Sa silhouette sombre
contraste magnifiquement avec les bleues du ciel et de la mer. Comme la marée est
basse, on peut accéder à sa base, où trois vieux prêtres bénissent les
visiteurs, dont ma camarade conquise, à tour de bras. Après une brève promenade
sur le sable noir pour jouir du panorama, nous enfourchons à nouveau notre
monture. L’agréable chevauchée à travers champs, durant laquelle je dois
demander mon chemin à maintes reprises, nous conduit jusqu’à Mengwi. Aujourd’hui
un gros bourg, elle fut jadis la capitale d’un puissant royaume : cela
explique l’importance du temple Taman Ajun, bâti au 17e siècle. pour
les mêmes raisons symboliques qu’Angkor wat, celui-ci est d’abord entouré d’un
canal aux rives luxuriantes, puis d’une enceinte de brique. Néanmoins, celle-ci
est suffisamment basse pour permettre, en la contournant, d’admirer
l’architecture classique balinaise dans toute sa splendeur, baignée par la
douce lumière de la fin du jour. Outre plusieurs autels richement décorés, pointent
une dizaine de petits sanctuaires surmontés de ces gracieux toits de chaume
superposés. Grâce à l'authenticité et à la sérénité qui
règne ici, l’harmonie est parfaite. Nous savourons longuement cette paix
salutaire dans les jardins alentour avant d’affronter, encore, l’heure de pointe sur les boulevards de
Denpasar.
1 commentaire:
serenite et chaos dans la meme journee. tout ca est magnifique et tres excitant.
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