dimanche 3 mars 2013 - 870e jour

Comme nous nous dirigeons tous les deux vers la même destination, Kathleen et moi avons décidé de voyager ensemble dans un train de nuit. D’ici-là, Zulfa veut nous montrer un parc de loisirs, l’Indonésie en miniature. Comme ses parents se rendent à un mariage, ils ont la gentillesse de nous y déposer en voiture. D’emblée, on constate que les lieux n’ont rien de mini : autour des vastes installations s’étendent plusieurs musées ou parcs d’attraction, et en ce dimanche, de nombreux jakartanais viennent s’y détendre en famille. Etant donné les carences des sites culturelles que j’ai vues jusqu’alors, je suis vivement impressionné par celui-ci, admirablement bien conçu. Autour d’un grand étang constellé d’îlots qui figurent le gigantesque archipel, on a aménagé des dizaines d’habitations ou palais traditionnels tous plus originaux les uns que les autres. A l’intérieur, on présente de magnifiques costumes d’époques, des articles artisanaux ou religieux, le tout illustré de cartes et de photos. Au fil des dizaines d’édifices, ceux de Sumatra, de Java et de Bali, ou ceux de Bornéo ou de Papouasie, qui manquerons à mon palmarès, je prends conscience de l’immensité du pays et de sa grande diversité ethnique et culturelle. J’étais sceptique, mais l’ensemble est réellement captivant. Soudain, un violent orage vient interrompre la balade : pendant que nous déjeunons à l’abri, Zulfa nous apporte moult précisions très pertinentes. Puis elle rougit lorsque je lui offre un bracelet acheté discrètement quelques minutes plus tôt. Cette jeune femme est vraiment bourrée de qualité : gracieuse, généreuse, toujours joyeuse, elle se révèle aussi très perspicace. J’ai beaucoup de chance de pouvoir l’ajouter à la longue liste de mes amis du monde. Lorsque la pluie s’atténue, elle pousse l’amabilité jusqu’à nous accompagner en taxi jusqu’à la gare, en plein centre-ville ; et comme souvent, c’est elle qui paye la course. Une fois nos billets en poche, nous allons gaiement patienter deux bonnes heures dans un restaurant, et finalement notre ravissante hôte embrasse ses invités sur le quai. Kathleen et moi prenons place côte à côte dans un wagon de seconde classe, au confort rudimentaire. Malgré sa timidité, elle aussi est une fille attachante : naturelle et souriante, son parcours force le respect. Nous évoquons un moment nos futures destinations, puis chacun retourne à ses occupations : elle à son bouquin et moi à mes écrits. Plus tard, je me déplace dans une banquette inoccupée pour dormir. Aussi mal installé, avec cette chaleur étouffante, la nuit va être longue.
 




 

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