dimanche 10 février 2013 - 849e jour


Vu l’heure à laquelle je me lève, la matinée est courte. Je la passe à l’hôtel à rectifier mes photos, puis à midi, je pars en quête d’une chambre moins chère. La veille, j’avais repérer un établissement modeste dans Little India, mais comme je me trompe d’une rue, il me faut plus d’une heure pour le retrouver, sous la pluie et mes 15 kg sur le dos. Le tarif de 9 euros est inespéré mais à ce prix-là, il ne faut pas s’attendre au tapis rouge. Dans un immeuble vétuste, je prends mes quartiers dans un dortoir étriqué où s’entassent trois lits superposés. En suivant, tant pis pour la pluie, Je sors me promener. Mais celle-ci redouble d’intensité, si bien que je suis trempé en cinq minutes. Par chance, les musées sont gratuits le dimanche : je me réfugie donc dans le musée d’art moderne. Le remarquable bâtiment classique, une ancienne école catholique du 19e siècle, a été rénové avec grand soin. Les oeuvres sont isolées chacune dans une vaste salle, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont très contemporaines. Perplexe, j’examine entre autre un texte dont les lettres s’envolent pour devenir des oiseaux colorés, une sculpture de marteaux et de clous, ou la statue grandeur nature d’un cheval en bande vidéo. En face, j’entre ensuite dans le musée national, qui occupe une bâtisse grandiose de la même époque que le précédent. Mais à l’arrière, on a relié les arcades et les colonnes d’un blanc immaculé à une construction de verre et de métal. Il fallait oser, mais c’est une incontestable réussite. Les premières collections sont déjà originales, mais dans la partie consacrée à la construction du pays, on ne m’avait jamais raconté une histoire de cette façon. Tablette en main et casque sur les oreilles, le conteur accompagne les visiteurs d’une salle à l’autre, ici une projection vidéo dans un énorme cylindre, là le bureau du gouverneur britannique, ou encore le salon d’une société secrète chinoise. C’est ludique, novateur et captivant. En sortant, alors qu’il ne tombe plus qu’un crachin, je me remets de mes émotions dans le superbe parc voisin, perché sur une colline qui fut le siège des palais des rois malais dès le 14e siècle, ainsi que celui de l’ancien fort anglais 300 ans plus tard. J’ai souvent entendu des métropoles se proclamer « ville-jardin », mais dans ce domaine aussi, Singapour met la barre très haut. Il a des arbres immenses partout, des plantes et des fleurs dans chaque rue, des promenades verdoyantes jusqu’entre les tours, et même certains immeubles arborent des murs végétaux ou des terrasses luxuriantes. Mais le jour décline et je commence franchement à fatiguer. Ce soir je mange turque, puis dans mon hôtel rudimentaire, j’apprends que le patron est nigérian ; ça explique la présence de nombreux africains, rares par ailleurs. Ceux-là ne sont pas venus en touristes, mais en quête d’une vie meilleure. Anglophone ou francophone, j’écoute avec nostalgie leurs accents qui chantent et leurs rires retentissants.










1 commentaire:

Cara a dit…

Pas mal, les escalators en plein air ;)

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