lundi 18 février 2013 - 857e jour



Dès 7h, on frappe à ma porte. Je m’apprête à enguirlander le malotru, mais on m’apporte en fait le thé et des biscuits ; délicate attention. Toujours dans la difficulté, je dégote ensuite un minibus déglingué, qui s’engage sur une route secondaire lamentable, qui plus est encombrée de gros camions. Au gré des ornières qu’il faut contourner au pas, nous avançons très lentement. Pendant ce temps, le paysage se vallonne et la végétation s’épaissit. Vers 10h, je descends devant la pauvre pancarte qui annonce le parc de Bukit Tigapuluh, à 12km. Il n’y a là que deux ou trois cabanes : je prends un café dans l’une d’elle en évaluant la situation. Marcher trois heures sac au dos me tente moyennement, mais je parviens à convaincre un jeune type de m’emmener en moto. La piste est grasse, pentue, et ravinée par la pluie : c’est un désastre, et avec mon sac qui me tire en arrière, je dois solidement m’accrocher .Mais voilà enfin la jungle que j’espérais, qui s’étale sur plusieurs versants successifs : sublime. Vu la piste, j’étais septique, mais il y a bien un gite au bout, tenu par une famille adorable, un jeune couple et leur charmante petite fille. Dans la salle à manger, j’étudie la maigre documentation. Ce parc gigantesque de 150 000 hectares est un trésor de biodiversité : ses montagnes abritent une flore pléthorique ainsi que 200 espèces d’oiseaux et 60 mammifères. Néanmoins les plus emblématiques, tigre et orang-outan en tête, sont gravement menacés d’extinction ; les apercevoir relève du miracle. Il subsiste également trois petites tribus primitives tentant de perpétuer leur mode de vie. Tout cela est très prometteur. Pour le déjeuner, Eli me demande si j’aime le poisson : comme je réponds par l’affirmative, toute la petite famille descend jusqu’à l’étang pour pécher. Ces trois-là ont la belle vie. En suivant le repas, Bassouki me fait comprendre qu’il est interdit de partir seul. Je prends mon mal en patience en  prenant un bon cours d’indonésien avec la jeune femme, puis son mari m’emmène en promenade. Pendant quelques heures, j’oublie la fatigue : nous allons d’abord au pied d’une cascade, puis nous nous enfonçons dans une jungle très dense, plantée d’arbres immenses. J'y découvre des plantes, des fleurs et des insectes plus étonnants les uns que les autres ; l’endroit est merveilleux. De retour au camp, une dizaine de biologistes viennent troubler la quiétude des lieux. Comme tous les indonésiens que j’ai rencontrés jusqu’ici, ils sont très amicaux. Un professeur d’université notamment me révèle les détails de son étude des gibbons. Je fais quelques jaloux en partageant mes humbles observations sur les nombreuses jungles que j’ai arpentées, et dans la soirée, nous dinons tous ensemble dans une joyeuse ambiance. Je m’endors comblé par cette journée pleine : une route tortueuse, une nature exubérante et de belles rencontres.









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