vendredi 15 février 2013 - 854e jour



Ce matin, je me fais réveiller dès 6h car une longue route m’attend : direction la gigantesque île de Sumatra. Comme je n’ai pas l’intention de galérer comme la veille, je retourne au port en taxi. Sur place, j’ai bien du mal à me faire comprendre : j’essaie de ne pas me faire arnaquer par les vendeurs de billet, et surtout de m’assurer de la destination. La vedette rapide entreprend la traversée du Détroit de Malacca, vers l’Ouest, puis bifurque au Nord entre la côte et des îlots enveloppés de mangrove. Après 5h de mer, le navire accoste à un embarcadère en bois : je pensais pourtant naviguer plus loin dans les terres via le fleuve, mais non, c’est le terminus, tout le monde descend. Autour, il n’y a rien d’autre qu’une épaisse végétation, et des petits monospaces japonais qui attendent les passagers : je suis sceptique quant au tarif, mais je n’ai pas le choix. A l’arrière, les deux places sont déjà étriquées, mais on s’y tasse à trois. Je ne sais pas pour les indonésiens, mais moi, j’appelle ça un taxi-brousse. D’ailleurs, je n’ai pas voyagé comme ça depuis Madagascar. Petit à petit, la mangrove laisse place à des étendues de buissons luxuriants et à des plantations de palmiers à huile. J’ai beau scruter le paysage, je ne vois rien qui ressemble à la fameuse jungle de Sumatra. Nous traversons deux ou trois villages où quelques bâtiments de béton moisi s’élèvent au milieu de pauvres bicoques en bois et au toit de tôle rongée par la rouille, tandis que les habitants sont vêtus très modestement. Je passe plus tard sur la banquette du milieu, mais vu le gabarit de ma voisine, je n’y gagne pas vraiment au change. Accablé par la chaleur et surtout par l’humidité, malgré les secousses incessantes, je m’assoupis. A mon réveil, nous roulons dans le trafic anarchique de Pekanburu, notre destination. Les gens conduisent n’importe comment, et le chauffeur, qui se faufile à toute vitesse entre les motos et les camions, n’est pas en reste. Un bon point : il dépose les clients à un à un, juste devant chez eux, et fait finalement de même avec moi et m’arrêtant à l’adresse que je lui ai indiqué. Il est déjà 16h passé. Je m’installe donc dans une pension de famille, modeste mais très chaleureuse ; en plus, ils parlent anglais. Pour 8 euros, ma chambre est spartiate, mais je passe une très bonne soirée, sur la terrasse, à bavarder avec le patron d’abord, avec une de ses filles ensuite. Bigleuse mais très gentille, elle est surtout une précieuse source de renseignements : sur son pays d’abord, mais aussi à propos de ma prochaine étape, un parc national sur lequel j’avais très peu d’informations.



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