Après avoir fait courir des pixels une bonne partie de la
nuit, je m’offre une grasse matinée pour ne sortir que vers 11h. Après avoir déjeuné
au bord de ce boulevard infernal, j’arrête un ojek, une mototaxi, pour retourner
à la banque. Et comme à Kuala Lumpur, j’en ressors bredouille puisque je n’ai
pas le code ; j’espère régler ça demain, je ne suis plus à ça près. Je
monte alors dans l’un de ces drôles de minibus, et à la sortie de la ville, je
négocie avec un autre ojek qu’il m’emmène vers un complexe de temples hindous
du Xe siècle, à 25 km. Hors de la ville, la plupart des habitations me
rappellent les maisons traditionnelles d’Indochine, en bois, perchées sur
pilotis et couvertes de tuiles, mais les conditions déjà modestes deviennent
pénibles du fait des inondations. Le plancher des maisons les moins hautes est
submergé et les habitants des autres, plus chanceux, ont bricolé des
passerelles de planches pour rentrer chez eux. Par endroit, les eaux recouvrent
la campagne sur des kilomètres ; les cultures sont fichues. Plus loin,
inévitablement, la route est coupée, il faut faire demi-tour ; décidément,
tout est contre moi. Quand je ne suis pas sur la route, j’ai l’heureuse habitude
de faire ou de voir quelque chose d’exceptionnel quasiment chaque jour. Mais
depuis mon arrivée en Indonésie voilà une semaine, je ne suis resté dans une magnifique
réserve naturelle qu’une seule journée ; les autres, je les ai passées
dans des villes sans grand intérêt. Je savais que mes préparatifs sur ce grand
pays étaient légers, ce à quoi s’ajoutent plusieurs problèmes, à Sumatra au
moins : très peu de gens parlent anglais, les infrastructures sont déplorables,
et l’accueil des touristes est inexistant. Moi qui me plaignais presque que mon
voyage en Asie manquait de difficulté, me voilà servi. Néanmoins, je n’ai plus
la force de me battre contre les éléments, et j’accepte la situation :
traverser cette grande île sans rien en voir, ou si peu. Je me satisfais de
faire connaissance avec son peuple amical et haut en couleur. D’ailleurs, le
jeune Imam veut sa revanche : nous ne nous comprenons pas, mais le foot
est un langage universel : au fil des parties, le lien se crée.
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