mercredi 30 janvier 2013 - 838e jour


Troisième jour à Kuala Lumpur ; au programme, je me décale de 2 ou 3 km à l’Est du centre-ville compact, autour du Triangle d’Or, le quartier d’affaire ultra-moderne. A pied bien sûr, je fais d’abord un détour au Sud via une grosse artère, déjà encadrée des grandes façades d’immeubles ordinaires ; au-delà, des chantiers d’envergure laissent présager des constructions bien supérieures. Au détour d’un carrefour, un premier énorme édifice apparait. Un large ensemble de magasins est cerné par deux gigantesques buildings rectangulaires, genre néo-classique en fausses pierres brunes. A dix mètres au-dessus du tarmac, le monorail glisse alors entre d’immenses tours de verre au design audacieux. En bas de l’escalator, les gens s’affairent ; des hommes en costume et des femmes tirées à quatre épingles, dont les malaises, souvent en robe longue et colorée, coiffées d’un voile blanc ou noir. Je zigzague au milieu du trafic, plus dense par ici, ou je trottine devant des boutiques impeccables, jusqu’à la fameuse Menara KL. C’est une simple tour de communication, une espèce de bulle au sommet d’une grosse tige ; sauf que celle-ci mesure la bagatelle de 420m, et que les architectes ont eût la bonne idée d’y prévoir un restaurant et une salle d’observation. Bêtement, je n’ai pas pris assez d’argent, mais en vingt minutes top chrono, je fais l’aller-retour jusqu’à mon armoire grâce à la navette gratuite. De là-haut évidemment, la vue est imprenable : à l’Est, le centre-ville vieux de quelques décennies, d’où je vois dans les jumelles mon minuscule hôtel, jusqu’au salon où je m’attable ; à 10 km au Nord, je zoome sur la statue des grottes de Batu ; et à l’Ouest, un prodigieux bouquet de gratte-ciel tant avant-gardistes que vertigineux, 200 m au bas mot. Et s’élevant au milieu, encore plus haut que ma propre position, les interminables tours Petronas argentées, étincelantes, deux fois 88 étages pour 452 m d’acier et de béton armé. Ce n’est plus du modernisme, c’est de la science-fiction. Je prolonge jusqu’au grand jardin aménagé à leur pied : forcément irréprochable, avec ces grands arbres et ces palmiers, ces bassins, ses fontaines, et ses pelouses à l’anglaise. Entre les deux monstres, j’entre alors dans un extravagant centre commercial, un sanctuaire dédié au dieu Shopping : pas moins d’un million de m2 de boutiques de luxe et de lieux de divertissement. Au 6e étage, dans une énorme cafeteria, je m’étonne de diner un vrai repas local pour la modique somme de trois euros, puis je ressors pour profiter d’un joli jeu de lumière dans les jets d’eau. De nuit, les deux mastodontes, illuminés de mille feux, en deviennent aveuglants. Je change de planète en retournant dans mon dortoir à 4,50 euros, assurément le lit le moins cher de la ville. Il y a du nouveau : monsieur Chong, le vieux coréen, est toujours là, mais un argentin barbu bavarde avec une japonaise vraiment charmante. Je feinte l’indifférence en engageant la conversation avec le jeune homme pour mieux sympathiser avec la demoiselle. Ayumi, qui voyage seule du haut de ses 29 ans, n’a aucun problème avec le fait de partager sa chambre avec trois inconnus de trois continents différents.






1 commentaire:

brice a dit…

d une reserve naturelle aux gratte ciels eblouissants en passant par des sites religieux pour des dieux bien differents, c est le pays de tous les contrastes. vivement que j ai un boulot en asie!

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