jeudi 14 février 2013 - 853e jour



Ce matin, je quitte la fascinante Singapour, mais puisque mon trajet du jour est court, à peine trois quart d’heure de bateau, je prends tout mon temps pour me rendre au port ; je n’embarque vers 11h dans une belle vedette, cap au Sud. A bord, je consulte mon atlas : après une courte introduction à Maurice, mon escapade en Asie a débuté avec l’Inde ; et avant de la conclure au Timor Oriental, j’ai à faire à un autre géant, l’Indonésie. Cette nation occupe le plus grand archipel de la planète, pas moins de 17000 îles de toutes tailles qui s’étalent d’Ouest en Est sur plus de 5000 km. Elles sont habitées depuis la nuit des temps par une mosaïque de peuples distincts, aujourd’hui quelques 245 millions de gens, musulmans pour la plupart. Le chapitre géographie est imposant, mais la partie histoire l’est tout autant. Dans les dernières pages, j’apprends que, comme l’Inde, c’est un pays émergent : libéré il y a 15 ans seulement d’un dictateur sanguinaire, il découvre la démocratie, encore minée par la corruption. Dues à ses ressources naturelles, pétrole, gaz, minerai et un sol très fertile, ses richesses, désormais mieux réparties, permettent l’éclosion rapide d’une classe moyenne de 50 millions de personnes environ, les autres devant toujours composer avec une situation précaire. Quoi qu’il en soit, sa nature exceptionnelle, son héritage culturel unique et sa société en pleine mutation me promettent de passer deux mois passionnants et intenses. Après juste 20 km de mer, je débarque sur la petite île de Batam, où je ne suis qu’en transit, repartant dès demain. Immédiatement, je constate un changement radical. D’abord, le terminal est dans un piètre état. Et puis dehors, en tant qu’étranger, je redeviens une cible : les chauffeurs de taxi se jettent sur moi, en m’annonçant des tarifs fantaisistes, prêts à me raconter n’importe quoi pour obtenir la course. Il va vite me falloir retrouver mes habitudes de négociateur intraitable. Je les envoie paître en riant et vais m’assoir à l’écart, dans une cahute toute branlante. Bizarrement, il n’y a aucun hébergement par ici, ce qui m’oblige à monter dans un bus bon pour la casse. Les passagers, qui s’étonnent de ma présence, sont très chaleureux, mais rares sont ceux qui parlent anglais. Je vais devoir rajouter l’indonésien à mes leçons. Avec les nombreux arrêts, nous arrivons en ville une heure plus tard. Je descends devant un grand hôtel, neuf et branché, mais les tarifs sont dissuasifs. Puisqu’il tombe des cordes, j’y prends néanmoins mon déjeuner, puis je finis par sortir sous la pluie, mon sac et moi bien ficelés dans nos K-way respectifs. Mais décidemment, je ne comprends rien à cette île : de rares bâtiments disséminés au milieu de terrains vagues longent une route sans trottoir. Plus loin, je marche sur les bas-côtés boueux entre une ligne d’immeubles défraîchis, et derrière, rien d’autres que des friches. Aucun hôtel à l’horizon : un gardien sèche son travail pour m’emmener en moto. A nouveau, l’établissement est trop cher mais le réceptionniste, à la cravate bien nouée, m’indique une adresse abordable. Je continue à pied, mais je ne trouve toujours rien. J’abandonne : j’arrête un taxi pour n’arriver dans chambre très correcte qu’à 16h. Il y avait bien longtemps que je ne l’avais pas regardé la télé : je ne bouge plus jusqu’au soir en zappant. Heureusement, je conclue la journée en beauté en m’offrant un délicieux diner indien.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire