mardi 19 février 2013 - 858e jour



Du balcon du gîte, je contemple le soleil se lever sur la jungle en écoutant le concert des animaux, après quoi je trépigne deux bonnes heures en attendant que tout ce petit monde se prépare. Avec le ranger arrivé hier soir, nous mettons au point mon programme du jour, qui s’annonce particulièrement excitant : randonnée dans la jungle et rencontre avec une tribu indigène, avant de retourner sur la route pour attraper un bus en milieu d’après-midi. Alors que lui part à pied avec les biologistes, j’hésite un instant à me joindre à eux mais j’y renonce : première erreur. Le jeune qui est sensé me servir de guide m’invite à monter sur sa moto, tandis qu’Eli et sa petite fille nous suivent de près. Alors que nous reprenons la piste qui conduit à la route, je m’étonne que nous sortions du parc, mais le garçon ne parlant pas un mot d’anglais, toute tentative d’explication serait vaine. Au bord de la dite-route, nous nous arrêtons dans la maison d’Eli, ravie de me présenter à sa mère et à sa soeur. La discussion est sympathique, mais je m’impatiente : ces dames sont toute étonnée quand je précise que j’aimerais rencontrer cette fameuse tribu. Après des délibérations confuses, elle m’annonce que je devrais me rendre dans un bureau soi-disant à proximité, pour y voir plus clair. Je sens l’entourloupe, mais comme je suis trop têtu  pour abandonner et prendre immédiatement mon bus vers le Nord, j’acquiesce ; deuxième erreur. Je remonte donc en moto vers le Nord pendant 15 mn, puis 30, puis 1h ; trop tard pour faire demi-tour. 2h plus tard j’entre dans une petite administration : on m’explique que je suis entré illégalement dans le parc, qu’il fallait d’abord s’inscrire au siège, à Rengat. Toujours en moto, un agent m’y emmène ; cette fois c’est sûr, ma journée est fichue. Il est déjà presque 13h quand j’arrive sur place. Les officiers qui me reçoivent sont désolés pour moi, mais ça me fait une belle jambe : j’ai quitté un endroit magnifique pour revenir dans la ville quittée la veille, à l’opposé de ma prochaine destination, tout ça pour une bête photocopie ; un scandale. Compréhensif, un autre agent m’accompagne à un carrefour où je grimpe dans un car sans même avoir le temps de manger : pas moins de 6h de route sont prévues. Bien plus tard, balloté dans tous les sens, je regarde passer avec un œil noir la maudite pancarte du parc, dans lequel je n’aurai finalement marché que trois petites heures. Pendant ce temps-là, l’asphalte est toujours aussi mauvaise, et les camions toujours aussi nombreux. Soudain, le bus Mercedes, surement un bon véhicule il y a 20 ans, cale en tentant de franchir un énième nid-de-poule : pas moins de deux heures supplémentaires sont nécessaires pour réparer les batteries. Comme à mes plus belles heures africaines, j’observe, désabusé, le manège des camions qui tanguent dangereusement en franchissant le cratère, et les villageois qui le rebouchent inlassablement à la main, en prenant un billet à chaque passage. Plus loin encore, il fait nuit depuis longtemps lorsque l’on s’arrête pour diner. Et au moment de repartir, le moteur ne redémarre pas. L’attente est interminable, je m’endors. Ce n’est finalement que vers 2 ou 3h du matin que j’atteins les rues désertes de Jambi. Le chauffeur de la moto me fait signe qu’il connait l’hôtel que je lui indique, pour me déposer ailleurs, comme d’habitude.



1 commentaire:

Cara a dit…

Pffff, pas de chance !

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