Du balcon du gîte, je contemple le soleil se lever sur la
jungle en écoutant le concert des animaux, après quoi je trépigne deux bonnes
heures en attendant que tout ce petit monde se prépare. Avec le ranger arrivé
hier soir, nous mettons au point mon programme du jour, qui s’annonce
particulièrement excitant : randonnée dans la jungle et rencontre avec une
tribu indigène, avant de retourner sur la route pour attraper un bus en milieu
d’après-midi. Alors que lui part à pied avec les biologistes, j’hésite un
instant à me joindre à eux mais j’y renonce : première erreur. Le jeune
qui est sensé me servir de guide m’invite à monter sur sa moto, tandis qu’Eli
et sa petite fille nous suivent de près. Alors que nous reprenons la piste qui
conduit à la route, je m’étonne que nous sortions du parc, mais le garçon ne
parlant pas un mot d’anglais, toute tentative d’explication serait vaine. Au
bord de la dite-route, nous nous arrêtons dans la maison d’Eli, ravie de me
présenter à sa mère et à sa soeur. La discussion est sympathique, mais je m’impatiente :
ces dames sont toute étonnée quand je précise que j’aimerais rencontrer cette
fameuse tribu. Après des délibérations confuses, elle m’annonce que je devrais
me rendre dans un bureau soi-disant à proximité, pour y voir plus clair. Je
sens l’entourloupe, mais comme je suis trop têtu pour abandonner et prendre immédiatement mon
bus vers le Nord, j’acquiesce ; deuxième erreur. Je remonte donc en moto vers
le Nord pendant 15 mn, puis 30, puis 1h ; trop tard pour faire demi-tour.
2h plus tard j’entre dans une petite administration : on m’explique que je
suis entré illégalement dans le parc, qu’il fallait d’abord s’inscrire au
siège, à Rengat. Toujours en moto, un agent m’y emmène ; cette fois c’est
sûr, ma journée est fichue. Il est déjà presque 13h quand j’arrive sur place.
Les officiers qui me reçoivent sont désolés pour moi, mais ça me fait une belle
jambe : j’ai quitté un endroit magnifique pour revenir dans la ville
quittée la veille, à l’opposé de ma prochaine destination, tout ça pour une bête
photocopie ; un scandale. Compréhensif, un autre agent m’accompagne à un
carrefour où je grimpe dans un car sans même avoir le temps de manger :
pas moins de 6h de route sont prévues. Bien plus tard, balloté dans tous les
sens, je regarde passer avec un œil noir la maudite pancarte du parc, dans
lequel je n’aurai finalement marché que trois petites heures. Pendant ce
temps-là, l’asphalte est toujours aussi mauvaise, et les camions toujours aussi
nombreux. Soudain, le bus Mercedes, surement un bon véhicule il y a 20 ans,
cale en tentant de franchir un énième nid-de-poule : pas moins de deux
heures supplémentaires sont nécessaires pour réparer les batteries. Comme à mes
plus belles heures africaines, j’observe, désabusé, le manège des camions qui
tanguent dangereusement en franchissant le cratère, et les villageois qui le rebouchent
inlassablement à la main, en prenant un billet à chaque passage. Plus loin
encore, il fait nuit depuis longtemps lorsque l’on s’arrête pour diner. Et au
moment de repartir, le moteur ne redémarre pas. L’attente est interminable, je
m’endors. Ce n’est finalement que vers 2 ou 3h du matin que j’atteins les rues
désertes de Jambi. Le chauffeur de la moto me fait signe qu’il connait l’hôtel que
je lui indique, pour me déposer ailleurs, comme d’habitude.
1 commentaire:
Pffff, pas de chance !
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