samedi 16 février 2013 - 855e jour


Soucieux de me préserver, je passe tranquillement la matinée sur internet : je lis la presse, je réponds à cette fille qui accepte de m’héberger à Jakarta, je cherche des cartes ; la routine. Peu après midi, je me décide à sortir, mais ma toute nouvelle carte visa n’est pas à sa place. Je revois la scène : hier, 6h du matin, je me concentre sur le taux de change ; je range la liasse de rupiah au chaud… et j’oublie la carte. Pour le principe, je retourne mes affaires, en vain. Je m’en rends compte depuis un petit moment déjà, après cinq mois à courir non-stop, je m’essouffle et ma vigilance baisse. En voici une nouvelle preuve, et d’ailleurs, je reste étonnement calme, presque résigné. Je recompte d’abord ce qui me reste en banque : assez pour quelques jours. J’écris ensuite à mon indispensable secrétaire, ma chère maman, pour lui donner de nouvelles instructions. Je sors ensuite en quête d’une banque pour changer mes derniers euros et dollars, mais en ce samedi, elles sont toutes fermées. Je me rabats alors un hôtel 4 étoiles ; la réceptionniste, très compréhensive, m’appelle un taxi en m’envoie dans son bureau de change attitré, à l’autre bout de la ville. L’incident est clos pour le moment, Je débute enfin mon exploration. Pekanbaru, 800 000 habitants à la louche, est une ville légèrement anarchique. Le long de l’avenue principale, presque une autoroute avec ses autoponts et son trafic dense, on observe quelques gros centres commerciaux banals, des grands bâtiments officiels qu’on a voulu modernes et originaux, et une succession de façades en béton de trois ou quatre étages, dans un état inégal. Les véhicules sont un patchwork de vieux tacots et de 4x4 rutilants, mais je m’amuse surtout de ses tout petits minibus, des antiquités exagérément customisées qui crachent des basses surpuissantes. Je m’éloigne vite de cet endroit bruyant et pollué en me dirigeant vers la plus grande mosquée de la ville, coiffée de coupoles en mosaïque et encadrée de hauts minarets. Devant l’édifice, trois adolescentes voilées mais pas farouches, se chamaillent pour se faire prendre en photo avec l’étranger. Je goûte alors la cuisine de rue locale, préparé sur des stands à roulette. Un homme rieur me sert des brochettes de poulet et du riz en sauce, et sa jeune voisine, une espèce de boisson sucrée, peut-être du lait au caramel, avec de drôles de haricots gélatineux ; une fois de plus, je n’ai aucune idée de ce que j’avale. Dans un quartier résidentiel, je constate que les plus humbles maisons en bois cohabitent avec de grandes villas luxueuses, ornées de colonnes et de frontons triangulaires sculptés. Je m’arrête ensuite chez le barbier pour ma tonte bimensuelle, puis avant de finir mon grand tour, afin d’éviter les surprises, je me réfugie dans un fast-food. Débarque alors une bande de gamins, une équipe de foot au grand complet : après un round d’observation suivi d’un concours de grimaces, ils s’agglutinent tous autour de moi, eux aussi trop heureux d’exercer leur anglais.



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