vendredi 8 février 2013 - 847e jour



Mon rythme de sommeil, ces temps-ci, c’est n’importe quoi. Weizhong me laissant faire la grasse matinée, je ne me réveille qu’un peu avant midi. Sa maman a eu la courtoisie de m’acheter à déjeuner, une délicieuse soupe de nouille et des meatballs, de la pâte de riz et de viande roulée en boule. Comme mon hôte est occupé cet après-midi, je pars seul vers le centre-ville. Dans les transports, j’examine les gens, très disciplinés, élégants aussi, qui arborent dans un style formaté des tenues et des coiffures élaborées. La mixité est frappante, mais ils ont tous un point commun : avoir les yeux rivés sur leur smartphone dernier cri. Je débarque alors sur Orchard road, sorte de Champs Elysées du nouveau millénaire. L’avenue, qui n’en finit pas, n’est qu’un gigantesque centre-commercial de luxe ; toute les plus grandes enseignes sont présentes. La chaussée est très large, bordée de parterres de fleurs et de grands arbres ; viennent ensuite des trottoirs soignés, des aménagements design, puis de vastes arcades, et enfin les boutiques fastueuses ou les restaurants gastronomiques des quatre coins du monde, le tout logé dans des buildings d’avant-garde. Et ça continue ainsi aussi bien dans les étages que dans les sous-sols. Ici, le capitalisme est roi, ses sujets ont les moyens et ils en profitent. Moi, le shopping, ça n’est pas mon truc, et d’ailleurs je ne suis pas dans mon assiette : je me cale dans un fast-food où j’écris péniblement pendant un long moment. Plus tard, comme le déluge s’atténue au dehors, je reprends la marche. Je reste bouche bée devant quelque construction insensée en me faufilant dans la masse, puis à un carrefour, je débouche dans un quartier nettement moins chic. Un grand boulevard, presque une autoroute, subit des travaux pharaoniques, et derrière s’élèvent des bâtiments résidentiels massifs, assez vilains, typiques des seventies. A leur pied s’étale Little India, un bloc de quelques rues bâti là-encore de petites maisons mitoyennes d’un étage, de style victorien et très colorées. Ce quartier, un peu plus animé et un peu moins net, a les couleurs de l’Inde, les visages, et vaguement les odeurs, mais sans la foule monstre, la misère, le bruit et la crasse ; on en est quand même très loin. De retour à la maison, mon ami n’est pas là mais ses charmants parents me prennent en charge. Eux sont nés ici, mais leurs parents respectifs furent la première génération à immigrer du Sud de la Chine. Monsieur, employé par Singapour Airlines, n’en revient pas qu’on puisse venir de si loin par la terre. Madame, qui est architecte, me sert des gâteaux secs en s’inquiétant des miettes que je pourrais laisser tomber. Vers 21h, Weizhong revient pour interrompre la discussion et m’emmène aussitôt en virée, dans la voiture familiale cette fois-ci. Et il me conduit dans le quartier indien que je viens juste d’arpenter. Paradoxalement, nous dinons chinois et mon camarade se détend au fil de la soirée. Il m’avoue n’avoir eu qu’une seule petite amie, sans avoir pu conclure. Logiquement, étant donné son âge, ses questions sont franchement orientées. Je le contente en évoquant les femmes d’Afrique, mais je compatis quant à sa frustration ; je ne sais que trop bien que les filles d’Asie ne se laissent pas si facilement séduire.











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