Calmé par mon épuisante journée d’hier, je passe acheter
mon petit-déjeuner à la superette puis je m’installe pour la matinée au salon
de l’hôtel pour rédiger mes chroniques, tout en observant le manège de la rue. J’ai
aussi deux personnes susceptibles de m’accueillir à Singapour, dans quelques
jours ; je garde le contact. Peu après midi, je déjeune dans une ruelle
obscure un bon plat de nouilles, puis j’entame la visite du quartier colonial.
Autour d’une vaste pelouse prolongée par une esplanade et sa fontaine
victorienne, les britanniques ont bâti autour de 1900 plusieurs bâtiments magnifiques.
Outre plusieurs grandes maisons bourgeoises de style mauresque ou Régence, on
peut admirer quelques bâtiments officiels qui ressemblent plus à des palais,
d’inspiration islamique ou moghole, avec leurs tours ciselées ou leurs coupoles
de cuivre, ainsi qu’une église qui parait minuscule à côté des buildings de 40
étages qui l’encerclent. Soucieux de me ménager, j’emprunte ensuite un métro forcément
moderne ; dans les couloirs, les gens sont très disciplinés, comme d’habitude.
Une passerelle aérienne et un passage souterrain plus loin, j’arrive devant la
mosquée nationale, une élégante construction moderne aux motifs géométriques.
Un homme aimable me fait la visite, qui se termine inévitablement par un débat
sur l’Islam ; il est habile en insistant sur les aspects scientifiques,
mais je connais la chanson. A proximité, j’admire longuement les superbes
collections du musée des arts islamiques, bijoux, étoffes, faïences, boiseries
ou armes, en provenance de la péninsule arabique, d’Afrique du Nord, d’Asie
centrale ou encore de Chine. Je retourne ensuite me reposer sur mon perchoir, à
l’hôtel, puis je ressors dans la soirée. Je dine indien avant de me balader
dans les rues très calmes, illuminés par d’innombrables guirlandes. Et puis au
loin, entre deux bâtiments, apparaissent les gigantesques tours Petronas, brillant
de mille feux, le symbole de la prospérité du pays : demain, j’irai les
voir de plus près.
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