mercredi 13 février 2013 - 852e jour



En arrivant, je me suis demandé si une semaine entière ici, ce n’était pas un peu trop : mais non, le gars qui a ficelé le programme a fait du bon boulot ; et puis j’arrive à m’en tirer pour pas si cher que ça. Bien sûr je ne vis pas ici pour supporter la sévérité des autorités, mais en tant que visiteur, force est de constater qu’elles sont extrêmement déterminées et très compétentes. Cette cité est stupéfiante à bien des égards ; l’urbanisme élevé au rang d’art. Pour mon dernier jour, je pars à l’extrême Sud pour gravir le mont Faber. Descendu une station de métro plus tôt, je m’égare dans un quartier résidentiel très chic. Les gens n’ont pas l’habitude de marcher ici, et ceux à qui je demande mon chemin m’embrouillent encore plus. Puis un homme charmant avec sa femme, un indien mariée à une chinoise, comme quoi tout est possible à Singapour, se propose de m’emmener en voiture. Il pousse la gentillesse jusqu’à me dessiner un plan d’une extrême précision et me donner un poncho en plastique. Du haut de la colline, couverte d’une forêt luxuriante, j’aperçois alors ce qui a fait la fortune de l’Etat et qui continue de l’enrichir : son port, le plus important au monde. Dans un inquiétant enchevêtrement de ferrailles, des centaines de grues géantes surveillent des montagnes de conteneurs ; pas moins de 150 000 employés en dépendent. D’ailleurs, l’océan est constellé d’innombrables tankers en transit. On distingue aussi de nombreuses petites îles : certaines sont désertes, d’autres abritent d’immenses usines ou encore des raffineries. Juste en face, la plus grande, Sentosa, est consacrée aux activités balnéaires et aux parcs de loisirs ; outre un pont, on y accède de manière originale, en téléphérique. Evidemment, le point d’embarquement est situé dans un bâtiment design, avec boutiques et restaurant panoramique. Par un escalier qui coupe un petit bout de jungle, je redescends jusque sous terre pour prendre le métro. Je ressors à l’air libre et sous le soleil pour une fois, qui tape d’ailleurs bien fort, du côté des quais. Puis j’entre dans l’ancien bâtiment de l’administration coloniale, devenu le superbe musée des civilisations asiatiques. C’est l’occasion pour moi de réviser mes leçons des cinq derniers mois, et dans le même temps de mesurer le chemin parcouru ; colossal. En sortant je flâne une dernière fois autour de Marina Bay, jusqu’au pied du prodigieux Sands Hotel, un véritable ovni. Je m’égare alors à l’intérieur, glissant sur des escalators suspendus à 30m du sol, dans des galeries commerciales interminables. Il faudrait compter, mais j’ai l’impression qu’il y a sur cette île un magasin pour chaque habitant. De l’autre côté, à l’Est, on a déplacé des millions de m3 de terre pour grignoter l’océan ; du haut d’une plateforme, le panorama est irréel. On a aménagé ici un jardin incroyable, troublante alliance de nature ordonnée et d’arbres métalliques. J’en reviens toujours à la même question : l’époustouflante vision du futur que représente cette ville, néanmoins très concrète, est-elle le signe d’une civilisation avancée ? Je cherche toujours la réponse.











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