Désormais
comme chez moi, je commence par me faire moi-même un café à la cuisine, et pour
la troisième fois, je retourne à la banque ; cette fois c’est la bonne,
j’en ressors millionnaire. Je me promène ensuite dans le centre : tous les
regards sont sur moi, beaucoup me saluent ou m’interpellent. Bien sûr, c’est
parfois un peu pesant, mais ce qui est banal pour moi ne l’est pas pour eux, et
puis ils sont gentils et respectueux, me servant du « mister » à
chaque fois. Je m’efforce donc de rendre la politesse en souriant à chacun, et
en approuvant avec des « ya, ya », même sans rien comprendre. Pour
déjeuner, je m’arrête dans un genre de cantine de rue : à l’ombre d’un
préau, une dizaine de stands proposent les classiques : riz ou nouilles
sautés agrémentés de quelques légumes, et au choix, un oeuf, du poulet ou des
crevettes. Je préfère boire un jus de canne frais plutôt qu’un thé ou un café,
trop sucrés, avant de conclure par un milkshake aux fruits. Le menu complet
revient à 40 000 roupiah, 3 euros environ. A part ça, j’ai bien repéré un
musée, mais sur place je constate qu’il est fermé depuis un bon moment. Il ne me
reste plus qu’à m’assoir dans un coin et observer la rue. Les femmes voilées
sont légèrement minoritaires, tandis que les hommes portant le calot musulman
sont assez rares ; les écoliers portent l’uniforme et parfois, les vieux
sont vêtus à l’ancienne, un tissu bariolé noué autour de la taille ; et il
y a cette petite fille, dix ans peut-être, le regard grave, qui vend les
journaux à un carrefour. C’est assez, je rentre me réfugier dans ma chambre
tout l’après-midi, en solitaire. Le soir, Imam tient à m’inviter au restaurant.
La communication n’est pas évidente, mais nous nous entendons bien ; il me
donne une leçon importante, apprendre à compter. Il m’emmène ensuite en tournée
avec ses copains, tous en moto. Au bord de la rivière, où on a sorti les salons
de jardin et la sono, nous buvons un thé glacé en grignotant du maïs grillé.
Puis nous prenons l’air sur le pont, où plusieurs petits groupes se
rassemblent. Enfin, nous allons sur cette belle avenue, surement la seule de Jambi, bordée d’élégants bâtiments
officiels : la nuit, elle se transforme en circuit où se déroulent des
courses de mobylettes trafiquées en dragster. Mais ne trainons pas trop :
demain, une très longue route m’attend.
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